L’inconnu du bord de l’eau 

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Week-end détente. Marche autour du lac. Vent frais. Soleil radieux. Couples d’amoureux. Familles actives. Solitaires, peut-être célibataires.

Et lui, assis sur un banc à reprendre son souffle d’endurant.

Attirance vers cet homme. Sur le banc, je me pose. Advienne que pourra.

  • Bonjour, auriez-vous un mouchoir à tout hasard ?
  • Oui j’ai ça. Tenez.
  • Merci beaucoup.

Le hasard d’une sauveuse de nez. Je n’y crois plus. La vie ne décide pas au hasard.

Je reste assise à capter ces premiers rayons de soleil assez forts pour hâler mon corps. Corps bien couvert encore, juste les joues à brunir.

Il n’a pas l’air décidé à partir. Me regarde. On dirait qu’il va parler mais se tait. Qu’est-ce qu’on peut être con après l’adolescence pour engager des conversations qui peuvent tourner passion. Est-ce la raison qui nous tempère ? Certainement. Et l’époque a changé depuis 30 ans : une parole peu placée peut vite entraîner un procès.

Finalement les yeux parlent. Des messages codés à décoder et décodables.

  • Je vous offre un verre ?
  • Je peux me contenter d’un thé ?
  • Oui tout ce que vous voudrez, et même une crêpe s’il vous plaît.

Le salon de thé est au bout de l’allée. Les échanges se détendent à acter le tutoiement après les présentations rapides qui se limitent à deux prénoms.

Le salon est très petit mais fait que pour des duos en tête à tête, dans une intimité parfaitement distante des voisins. Quoi de mieux pour partir sur des échanges plus engagés. Deux célibataires, en transit dans cette ville fort sympathique. Et quel rôle joue encore le hasard à les avoir mis dans le même hôtel pour trois nuits. Il rit en disant « dommage il ne nous en reste plus que deux ! ». Je rougis mais mes joues ne sont pas les seules à avoir chaud. Il le sent ? Certainement pas, d’autant qu’il sent un peu le fauve après son jogging autour du lac.

Je me chauffe les mains autour de ma tasse de thé pour aussi me donner une contenance. Il pose sa main sur la table sans effleurer la mienne. Déception. Gorgée de thé. Tasse reposée, sa main j’ai effleuré. Ses yeux parlent à dire « encore », mais trop tard la mienne est dans mon sac à main, prête à payer. Oui le joggeur est sorti sans portefeuille. Confus. Promesse d’un restaurant ce soir. J’y gagne au change me dit-il. Hésitation. Le revoir ? Sentir sa main sur la mienne pour savoir. Carte bleue posée sur la table, ma main sur la carte bleue, sa main sur ma main. Une décharge électrique, le courant passe. Payer. Sortir, courir vers l’hôtel. Stop. S’embrasser. Frémir. Rentrer vite.

Envie sans résister. Céder à la tentation.

Il doit se doucher. Je l’attends dans ma chambre. Pourquoi pas dans sa chambre ? bordélique apparemment.

Soit. Attente. Ouvrir la porte. Il est habillé comme un gentleman. Déshabillage. Baisers pas volés. Mains qui s’agitent. Dressage d’organes. Dureté d’un membre.

S’allonger. Se caresser. Crier. S’extasier. Aimer. Recommencer. Se lover. Se positionner. Recommencer. Sortir dîner. S’embrasser. Recommencer. Aimer. S’aimer. Ne plus se quitter.

Rêve ou réalité ? Réalité ou fantasme ? À faire ou à refaire ?

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