Fermées à jamais

Une minute de lecture

Quand on t'a offert la vie, elles se sont ouvertes

Et quand l'heure sera venue, elles se refermeront

Cachant ainsi tes si profonds yeux marrons

Tu te tiendras là, immobile et inerte


Avant cela, nous avions tant de foi, tant d'espoir

Des choses à voir et entrevoir, les plus grandes merveilles

Nous nous l'étions promis, notre vie sans pareil

Longue et mémorable, telle que l'avaient prédit les Moires


Si tu clignes des yeux, tu me laisses apercevoir

Cette beauté morne que sont tes paupières

Si tu ne m'aimais pas, je mourrais de ne pas les voir

Ces yeux clos, magnifiques barrières


Comme le voile de la nuit s'abat, pesant sur la ville

Tes paupières tombent aussi, magnifiques voiles

Lourdes et en amande, incassables coquilles

Je t'aime plus encore ainsi, toi ma beauté fatale


Je me plais tout autant à te voir endormie

Dans les bras de Morphée, tu paraîs si sereine

Lorsqu'elles sont closes, sujets de mon amoureuse folie

J'espère en moi-même que tu seras à jamais mienne


Puis c'est arrivé, cette soudaine maladie

Comme une arme tranchante, cruelle coupure de ta vie


Dans ton lit tu sembles si calme, du soir au matin

Mais ton sommeil s'éternise, et la peur me gagne

Tandis que tu agonises, tes paupières se fanent

Et je ne puis m'empêcher de redouter la fin


Peut-être était-ce la dernière, la dernière journée

Ne crois pas que je parte, que je te laisse à ton sort

Que je délaisse tes paupières noires, inestimable trésor

Car je ne vis que pour une chose, mourir à tes côtés

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