Chapitre 41

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Octobre

Une brise fraîche venant du nord agite les branches des hauts sapins, faisant tomber une pluie d’épines vertes sur le sol. L’hiver n’est pas loin de montrer le bout de son nez. Les feuilles se sont parées de magnifiques couleurs et flamboient dans la lueur du jour qui décline. Malgré la douceur surprenante de cette fin octobre, une brume diffuse s’accroche presque en permanence aux herbes hautes des champs, drapant la nature d’un manteau protecteur et mystérieux.

Noah glisse les mains dans ses poches pour les réchauffer. Ses doigts rencontrent la surface rugueuse du papier. Son cœur se met à battre plus fort à la perspective de ce qui l’attend ce soir. Il s’appuie contre le capot de la voiture, les yeux perdus dans le vide devant lui. Il ne sait pas encore s’il a pris la bonne décision.

- Ne me regarde pas comme ça Freyja, moi aussi ça ne me plaît pas plus qu’à toi de la laisser sortir et faire ce qu’elle veut comme ça. Il lui faut de la discipline, sinon elle va être ingérable, mais je n’y peux rien. Elles sont aussi têtues l’une que l’autre et je suis un homme faible…

Noah relève la tête. Gabriel est en train de finir de donner à manger à ses chiens. Accroupis dans l’enclos d’un husky, il lui donne une caresse tendre, avant de sortir et de refermer la grille derrière lui.

- Où est-ce que tu as mis ta tornade ? demande Noah en voyant que le box d’Hel est vide.

- Avec Lila. Dieu seul sait ce qu’elles sont en train de faire, dit-il en levant théâtralement les bras au ciel. Plus ça y va, moins Hel m’écoute. Par contre Lila peut lui faire faire ce qu’elle veut. Je ne comprends pas comment elle fait.

- Ah ça ! Si on comprenait quelque chose aux femmes, ça se serait. Les voies de cet univers sont impénétrables pour nous, pauvres hommes.

Gabriel rit face à l’air dépité de Noah. Il se dirige vers son entrepôt pour ranger les dernières affaires.

- Elles ne t’ont vraiment pas dit ce qu’elles ont prévu ?

- Non. Ça fait deux semaines que je n’ai pas le droit de remettre un pied sur le domaine. Sinon je m’expose, je cite, à « me faire arracher les oreilles à coup de machette, qui finiront pendues à l’entrée du chemin ».

- Je suppose que cette menace ne vient pas de Lila, s’esclaffe Noah.

Gabriel se retourne vers lui avec un regard entendu. Ambre a toujours été très imaginative, surtout quand il s’agit d’inventer des menaces plus farfelues les unes que les autres. Penser à elle serre le cœur de Noah. La dernière fois qu’ils se sont retrouvés dans la même pièce, il était allongé dans un lit d’hôpital et faisait semblant de dormir, trop lâche pour affronter la réalité. Cela remonte déjà à deux mois et demi. Ce qui veut dire qu’il n’a pas vu son beau visage depuis leur confrontation à la réserve. Depuis que les secrets qu’il gardait enfouis sont remonté à la surface et ont tout balayé sur leur passage, réduisant à néant son univers. Il n’arrivera jamais à se pardonner ce qu’il a fait subir à Ambre. La tristesse, la douleur et la déception qu’il a vu dans ces yeux ce jour-là, le hantent la nuit, l’empêchant de trouver le sommeil. Et quand ce n’est pas la culpabilité qui le tient éveiller, c’est le douloureux vide qu’il sent dans sa poitrine.

Rien que de repenser au son de sa voix, si chaude et si grave, ses bras se couvrent de chair de poule. Il ne se passe pas un jour sans qu’il ne pense à elle. A son sourire éclatant qui le faire fondre à chaque fois. A ses grands yeux sombres et expressifs. A son rire roque qui se répercute dans toutes les parcelles de son corps. A ses longs cheveux noirs et soyeux qu’il adore tortiller entre ses doigts. A la chaleur de son corps contre le sien, sa peau si douce lui provoquant des décharges électriques. A ses gémissements, quand il l’embrasse… Il faut vraiment qu’il arrête de penser à Ambre, là tout de suite. Il a l’impression d’être redevenu un ado qui bande à la moindre occasion. C’est lui qui a décidé de prendre ses distances, mais son cerveau et son corps n’arrêtent pas de lui rappeler ce qu’il a perdu. Il ressemble à un junky en manque. Noah se force à respirer profondément pour se calmer. Il rajuste son pantalon pour cacher son début d’érection. Il a fallu qu’il choisisse le jean le plus serré qu’il possède en plus. Très mauvaise idée pour le soir où il revoit Ambre pour la première fois depuis des mois.

Gabriel s’approche de lui, en lui posant une main sur l’épaule.

- Ça y est j’ai fini pour aujourd’hui. Allez viens, je n’ai pas envie d’arriver en retard et qu’on s’en prenne à une autre partie de mon anatomie. A demain les chiens ! lance Gabriel en contournant le pick-up après avoir fermé son entrepôt.

Il monte derrière le volant. Noah prend place sur le siège passager. Plus l’heure approche, plus la pression monte. Il essui ses mains moites sur ses cuisses.

- T’inquiètes pas mec, ça va bien se passer, lui dit Gabriel, sans quitter la route des yeux.

- Mouais… je sais pas… Tu crois que c’est une bonne idée que je vienne ? Enfin je veux dire, on ne s’est pas revu, ni expliqué, et… je sais pas, je ne le sens pas.

- Vous ne vous êtes pas appelé depuis ton accident ?

Noah serre les dents et secoue la tête négativement. Un soupir las franchis ses lèvres. Plus le temps avance, plus la situation avec Ambre lui semble compliquée et inextricable. Ils se sont bien échangés quelques messages, mais ne sont pas allés plus loin. Noah se remettait de son accident, puis il a travaillé d’arrache pieds avec son père pour réparer les conneries qu’il a fait avec l’entreprise familiale. Il s’en veut encore terriblement pour ça aussi. Son père lui faisait confiance, et voilà qu’il a tout foutu en l’air. Ambre de son côté lui a dit qu’elle avait besoin de temps pour tout digérer, que ça faisait beaucoup d’un seul coup. Elle l’a tenue au courant pour la perte du Manoir. Elles ont jusqu’à la fin de l’année pour vider les lieux et trouver des solutions, mais au premier janvier, elles devront partir. David essaye de faire appel et de prouver ce qu’il soupçonne, à savoir une entente sous le manteau entre le juge et l’avocat de Monsieur Laurin. Noah n’arrive toujours pas à croire que le Manoir de jadis va disparaître. C’est inconcevable. Les filles en ont fait un lieu tellement magique, plein de vie, de bienveillance. Il représente le début de son histoire avec Ambre. Sans ça, ils ne se seraient sûrement jamais rencontrés. Rien que d’y penser son estomac se soulève.

- Si tu as reçu l’invitation, c’est qu’Ambre veut que tu sois là. Et Lila aussi d’ailleurs. Encore ce matin, elle m’a demandé si tu venais.

- J’ai l’impression qu’après tout ce qu’il s’est passé, je n’ai pas ma place. Que, comment dire… Que je n’ai pas le droit d’être là…

- L’invitation est très claire. Et je pense qu’elles ont bien choisi à qui elles les envoyaient. Donc si tu l’as reçu, c’est que tu dois être là. Et puis, ce sera le premier pas pour arranger les choses avec Ambre, non ?

- Peut-être, mais je sais pas si c’est une bonne idée. Et si c’était trop tout ça pour elle, pour nous… Mec, je suis totalement pommé sur ce que je dois faire. J’ai l’impression que quoi que je fasse, c’est ce qu’il ne faut pas.

Gabriel ralentis sur la route et tourne dans un petit chemin de terre. Le cœur de Noah s’emballe en reconnaissant le lieu. Cela ne peut pas être un hasard.

- La seule chose que tu dois te demander, commence Gabriel, c’est si ça en vaut la peine. Est-ce que tu l’aimes ?

Noah ne répond pas tout de suite. Il sait la réponse à cette question, il n’a même pas besoin de prendre le temps d’y réfléchir, mais ça le terrifie de le dire à voix haute.

- Oh oui bordel. Plus que tout, dit-il après une grande inspiration.

- Alors tu sais ce qu’il te reste à faire, mec. Et, crois-moi, tu n’es pas le seul qui a envie d’arranger les choses entre vous. Ambre, t’aime aussi, ça crève les yeux. Alors vous vous débrouillez comme vous voulez, mais arrêtez de vous compliquer la vie. Et surtout faite descendre chacun votre égo d’un étage et tu verras, les choses iront beaucoup mieux entre vous.

Gabriel gare le pick-up sur le bas-côté, dans une petite clairière au bord du chemin.

- On est arrivé à l’adresse indiquée par message. Ensuite, faut attendre le signal.

- Le signal ? Quel genre de signal ?

- Aucune idée. Il n’y a pas plus d’informations. Elles ont vraiment décidé d’être mystérieuses sur ce coup-là.

- Ça ressemble leur ressemble bien… murmure Noah en descendant de voiture.

Le soleil finit d’entamer sa lente descente dans le ciel. Il fait presque nuit, mais les ombres des hauts sapins sont encore visibles. Le vent secoue leurs banches dans un sifflement sinistre. Noah rajuste sa veste en cuir pour se protéger de l’air frais qui pénètre sous son fin t-shirt blanc. Il n’a jamais été du genre frileux, mais l’ambiance de cette soirée et le stress qu’elle lui provoque lui donne des frissons.

- Tu sais qui elles ont invités ?

- Non, je t’ai dit, je ne suis au courant de rien. J’ai tout essayé pour faire craquer Lila, mais elle n’a rien lâché comme info. Et crois-moi, j’y ai mis du cœur, répond le musher en venant s’appuyer sur la carrosserie de sa voiture à côté de Noah.

- Je te fais confiance là-dessus, rit l’ébéniste.

Au même moment, plusieurs voitures apparaissent dans le chemin cabossé. Elles se garent à côté d’eux. Noah reconnaît certaines personnes. Des voisins, notamment Felix et Henri à qui il dit bonjour, Alice la serveuse du Tommy café et amie des filles, venue avec sa petite amie, Danielle et Boris des amis de Lila, et d’autres personnes qu’il ne reconnaît pas.

Au bout de quinze minutes d’attente, toujours aucun signe des filles, mais deux voitures les rejoignent. Les garçons se tournent vers elles, s’attendant à comprendre enfin pourquoi ils sont là, mais quand les portes s’ouvrent, ils entendent les chamailleries et ne peuvent s’empêcher de sourire. Leur groupe d’ami au grand complet en descend. Alexis et Raph sont en train d’argumenter sur un sujet insignifiant comme à leur habitude. Logan s’approche d’eux, tenant Salomé par les épaules, suivi de Léo et Elma qui se tiennent la main.

- Salut les gars, lance le mécanicien en leur tapant sur l’épaule. Ça fait plaisir de te voir, dit-il à Noah.

Le jeune homme est mal à l’aise. Il n’a pas seulement laissé tomber son travail et Ambre ses derniers mois. Il a aussi laissé tomber ses amis. Les seuls qu’il a laissé approcher un minimum pendant ses semaines d’errance ont été Logan et Gabriel. Il ne les remerciera jamais assez d’avoir été là pour lui. Il est heureux de retrouver le groupe au complet. Ils leur avaient manqué.

- Moi aussi je suis content de vous voir.

- Bon retour parmi nous, lui murmure Salomé en le prenant dans ses bras.

Ils commencent à discuter, attendant toujours un signe des filles. Une dernière voiture pénètre dans la clairière. Une jeune femme en descend et attire tous les regards. Avec un grand sourire, elle s’approche du groupe. Du coin de l’œil, Noah voit Alex et Raph se donner un coup de coude entendu. Il les connaît par cœur, ils sont en train de changer d’attitude pour passer en mode drague. Ils sont incorrigibles. Le métis attend de voir avec impatience leurs têtes dans quelques secondes, ayant reconnu la jeune femme. Gabriel se détache du groupe et vient à sa rencontre. Il la prend dans ses bras avec un grand sourire.

- C’est quoi ce bordel ? demande Alexis perdu.

- Euh… Lila est au courant de ça ? demande Elma en fronçant les sourcils.

Passant un bras sur ses épaules, Gabriel l’emmène auprès de ses amis.

- Je vous présente Candice. Une amie de longue date.

Noah s’approche pour la saluer.

- Je suis ravi de te revoir.

- Moi aussi, ça me fait plaisir Noah.

Alexis et Raph se regardent sans comprendre.

- Attendez, on a loupé des épisodes là, dit le vétérinaire. Vous connaissez une beauté pareille et vous ne nous l’avez jamais présenté. Raphaël, enchanté, s’introduit-il lui-même auprès de la jeune femme.

Elle lui dit bonjour poliment, mais gênée. Gabriel attend un peu pour faire encore durer les espoirs des garçons, avant de dire.

- Candice est la compagne de David.

- David ? Ton frère ? comprend Alexis.

- Fiancée exactement, précise la journaliste. Il n’a pas pu se libérer, donc il m’a demandé de le représenter.

Gabriel hausse les sourcils, surpris. Apparemment, il n’était pas au courant de l’heureuse nouvelle. Candice lui explique que c’est tout récent et le musher la félicite.

La conversation reprend autour d’eux, mais plus le temps passe, plus Noah est nerveux. Cette attente le rend mal à l’aise. La nuit les enveloppe de plus en plus, si bien qu’ils ont du mal à distinguer le visage des uns et des autres. La brume vient recouvrir le sol d’une pellicule blanche et vaporeuse, masquant leurs pieds. Au bout de quelques minutes, la tension monte au sein du groupe. Tous se rassemblent au milieu de la clairière, silencieux, attendant ce fameux signe qui ne vient pas. Cela fait presque trente minutes qu’ils sont arrivés et toujours rien.

- Vous êtes sûr que c’est le bon endroit ici ? demande Alexis en regardant autour de lui.

- C’est vrai, il n’y a rien. On devrait peut-être appeler les filles ? continue Léo.

- Gab, tu as des infos ? demande Elma.

- Pour la centième fois, je n’en sais pas plus que vous. Mon chenil est juste à côté et je ne savais même pas qu’il y avait une clairière ici.

- C’est bizarre, ça me fait flipper, avoue Salomé. On ne devrait pas aller directement au manoir ? Ça serait plus sûr.

Le cœur de Noah bât la chamade, alors qu’il s’avance vers un chemin, caché par des branches basses. Le vent siffle au-dessus de sa tête. Au loin, une chouette pousse un cri sinistre.

- Elles ne se sont pas trompées, dit-il à voix haute. C’est ici.

Tout le monde se tourne vers lui. Au final, les filles ont invité une vingtaine de personnes.

- Tu connais cet endroit ? demande Raphaël.

Noah ne dit rien, mais hoche la tête. Il connaît parfaitement ce chemin et surtout l’endroit où il mène. Il ne pensait pas qu’Ambre s’en souvenait. Ça lui paraît tellement loin. Pourtant, lui n’a rien oublié de ce moment. Il plonge la main dans son blouson et en ressort un morceau de papier à lettre épais et vieux. Le sceau de cire coupé en deux lui chatouille la paume de la main. Il déplie l’invitation, qu’il connaît par cœur à force d’avoir fixé l’écriture soignée pendant des heures.

Si vous recevez cette lettre aujourd’hui, c’est que vous faites partie de mon histoire. Vous m’avez créé, m’avez aidé à exister, à vivre, à devenir.
Aujourd’hui, je disparais, mais je ne vous oublierai pas. Vous faites tous partie de moi.
Pout tout ce que vous m’avez permis d’être, je voulais vous dire un dernier merci et un ultime aurevoir.

Rendez-vous le 31 octobre, à 20h30.
(Le lieu et les instructions vous seront communiqués ultérieurement.)

Le Manoir de Jadis.

Il n’a pas l’impression d’avoir vraiment participé à tout ça, au contraire, il a plutôt l’impression de les avoir abandonnées au pire moment qu’il soit. Noah n’a pas le temps de se morfondre sur ses regrets. Un bruit sourd, puissant mais lointain lui parvient du bout du chemin. Il se retourne vers le groupe qui s’avance vers lui. Le son se fait entendre une seconde fois, plus fort.

- C’est quoi ce bordel, demande Elma en se réfugiant contre Léo.

- On dirait des tambours, dit quelqu’un.

En écho, un nouveau boum leur parvient.

- Vous croyez que c’est ça le signe ?

- Oui, mais qu’est-ce qu’on doit faire ?

Le vent fait grincer les arbres au-dessus de leurs têtes. La tension est palpable dans le groupe, la nervosité est en train de les gagner. Puis, les tambours reprennent en rythme. Une corne résonne au loin, suivie d’une deuxième, d’une troisième, comme une réponse à un appel invisible. L’adrénaline dans son corps fait battre le cœur de Noah plus fort. La musique devient oppressante, puis, un chant guttural résonne au bout du chemin. Le noir est maintenant complet, mais des voix masculines s’élèvent en un chant dur et tribal. Une corne résonne un long moment et le chemin devant lui s’illumine de petites lumières pendues aux branches, au son d’une musique entraînante. Sans réfléchir, Noah s’engage sur le sentier sans réfléchir. Voilà le signe qu’ils attendaient. Les lumières lui montrent la voie. Il n’écoute pas les protestations de ses amis. Gabriel le suit de près, et à eux deux, ils ouvrent la marche. Des colliers de fleurs séchées, des rubans de dentelle, des guirlandes d’os et de miroirs pendent des branches basses, guidant leur chemin. Le vent fait tinter les suspensions. Les lanternes se balancent dans la brise. La brume qui monte du sol les enveloppe, leur cachant la vue devant et derrière eux. Si quelqu’un devait les surprendre, ils ne le verraient pas arriver. La musique parfois lointaine, parfois très proche, les plonge dans une ambiance féérique, presque irréelle, mais angoissante. Le groupe marche à une allure rapide, peu rassuré par ces sons étrangers et étranges. Noah sait exactement où ils vont arriver, face au lac, près du ponton de bois, mais il à l’impression de pénétrer dans un autre monde. La musique, les voix gutturales et les tambours, se répercutent dans toutes les parcelles de son corps, le faisant vibrer d’une manière étrange. Il a l’habitude des rituels au son du tambour, cela le ramène à des temps lointains. Des temps oublier de tous, mais pourtant très vivants pour certains. C’est exactement le sentiment qu’il a en ce moment, pénétrer dans un espace-temps différent.

Quand ils arrivent face au lac, la musique se coupe net. Le silence de la nuit les enveloppe. La lune, pleine, ronde, se reflète dans l’eau calme à leurs pieds. Des cris de surprise font se retourner Noah et Gabriel en même temps. Les lumières se sont éteintes. Il leur est impossible de distinguer le chemin derrière eux. Impossible de faire demi-tour.

Le silence dure quelques minutes. Le groupe attend, dans l’expectative de la suite. Au loin, un loup pousse un cri persan, les faisant sursauter.

- Putain, ça commence à vraiment me faire flipper cette histoire, dit Raphaël en posant une main sur son cœur.

Noah et Gabriel se regardent et leurs regards disent la même chose. Quoi que les filles aient prévu pour dire au revoir au manoir, elles l’ont prévu en grand. Cela s’annonce mémorable.

Boum clap boum boum clap. Boum clap boum boum clap. Le son d’un tambour résonne dans la nuit. A chaque coup, une lumière s’allume sur l’autre rive du lac, révélant une femme en longue robe rouge, les manches pointant vers le sol. Une musique envoutante s’élève dans les airs et elles se mettent à danser, bougeant leurs bras en rythme de manière hypnotiques. Elles tiennent dans les mains des petites boules de lumière qui éclairent leurs mouvements. Noah a l’impression qu’ils ont pénétré dans le royaume des nymphes. Elles se déplacent lentement, avec des pas fluides et légers, comme si elles flottaient au-dessus du sol. Leur danse les amène toujours plus près du bord, jusqu’à ce qu’elle rentre dans l’eau. Au contact de leurs pieds, la surface lisse du lac s’éclaire. C’est comme si elles marchaient sur l’eau. C’est féérique et poétique à la fois. Une danse en communion avec la nature. Puis la musique s’arrête et elles se figent. Une à une les lumières s’éteignent, les plongeant de nouveau dans le noir. Le groupe retient son souffle. Ils attendent la suite avec impatience.

- Amis voyageurs, bienvenu.

Tous sursautent. Alexis jure dans sa barbe. Derrière eux se tient un homme d’une quarantaine d’année. Il porte une tunique en coton grise sur un pantalon noir, qui fait ressortir les mèches argentées de ses cheveux.

- Je me présente. Adel, pour vous servir, dit-il en penchant légèrement la tête vers l’avant. Comme vous l’avez tous devinés, ce soir est une soirée particulière. Avant toute chose, je vais vérifier vos invitations.

L’homme passe devant eux, regardant que toutes les personnes présentes ont bien été conviées. Il s’avance ensuite au bout du ponton et leur fait face, les mains dans le dos.

- Je serais votre guide ce soir. Vous avez déjà dû vous apercevoir que cette soirée ne sera pas comme les autres. Vous allez vivre une expérience unique et rare. La première et dernière représentation d’un spectacle hors du commun. Ambre et Lila ont tenue à vous laisser un petit message avant de continuer.

Adel plonge la main dans sa tunique et en sort un parchemin ancien qu’il déroule avec cérémonie. Quand il parle, sa voix chaude, profonde et calme résonne dans la nuit.

- Les rumeurs sont tenaces. Les incompréhensions poussent à croire en des choses impossibles. Le Manoir de Jadis et ses habitantes en sont la preuve. En marge de la société, illuminées, exclues, mais surtout incomprises et indépendantes, fortes et sûres d’elles. Des enchanteresses. Des sirènes envoutantes. Des druidesses intouchables. Des sorcières mystérieuses. On nous prêtes tous les noms. On nous soupçonne de bien des choses. Et pourtant, la frontière entre le rêve, le mythe et la réalité est infime. A vous de voir. A vous de croire. Prenez les jambes à votre cou ou rejoignez l’autre côté. On vous laisse maître de choisir. Nous avons fait le nôtre, il y a bien longtemps déjà.

Adel se tait et se tourne vers le lac. Il regarde au loin, à l’autre bout de l’étendue d’eau. Un nuage passe, cachant pour un instant le reflet de la pleine lune. Noah fronce les yeux. Il lui semble apercevoir quelque chose, mais il n’arrive pas bien à distinguer avec la brume qui s’élève du lac. Puis, une lueur apparaît lentement, glissant sur l’eau. Ils la regardent s’approcher, sortant du brouillard comme un songe. Petit à petit les formes se précisent. C’est une barque, voguant lentement sur les flots. A la proue, une silhouette se distingue, éclairée par une lanterne se balançant à ses côtés. C’est une femme, habillée d’une longue cape blanche, son visage caché par une large capuche bordée de fourrure. Elle se tient droite, majestueuse. Un chien nordique est assis sagement à ses pieds. Noah a l’impression de voir un tableau prendre vie. Une reine de la forêt longtemps oubliée revenir d’un pays lointain. La barque accoste de l’autre côté du lac et la femme en descend gracieusement. La seule lumière de la lune suffit à l’éclairer, sa blancheur contrastant avec les ombres de la nuit. Elle s’apprête à disparaitre dans la forêt, mais elle se retourne, son chien sur les talons. Elle fait quelques pas, le regard fixé sur le groupe. Un moment passe. Un moment de silence total où même les animaux nocturnes retiennent leur souffle. Puis de nouveau, les tambours résonnent. La femme lève les bras en l’air en regardant le ciel. Sa capuche glisse sur ses épaules révélant son visage. C’est Lila. Ses cheveux sont tressés sur un côté de sa tête. Elle semble prendre l’énergie de l’astre de la nuit, s’en nourrir. Quand elle tourne son visage vers le groupe, elle tend les bras vers l’avant. Ses pieds viennent frôler le bord de l’eau qui se met à s’agiter. Des ondes de chocs forment des cercles concentriques, partant de Lila et viennent taper contre la rive du côté des invités. Cette force invisible semble venir d’elle. Un chant féminin s’élève dans les airs, clair et puissant. Des embarcations sortent de la brume, venant accoster à côté du ponton de bois, menées par des hommes en tuniques rouges. Adel est le premier à monter dans une, invitant le groupe à le suivre. De l’autre côté, Lila les fixe toujours, son chien assis à ses côtés. Quand les premiers bateaux atteignent la rive, l’animal relève la tête et hurle à la lune. Un frisson parcourt la forêt et tous les invités. Lila remet sa capuche, tourne les talons et disparaît dans la nature. Inaccessible.

- Suivez-moi, leur dit Adel, avant de s’engager sur le chemin.

Des petites lanternes accrochées aux arbres guident leur pas. Ils arrivent enfin aux abords du Manoir. Sa haute silhouette, géant de bois, s’étire dans l’obscurité de la nuit. Il est plongé dans la pénombre. Au lieu de se diriger vers le bâtiment, ils le contournent par l’arrière, pour atteindre le verger. Des feux ont été dressés à intervalle régulier. Ils illuminent les arbres et font apparaître les ombres de leurs branches dans une danse sinistre. Ils entrent dans la clairière au centre du verger. Des feux s’élèvent de barils, disposés en cercle parfait. En son centre, les femmes en rouge sont rejointes par les hommes des barques. S’en suit alors un spectacle fantastique, mêlant danse, chant et acrobaties. Les artistes manipulent des objets enflammés, jongles avec des boules de feu. C’est puissant, hypnotisant et irréel. Les danseurs se placent en cercle devant les feux, en laissant une ouverture. Ils se tournent vers le fond de la clairière et une haute silhouette noire apparaît.

Noah retient son souffle. C’est Ambre qui s’approche lentement et vient se placer au centre. Elle est majestueuse. La tête haute, le dos droit, elle porte une longue robe noire fendue, toute en transparence. Son col en dentelle remonte sur son cou en formant les ramures d’un arbre. Ses yeux et sa bouche ont pris des teintes sombres. Ses cheveux volent au vent derrière elle. Noah ne peut détacher son regard d’elle. Il aurait vraiment dû mettre un autre pantalon. Elle paraît incroyablement forte et puissante. La musique reprend de plus belle et elle entame une série de mouvements, accompagnants les danseurs. Il a l’impression qu’elle les contrôle, maître du feu qui les entoure et de l’air qui l’alimente. A la fin de la prestation, tous s’agenouillent devant elle, la tête basse. Elle lève les bras au ciel. Un silence passer. Puis un coup de tambour résonne comme le tonnerre. Les feux qui les entourent redoublent d’intensité, faisant sursauter le groupe. Ils s’éteignent d’un coup dans un nuage de fumée. Quand elle se disperse, il n’y a plus personne devant eux.

Noah a du mal à reprendre son souffle. Si on lui avait dit qu’il allait revenir ici après tous ces mois d’absence et voir ce qu’il vient de voir, il aurait ri à gorge déployée. Et de revoir Ambre comme ça, il n’a pas les mots tellement c’est incroyable. Adel le coupe dans ses pensées et les conduit vers la grange. De lourds rideaux noirs leur cache la vue. Quand ils passent derrière, ils découvrent une table magnifiquement dressée, avec des assiettes noires, des couverts dorés et des bouquets de roses rouges et noires. Ils prennent place aux places marquées à leur nom. Une odeur incroyablement alléchante leur parvient des cuisines attenantes.

Après quelques minutes d’attente, où ils débriefent sur le spectacle qu’ils viennent de voir, les filles font leur apparition. Elles sont accueillies par une acclamation générale. A leur sourire rayonnant, Noah n’a pas de doute, elles ont réussi leur coup. C’est un dernier aurevoir incroyable qu’elles ont fait vivre à ce lieu unique.

Elles s’installent chacune à un bout de la table. Lila à côté de Gabriel qui la prend dans ses bras en lui disant qu’elle est magnifique. C’est vrai qu’avec sa robe immaculée qui s’épanouie en cape de ses épaules à ses pieds, elle à tout l’air d’une reine des glaces. Noah ne peut s’empêcher de fixer Ambre. Il n’est pas assis à côté d’elle, ce qui lui procure un pincement au cœur. La distance entre eux est de plus en plus difficile à supporter. Leur regard se croisent et s’aimantent un moment. Noah retient son souffle. Il avait préparé tout un discours pour se faire pardonner, pour essayer de rattraper le coup, mais il sent sa volonté s’effriter. Il faut dire que dans cette tenue, la jeune femme lui fait perdre ses moyens. Et il doit bien l’avouer, elle lui fait aussi un peu peur. Elle paraît plus forte et sure d’elle que jamais. Puis, lentement, le visage d’Ambre se détend et elle lui adresse un sourire du coin des lèvres, ses joues se teintant d’une irrésistible couleur rose. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Tout n’est peut-être pas perdu tout compte fait. Avant de s’assoir, elle articule un merci muet, qui l’empli de joie. Il est à deux doigts de se lever et de danser, mais se calme. Ce n’est que le début encourageant d’un long chemin.

- Merci à tous d’être là ce soir, commence Lila qui est restée debout. Comme vous le savez, nous allons devoir quitter le Manoir de Jadis, ce lieu incroyable qui nous a accueilli il y a quelques années. C’est avec déchirement que nous allons tourner cette belle page de notre histoire…

Gabriel lui attrape la main quand sa voix se brise sous le coup de l’émotion. Elle prend une grande inspiration tremblante et reprend.

- Nous tenions à lui dire un dernier aurevoir, à notre façon. Et nous voulions que vous soyez là pour voir ça, vous, nos amis, notre famille, vous qui avaient rendu notre rêve possible. Je ne suis pas très douée pour les discours en public, mais voilà, juste… merci… Merci d’avoir été là à nos côtés. Merci d’être encore là ce soir.

Elle s’assoit et essuis une larme discrète. Gabriel ne la lâche pas. Le silence dans la pièce est lourd d’émotion. Personne n’ose le briser. La plupart des convives ont les yeux dans le vide, rivés sur leur assiette. Puis c’est au tour d’Ambre de se lever. Elle s’éclaircie la voix.

- Bonsoir à tous et merci à vous d’avoir répondu présents. Vous connaissez mon goût pour le spectacle et les choses qui sortent de l’ordinaire. Bon, je crois que c’est un peu évident ce soir… (Des rires s’élèvent dans la salle). J’ai donc préparé un petit texte à vous lire. Il y a trop d’émotion et je n’arriverais pas à vous dire tout ce que je veux. J’ai donc anticipé ce moment.

Elle prend une feuille posée à côté de son assiette et la déplie. Après une grande inspiration, elle reprend de sa voix grave et profonde.

- Nous n’avons trouvé aucune trace du passé de ce lieu. Nous ne connaissons pas son histoire exacte et pourtant nous en avons fait partie. Nous en faisons partie. Aujourd’hui comme demain. Tout comme Mme Howards avant nous. Et toutes celles qui nous ont précédées. Car oui, si nous sommes sûres d’une chose, c’est que ce lieu a été le refuge de nombreuses femmes fortes, indépendantes, aux destinées incroyables. Elles l’ont marqué de leurs empreintes indélébiles que nous pouvons encore ressentir. Nous sentons leur puissance, quand le jour décline et que la lune apparaît haut dans le ciel. Critiquées, montrées du doigts, accusées à tort, traitées de tous les noms, nous l’avons été. Nous avons subi les moqueries, la défiance, le rejet, mais nous avons fait face. Toujours debout, même dans les pires tempêtes. Toujours debout dans l’adversité. Toujours debout, soudées, aidées par le soutien de nos proches d’hier et de maintenant, de nos ancêtres et des inconnus qui ont croisés notre route. Toujours debout, et pourtant… Le destin a décidé de nous éloigner de ce lieu, si cher à notre cœur. Nous n’allons pas revenir sur ces circonstances douloureuses et sur les émotions qu’elles nous provoquent. Ce soir, nous tenions simplement à rendre hommage à toutes ces femmes incomprises et craintes parce qu’elles avaient décidées d’être simplement elles. Au cours de l’histoire, on les a accusés de beaucoup de chose et particulièrement de sorcellerie. Ce que le commun des mortels ne comprend pas est forcément de l’ordre de l’irréel, de la magie. On nous a souvent traité de sorcières et peut être qu’au fond, c’est ce que nous sommes. A vous de vous faire votre propre avis. Avec cette soirée, nous voulions juste rendre hommage à ce lieu et à celles qui l’ont fait vivre. Ce spectacle hors du temps était l’occasion de faire prendre vie à toutes les rumeurs, les inquiétudes chuchotées, les questions sans réponses qui entourent le Manoir de Jadis. Ce soir, nous tenions à mettre en lumière ce lieu unique qui nous a accueilli, qui nous a fait vire des expériences extraordinaires, qui nous a fait rencontrer des gens fantastiques. La date d’aujourd’hui n’a pas été choisie par hasard, vous vous en doutez. La première fois que nous avons mis les pieds ici, c’était il y a exactement trois ans, jour pour jour. Un soir de Samain. Cette maison compte pour nous d’une façon bien plus profonde que le simple confort matériel. Elle nous a aidé bien au-delà de nos espérances. On ne l’oubliera pas. Jamais. Merci du fond du cœur d’être présents à nos côtés pour ce dernier au revoir. Vous faites vous aussi partie de son histoire. Notre histoire s’arrête ici, mais elle continuera ailleurs. Adieu.

Les larmes perlent au coin des yeux d’Ambre, mais elle les contient. Noah n’a qu’une seule envie. La prendre dans ses bras, mais il se retient. Il ne sait pas du tout dans quel état d’esprit elle se trouve. Si elle veut bien lui pardonner ou au moins lui laisser une chance de s’expliquer.

Après ces émouvants mots, un dîner leur est servi. Le ton est détendu et chaleureux. Chacun raconte des anecdotes vécues au manoir et les rires fusent dans la grange. C’est un moment de partage simple, mais qui à l’air de faire du bien à tout le monde, surtout aux filles. Leurs sourires ne trompent pas. Durant le repas, Noah n’arrive pas à s’empêcher de jeter des regards à Ambre. Plusieurs fois leurs yeux se rencontrent, s’attardent un moment, puis l’un ou l’autre se détourne, gêné mais avec un sourire aux lèvres.

Après le dessert, les filles se lèvent en leur annonçant qu’elles ont une dernière surprise. Elles sortent de la grange et se dirigent devant le manoir. L’air s’est refroidit. Noah voit Ambre frissonner, malgré la lourde cape noire qu’elle a passé sur ses épaules. Des idées malvenues pour la réchauffer viennent embrouiller son esprit.

Les danseurs sont alignés sur la terrasse, mais ce qui attire le regard de Noah ce sont les bougies. Des milliers de bougies sont allumées dans toute la maison, la faisant briller de mille feux. Elle est éclairée comme en plein jour. Une musique instrumentale s’élève et un dernier tableau s’offre à leurs yeux. Déchirant, plein de douleur et de tristesse. Même si les filles ont encore quelques mois à vivre ici, cette dance sonne vraiment comme un adieu.

Lila et Ambre se tiennent droites, l’une à côté de l’autre. Hel, qui rodait dans les parages durant tout le repas, vient s’assoir à côté de la jeune femme en blanc. Elles ont le visage tourné vers leur maison, comme si elles la regardaient partir en fumée, impuissantes devant le feu qui la consume. Qui les consume toutes les trois. La musique monte en intensité et le cœur de Noah suit le rythme. Il ressent dans toutes ses terminaisons nerveuses l’émotion du moment. Puis le rythme se fait plus lent alors que les filles tendent lèvent la tête vers le ciel. Une à une, les bougies à l’intérieur s’éteignent. Petit à petit, le manoir est en train de se fondre dans la nuit. Il est en train de disparaître.

Noah voit Gabriel rejoindre précipitamment Lila quand elle commence à flancher, ses jambes ayant du mal à la soutenir tellement l’émotion est forte. Il ne reste plus que quelques lumières, faibles preuves de vie dans cette grande bâtisse. Carcasse bientôt vidée de son essence. De son âme. Lila prend la main de Gabriel et se rapproche de lui pour soutenir son poids.

Noah aimerait pouvoir être là pour Ambre lui aussi, mais il a peur. Peur d’être repoussé. Peur que ce ne soit pas le bon moment. Peur qu’elle ne veuille pas de lui. Peur d’empirer les choses, pour elle, pour eux.

- Vas-y, elle a besoin de toi, lui murmure Logan à l’oreille.

Noah hésite. Quand la dernière lumière s’éteint, c’est comme si un grand vide venait d’apparaître. Le Manoir de Jadis n’est plus. Ambre laisse échapper un faible sanglot et il n’en faut pas plus au jeune homme pour se décider. Il s’avance doucement vers elle et se place à son côté. Il n’ose pas la regarder. Leurs mains se frôlent. Il retient son souffle alors qu’il entremêle leurs doigts. Une seconde passe. Son cœur n’a jamais battu aussi vite. Il a l’impression de n’entendre que ça dans le silence de la nuit. Puis, il sent la main d’Ambre se refermer sur la sienne et la serrer très fort. Noah ressent un tel soulagement qu’il en a les larmes aux yeux. Il l’attire contre lui. Leur corps se retrouvent naturellement et il serre Ambre, son visage enfoui dans son cou. La jeune femme laisse couler ses larmes contre le torse de Noah. Il sent son t-shirt lui coller à la peau, mais il ne bougerait pour rien au monde.

Tout à coup, une bourrasque de vent vient les percuter avec force. Un sifflement sinistre se perd dans les arbres et se répercute contre la façade de la maison. Un frisson général parcourt le groupe. Même la compagnie de danseur semble surprise. Ambre relève les yeux et se tourne vers la maison. Noah la serre toujours contre lui, une main posée sur sa taille.

Un craquement retentit, comme si la maison en face d’eux protestait. Le vent continue de souffler, quand tout à coup, un chose étrange se produit. Une lumière semble se rallumer au cœur de la maison, faible mais présente. Elle vacille. S’éteint. Se rallume. S’éteint de nouveau. Se rallume encore. Son rythme est régulier, de plus ne plus puissant, comme… Comme les battements d’un cœur qui se ranime. Puis, plus rien.

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