Noir et blanc
Ils étaient enchaînés dans des prisons de bois
Ramant sans relâche, pour l’unique traversée
Sur les vagues tremblantes sous le vent et l’émoi
Depuis longtemps déjà leur destin était scellé
A peine habillés, et nourris encore moins
Ils furent privés de vie, de soleil et de nom
Nombreux moururent sur les flots témoins
Les autres restèrent sous le joug de leurs démons
Mais que devient celui que l’on ne peut appeler
Sinon un point de plus dans la liste des oubliés ?
C’est dans des bateaux, naviguant vers l’enfer
Que ces hommes ont perdu leur propre identité
Mais qui donc est de taille à abattre l’espoir ?
Cet oiseau fugace se faufile partout
Même au fin fond des galères des barbares
Certains refusèrent de se mettre à genoux
Ils se battaient au nom, ignorant leur nombre
De ce qu’ils étaient jadis avant d’être prisonniers
Ils brisèrent leurs chaînes piétinant les ombres
De la faim, de la soif, de la peur qui régnait
Mais la haine a bien plus de pouvoir que l’amour
Et la mort vint les prendre en route pour l’océan
A quoi bon survivre, encore une heure, un jour
Etre esclave est un sort réservé aux vivants
Et que reste-t-il de l’homme dans un bétail ?
Que devient-il quand la mort prend son visage ?
D’autres ont vendu leur âme pour une de métal
Des chiens enragés contre des oiseaux en cage
Y a t-il quelqu’un, quelque chose dans les cieux
Qui attendait ces hommes par leur peau condamnés
Où étaient les anges, où étaient les dieux
Pour que la haine puisse encore triompher ?
Aujourd’hui leur histoire doit être éternisée
Et quoi de plus humble qu’une courte poésie
Pour voir aujourd’hui leur souvenir ravivé
Et reconnaître enfin la valeur de la vie
Annotations