Je la regarde...

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 La chaleur est étouffante, oppressante. Survenue la veille, les quelques rayons de soleil n’ont pas eu le temps d’annoncer ce changement radical. L’été a enfin commencé. Et moi je suis là, à attendre, à la regarder. Alice. À chaque fois que je la vois, mon cœur s’affole. Je crains qu’il ne sorte de ma poitrine tellement il bat fort. Je me mets à sourire comme un idiot. Comme elle est belle.

 Elle lit le dernier roman de Guillaume Musso à la terrasse de notre café préféré. Et moi, je suis planté là au passage piéton de la rue d’en face. Elle a relevé ses cheveux en un chignon négligé, dévoilant ainsi sa nuque si délicate. D’habitude, ils tombent parfaitement sur sa poitrine sans qu’elle ait le moindre effort à faire. Seule sa frange se soulève avec la fine brise. Le soleil donne à sa chevelure des reflets couleur caramel que j’aime tant. Tout autant que j’aime les taches de rousseur qui constellent son nez et ses pommettes. Comme elle est belle et moi je reste planté là, à la regarder.

 Aujourd’hui ses lèvres sont fardées de rouge. Sa couleur préférée. La couleur que je préfère sur elle. Je pourrais l’embrasser pendant des heures, des nuits, des jours entiers.

 Ai-je évoqué ses yeux ? Ils sont bleus. Certes, dit comme ça, c’est banal. Et je mentirais si je disais qu’ils sont bleu turquoise, bleu marine, bleu roi, bleu canard ou autre. Ils sont juste bleu-gris. Mais quand elle vous regarde, quand elle vous observe, elle vous voit comme personne ne vous verra jamais. Elle ne cherche pas vos faiblesses mais vos forces, vos qualités et elle vous poussera à les exploiter par la suite. Elle vous obligera à devenir la meilleure version de vous-même. Ces yeux sont du plus beau bleu que je connaisse.

 Alice boit une gorgée de son grand verre de thé glacé, sans doute à la menthe car c’est son parfum préféré. Sa robe légère se relève à cause d’un souffle de vent un peu plus fort. Elle s’empresse de tirer dessus, gênée à l’idée qu’on puisse voir un peu trop ses cuisses nues. Je ne peux m’empêcher de secouer la tête, amusé. Elle pourrait porter des vêtements trop courts, trop moulants, trop sexy, trop décolletés, elle ne serait jamais vulgaire tellement elle rayonne de prestance et de charme. Son entrée dans une pièce suffit à l’éclairer par son aura, son sourire ou son rire. Et le plus incroyable, c’est qu’elle n’en a absolument pas conscience.

 Sa lecture doit l’amuser car je vois un petit sourire s’esquisser au coin de sa lèvre inférieure. Comme elle est belle quand elle lit et moi, je suis toujours planté au passage piéton.

 Elle rêve de devenir écrivaine. Régulièrement, elle m’envoie ses textes. Parfois je ris, d’autres fois, je pleure, et souvent je suis ému. Elle est douée mais ne le sait pas. Secrètement, je compile tous ces écrits et un jour, j’enverrai ce recueil à toutes les maisons d’édition. Elle mérite d’être lue.

 Le feu est déjà passé au vert plusieurs fois pour les piétons, je n’avance pas. Je reste là à l’observer. Je préfère rester là. Les gens me regardent avec un drôle d’air à chaque fois mais je m’en moque. Je suis amoureux et je compte rester encore un peu.

 Une mèche de cheveux s’est détachée du chignon d’Alice au niveau de son cou. Elle l’entortille au bout de son doigt et la replace dans sa coiffure. D’ordinaire, ce geste est synonyme de stress et d’angoisse. Mais là, je sais que ce n’est pas le cas. Elle a l’air heureuse et épanouie, même si cela fait plusieurs fois qu’elle regarde sa montre en plissant les sourcils.

 Soudain elle se lève d’un bond et renverse presque son verre de thé glacé. Un rayonnant sourire lui barre le visage. Je suis son regard et je découvre un jeune homme, rasé de près, bronzé, vêtu d’une chemise légère en lin. Evan. À chaque fois que je le vois, mon cœur se serre, mon estomac se noue. Je déteste ce mec.

 Ils s’enlacent et s’embrassent tendrement. Alice rit en se reculant car Evan a du rouge à lèvres sur la bouche. Elle l’essuie doucement. Elle n’a d’yeux que pour lui. Elle n’a pas vu que j’étais là. Si seulement elle savait toutes les fois où je la regarde et qu’elle, elle ne me voit pas. Moi, je ne suis que son meilleur ami et je suis encore là. À ce foutu passage piéton.

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