Fermées à jamais
Quand on t'a offert la vie, elles se sont ouvertes
Et quand l'heure sera venue, elles se refermeront
Cachant ainsi tes si profonds yeux marrons
Tu te tiendras là, immobile et inerte
Avant cela, nous avions tant de foi, tant d'espoir
Des choses à voir et entrevoir, les plus grandes merveilles
Nous nous l'étions promis, notre vie sans pareil
Longue et mémorable, telle que l'avaient prédit les Moires
Si tu clignes des yeux, tu me laisses apercevoir
Cette beauté morne que sont tes paupières
Si tu ne m'aimais pas, je mourrais de ne pas les voir
Ces yeux clos, magnifiques barrières
Comme le voile de la nuit s'abat, pesant sur la ville
Tes paupières tombent aussi, magnifiques voiles
Lourdes et en amande, incassables coquilles
Je t'aime plus encore ainsi, toi ma beauté fatale
Je me plais tout autant à te voir endormie
Dans les bras de Morphée, tu paraîs si sereine
Lorsqu'elles sont closes, sujets de mon amoureuse folie
J'espère en moi-même que tu seras à jamais mienne
Puis c'est arrivé, cette soudaine maladie
Comme une arme tranchante, cruelle coupure de ta vie
Dans ton lit tu sembles si calme, du soir au matin
Mais ton sommeil s'éternise, et la peur me gagne
Tandis que tu agonises, tes paupières se fanent
Et je ne puis m'empêcher de redouter la fin
Peut-être était-ce la dernière, la dernière journée
Ne crois pas que je parte, que je te laisse à ton sort
Que je délaisse tes paupières noires, inestimable trésor
Car je ne vis que pour une chose, mourir à tes côtés
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