Souvenirs du passé

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Abraham était en colère. Il entraina son invité surprise dans la grande bibliothèque et en referma violemment la porte. Il resta debout, faisant les cent pas pendant que son invité s'installa confortablement au coin du feu.

"Comment oses-tu te présenter ici ? Je t'avais pourtant prévenu que tu n'étais plus le bienvenu.

-J'ai entendu de drôle de rumeurs et IL m'a envoyé ici vérifier ce que tu étais en train de faire. Tu connais nos règles Abraham, tu sais que tu n'as en aucun cas le droit de les transgresser. Tu sais le prix à payer pour un tel sacrilège.

- Je ne le sais que trop bien... Mais j'ai pris une décision en mon âme et conscience et personne ne m'empêchera de la réaliser.

- Tu te trompes si tu crois cela. IL ne te laissera pas faire... Donner le miroir à une enfant... Quelle idée as-tu eu derrière la tête? Une enfant ?

- Alice est certes une enfant mais elle est bien plus que ça. Les enfants sont innocents et peuvent percevoir l'invisible, tu le sais bien. Ne me fais pas croire que tu as oublié.

- Comment pourrais-je un jour oublier ? Tu crois peut-être que je suis heureux ainsi ? à voyager continuellement sans jamais pouvoir me poser? Croiser des gens que je ne reverrai jamais ? et surtout SAVOIR. Je voulais la connaissance éternelle, comme tout un chacun mais pas ainsi. Mais revenons à Alice. Qui a-t-elle perdu et que lui as-tu dit ?

- Alice a perdu ses parents dans un accident de voiture, dans lequel elle est sortie miraculeusement indemne. J'ai vu ce qu'il en restait et elle ne pouvait pas s'en sortir toute seule.

- Tu penses donc qu'IL est intervenu pour la sauver ? Pourquoi aurait-il fait ça ?

- As-tu déjà entendu parler des" veilleurs de temps" ?, demanda Abraham, en remettant une buche dans la cheminée.

- Ce n'est qu'une légende, rétorqua le vieil homme, sa colère retombée.

- Non, ce n'est pas une légende. Les veilleurs de temps existent depuis le début, depuis le Big Bang qui a créé l'univers. Alice en est une et c'est pour cela que je lui ai donné le miroir. Elle sait au fond d'elle et le miroir l'a choisi.

- En parlant de miroir d'ailleurs, où est le tien? Toujours enfouie dans ta vieille salle secrète, à l'écart de tout ? Tu n'as plus de vie Abraham, le savoir t'a rendu fou... Les veilleurs de temps... quand bien même ce serait vrai, ce ne sont pas nos affaires. On ne doit pas se mêler de ce qu'IL fait ou décide. Nous ne sommes que ses serviteurs et rien d'autre.

- Je ne suis plus d'accord. Je sais pourquoi les règles ont été érigées mais c'était il y a si longtemps... Le monde a changé. Regarde ce qu'il se passe !!!

- Je suis d'accord pour dire que ce qu'il se passe sur Terre est un événement exceptionnel, auquel nous n'avons, ni toi, ni moi, eu l'occasion d'assister, malgré notre longue et périlleuse existence. C'est unique en son genre... Pourquoi tous ces gens sont-ils là ?

- Je vais les aider à traverser, s'ils le souhaitent.

- Non, non Abraham, tu ne peux pas faire ça.

- Lorsque la fin sera arrivée, il n'y aura plus jamais d'espoir pour eux de revoir leurs disparus. Je peux leur redonner cette chance, même s'ils ne traversent pas, ils pourront au moins leur dire adieu. De toute façon, qu'est-ce que ça va changer? Tout sera détruit d'ici peu alors pourquoi ne pas leur offrir cette chance ?

- Tu es devenu fou. Imagine, imagine seulement que finalement tout ne se termine pas comme tu le penses ? Imagine qu'IL décide d'intervenir et de changer les règles du jeu ? Tu auras transgressé notre première règle, la plus importante.

- J'en prends le risque et la responsabilité. Si Alice est bien un veilleur du temps, elle nous aidera à réaliser le rêve de ces pauvres gens qui ont le droit de savoir ce qui est arrivé aux personnes qu'ils aimaient plus que tout... Fin de la conversation. Si tu souhaites rester, j'ai une chambre de disponible. A toi de voir...

- Rien que pour te voir plonger, je vais rester. Abraham, nous étions amis autrefois... Je ne veux pas te perdre, malgré tout.

- Mais je suis déjà perdu...et depuis si longtemps, si longtemps. J'en ai assez de cette vie. Je veux pouvoir passer à autre chose, accéder au repos éternel... mais en ayant accompli une bonne action."


Après le repas, les invités, toujours aussi surpris par l'arrivée impromptue de l'homme, avaient rejoint leur chambre respective. Avec la tempête qui hurlait au dehors, il était agréable de rester au fond de son lit, bien au chaud sous la couette, à lire ou à boire un bon chocolat chaud.

Alice, quant à elle, profita de l'assoupissement de sa tante pour sortir en douce de sa chambre. Elle avait décidé de continuer à visiter le manoir et surtout elle voulait savoir qui était cet homme étrange.

Elle s'avança dans les couloirs, mal éclairés, observant les curieux tableaux représentant des vieux contes et légendes: des ogres, des fées, des sirènes, des lutins...et bien entendu son livre préféré, Alice aux pays des merveilles. Le tableau représentait Alice en train de tomber dans le terrier du lapin blanc, sa montre à gousset dans la main. Elle se pencha et toucha le tableau, qui sembla onduler... Surprise, elle retira sa main et le tableau redevint tout à fait normal.

Elle décida de ne pas en tenir cas et continua sa visite qui l'amena dans l'aile ouest du manoir, où se trouvait la fameuse porte qui l'intriguait tant... Elle avait été gravée d'un magnifique saule pleureur, sous lequel une jeune femme priait. Elle savait, pour avoir déjà essayé, que la porte était fermée à clé.

Aussi, quelle ne fut sa surprise lorsque celle-ci s'ouvrit, laissant entrevoir un grand objet dissimulé sous un voile noir. Curieuse, elle entra dans la pièce tandis que la porte se refermait doucement derrière elle.


Il était dit que cette nuit allait être particulière. Était-ce la fureur de la tempête, la fatigue, ou l'arrivée plus qu'étrange de l'homme aux cicatrices ? Toujours est-il que tous firent l'expérience de souvenirs difficiles remontant à la surface.


Nathan


Ils venaient de se marier et avaient enfin décidé, après des semaines et des semaines de pourparlers de la destination de leur voyage de noce. Aller se dorer sur une plage de sable fin, ce n'était pas pour eux. Lizzie adorait la nature, aussi l'idée d'aller à la rencontre des grands parcs californiens leur plaisait bien.

Ils étaient au parc de Yellowstone et après plusieurs jours de marche cumulés, Nathan ne tenait plus. Aussi, il décida de la laisser partir devant, de se reposer et de la rejoindre au refuge. La dernière image qu'il garda fut le sourire éclatant qu'elle lui lança. Elle était vraiment dans son élément.

Il arriva au refuge deux heures après mais elle n'était pas là. Un peu inquiet, il demanda aux autres randonneurs s'ils l'avaient vu mais personne ne put lui répondre. Lorsque la nuit tomba, le propriétaire du refuge appela les gardes forestiers pour signaler sa disparition.

Les recherches durèrent en tout quatre jours, quatre jours horribles, Nathan perdant tout espoir au fil des heures. Ce qui était le plus étrange, c'est que personne ne se souvenait de l'avoir croisé. La police pensa d'abord qu'elle était sortie des sentiers et avait pu tomber dans un ravin. Le milieu était dangereux si on ne respectait pas les chemins signalés.

Puis, la famille de Lizzie porta plainte contre lui et l'accusa de l'avoir tuée, six mois après leur mariage, pour toucher l'assurance et l'héritage conséquent de Lizzie.

Bien sûr, ils n'avaient aucune preuve de quoique ce soit mais ce fut assez pour que le monde entier se retourne contre lui. Les policiers le harcelèrent d'avouer un meurtre qu'il n'avait pas commis. Lizzie était une jeune femme magnifique, blonde aux yeux d'un bleu perçant, une âme charitable, bénévole dans de nombreuses associations d'aide, dépensant son argent au bénéfice des plus pauvres. Une belle âme...

Tandis que lui avait vécu dans la misère avec un père alcoolique et une mère soumise, obligé de voler pour pouvoir se nourrir... D'ailleurs, c'était aux alcooliques anonymes qu'il l'avait rencontré. Elle préparait et emmenait les repas, offrant une oreille attentive aux malheurs des autres. Un ange parmi les blessés de la vie. Elle lui avait permis de ne plus toucher à l'alcool et d'avoir le courage de finir ses études de journalisme. C'était elle qui lui avait trouvé son emploi, grâce aux relations de son père.

Par la suite, les tensions étaient retombées et les charges contre lui abandonnées. Il décida de reverser intégralement l'héritage de Lizzie aux associations qu'elle aimait tant.

Il s'était remis à boire, avait perdu son emploi et puis les mails étaient arrivés.

La première fois, il jeta son ordinateur portable par terre, comme s'il avait été brûlé. C'était cruel, qui pouvait ainsi jouer avec lui ?

"Bonjour Nathan.

Je sais que tu as recommencé à boire suite à ma disparition et je veux que tu arrêtes de suite. Là où je suis, je suis bien, en paix avec moi même.

Je ne veux pas que tu te détruises ainsi. Tu as encore une belle vie devant toi, ne la gache pas...

Ta Lizzie."


Tous les messages suivant furent pareils et il demanda à ses meilleurs amis informaticiens de l'aider à trouver qui pouvait lui envoyer ses messages mais en vain. C'était incompréhensible, le mail n'était pas traçable, il semblait venir de nulle part.

L'idée qu'une personne puisse jouer ainsi de son malheur était insoutenable et lui permit de sortir de cette torpeur malsaine et d'arrêter enfin de boire.

Étonnamment, les messages cessèrent lorsqu'il reprit les réunions des alcooliques anonymes.

Jusqu'au dernier, il y avait un mois maintenant, daté du jour où la Terre sembla sombrer dans la destruction. A la seconde près.

" Mon cher Nathan,

Ce sera mon dernier message. Sache que je t'ai toujours aimé et que tu resteras à jamais dans mon coeur. A présent, il est temps que tu tournes la page et que tu refasses ta vie. Tu as ma bénédiction.

Sois heureux, si tu ne le fais pas pour toi, fais le en ma mémoire.

Ta Lizzie qui t'aime et qui veillera toujours sur toi, quoiqu'il arrive."


Miranda


Un cri, une voiture et le chaos le plus total, tout cela en l'espace de quelques secondes. Miranda savait qu'elle n'avait pas le droit de se trouver sur ce pont, et encore moins d'enjamber le parapet. Mais à huit ans, on n'écoute pas forcément ce que nous dise les adultes.

Laura, sa sœur jumelle, était la plus peureuse et la plus sage des deux. Elle regardait Miranda marcher sur le parapet, morte d'angoisse à l'idée du moindre faux pas.

- Mira, redescends s'il te plait, tu me fais peur...

- Tu n'es qu'une peureuse !!! une mauviette !!!

- Ce que tu fais est dangereux. Si tu tombes dans la rivière, tu te noieras. La rivière est en crue, tu ne réussiras pas à remonter.

- Pfou, t'es saoulante !! fais pas ci, fais pas ça, c'est trop dangereux, les parents vont gronder...blah blah blah..."

Laura s' était rapprochée du bord et lui tendit la main pour redescendre. Miranda fit alors semblant de perdre l'équilibre et rigola devant l'air atterré de sa sœur. Comment pouvaient-elles être des vrais jumelles et être autant différente l'une de l'autre en caractère ? Le jour et la nuit.

Elle finit par redescendre et se mit à courir de l'autre côté du pont pour atteindre l'autre parapet et recommencer...

Mais le destin en décida autrement. Une voiture déboula à toute vitesse, le conducteur, un jeune du village qu'elles connaissaient, perdit le contrôle.

Miranda entendit le cri de sa sœur, le bruit interminable de la voiture heurtant d'abord le parapet où se trouvait Laura, puis le choc contre les rochers en contrebas du pont.

Le muret était détruit. Elle ne s'aperçut qu'elle hurlait que lorsque les voisins les plus proches la rejoignirent et alertèrent les pompiers.

Elle appelait encore et encore sa sœur mais la violence du choc, la rivière...

Ses parents arrivèrent par la suite, en même temps que les pompiers, en lui demandant pourquoi, pourquoi elle avait entraîné sa sœur sur le pont, pourquoi ?

Le jeune dans la voiture avait été tué sur le coup. Il avait bu et roulait bien trop vite. Le corps de Laura ne fut jamais retrouvé. Pour les pompiers, elle n'avait eu aucune chance de s'en sortir. Le choc avec la voiture avait très bien pu la tuer sur le coup et sinon, la rivière en crue ne pouvait lui avoir laissé aucune chance.

Ses parents lui en voulèrent, la rendant complètement responsable de la mort de sa sœur.

Par la suite, la vie reprit son cours, tant bien que mal.

Lorsqu'elle eut seize ans, les ennuis commencèrent.

Les miroirs étaient devenus sa hantise. Dès qu'elle se levait, elle voyait son reflet et celui de sa sœur disparue. Chaque jour lui rappelait la perte cruelle. Puis le miroir se mit à parler... Et elle sut que la folie la guettait.

La première fois, ce qui lui mit la puce à l'oreille fut la coupe de cheveux. Elle se voyait dans le miroir, mais elle qui avait des cheveux longs bouclés noir, se retrouvait avec une coupe à la garçonne...

" Bonjour Miranda !

Tu n'es pas folle, sois rassurée.

Je veux juste que tu saches que tu n'as rien à te reprocher. C'était un accident, un simple mais terrible accident. Tu n'es pas responsable de ce qui m'est arrivée. Il faut que tu me croies...Vis, amuses toi... Profites..."

Ce scénario se reproduisait tous les jours. Le jour où elle brisa de colère le miroir de la salle de bain, se blessant grièvement aux mains, ses parents prirent la décision de la faire interner. Pour les psychiatres, elle ne pouvait pas accepter la mort de sa sœur jumelle car tous les jours que Dieu fait, elle voyait sa sœur à travers elle.

Par la suite, à sa sortie d'hôpital, elle enleva tous les miroirs, ne regardait plus les vitrines des magasins, les vitres des voitures, bus et immeubles. Elle se réfugia dans un petit village, à l'abri des tentations des grandes villes, seule. Jamais elle ne pourrait pardonner à ses parents ce qu'ils lui avaient fait subir tout comme elle ne pourrait jamais faire le deuil de sa sœur trop tôt disparue.


Sarah


Eric et elle étaient mariés depuis 10 ans. Ils s'étaient connus à la fac et ne s'étaient plus jamais quittés. Elle faisait des ménages à domicile chez les personnes âgées et Eric était professeur d'histoire dans un lycée parisien. Il partait tous les matins en métro, après qu'ils aient pris leur petit déjeuner ensemble.

Ce matin là, tout était normal. La journée s'annonçait belle et chaude pour ce mois de juin. La fin des cours approchait à grand pas et les vacances sur la Côte d'Azur aussi.

Il l'embrassa avant de partir et elle le suivit du regard dans la rue. Il s'engouffra dans la bouche de métro...

Elle se souviendrait toujours de ce dernier sourire, de son dernier signe de la main...

Le lycée appela vers dix heures pour demander combien de temps Eric allait être absent. Surprise, Sarah leur expliqua qu'il était parti pour les rejoindre et qu'il devait faire ses cours. Mais le proviseur ne l'avait jamais arrivé, ainsi que ses élèves. Inquiète au fur et à mesure que la journée avançait, elle appela d'abord tous ses collègues de travail, amis, cafetiers et autres qui auraient pu le voir mais en vain.

Le lendemain, après une nuit à se morfondre seule dans le noir, elle appela la police pour leur signaler sa disparition. Mais il fallait attendre encore...

Des recherches furent entreprises grâce aux cameras de surveillance du métro. On pouvait le voir descendre les escaliers, longer le couloir menant au quai et puis plus rien. Il n'avait jamais parcouru les derniers mètres... Sur les caméras, on pouvait discerner un mouvement de foule, dû à la descente de rame des précédents passagers, et puis plus rien. Il avait tout bonnement disparu...

Jamais elle n'eut de nouvelles. Il y eut beaucoup de théories : enfui avec une maîtresse, une mauvaise rencontre, une fugue... Mais jamais ses comptes bancaires ne bougèrent, pas de retrait même avant sa disparition qui aurait pu donner une piste... Il avait tout bonnement disparu...

Sa vie avait été détruite du jour au lendemain. Comment faire son deuil lorsqu'on n'avait ni corps, ni explication. Elle n'était même pas considérée comme étant veuve.

Puis l'appel à minuit pour lui signaler l'accident mortel d'Arthur et Elena et de venir récupérer Alice à l'hôpital...

Elle rencontra de nombreuses voyantes, aux prédictions plus farfelues les unes que les autres. Mais elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose. Elle était persuadée qu'il était mort, jamais il n'aurait pu la laisser se morfondre ainsi, même s'il avait pu avoir une maîtresse, il n'aurait pas disparu sans rien lui dire.

Un jour, on lui conseilla une jeune voyante qui faisait des merveilles...

Un peu refroidie par ses anciennes tentatives, elle y alla à reculons.

La jeune femme prit ses mains dans les siennes et ferma les yeux.

- Votre mari est toujours en vie mais il y a un obstacle entre vous...Une barrière que ni l'un, ni l'autre ne pouvait franchir.

Il n'a pas choisi de disparaitre, mais il ne peut plus revenir.

Mais ce n'est que temporaire, d'ici peu vous aurez un choix à faire.

La décision la plus importante de votre vie."


Surprise, Sarah préféra partir, payant la voyante, sans un regard pour elle. Ce n'était qu'un charabia de plus. C'était cruel de lui faire croire que son mari était en vie. Elle savait au fond d'elle qu'il était bien mort, quoiqu'en dise cette folle.

Cette tentative avait été la dernière, cela devenait trop difficile moralement mais aussi pécuniairement.

Elle avait accepté de finir sa vie seule avec Alice. Elle devait veiller sur elle. Plus rien d'autre ne comptait à ses yeux.

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