8 - Le coup de la panne…

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C’est excitée comme une puce qu’Elena se réveille et se prépare à rejoindre Lucas au moulin. La tristesse de la veille a laissé place à une certaine agitation. Elle n’a pas envie de paraître ridicule aux yeux du jeune homme. Elle met donc de côté toutes ces questions sans réponses qui lui trottent dans la tête, toutes ces émotions floues qu’elle ressent pour lui, afin de passer une bonne journée à ses côtés.

Elle quitte la forteresse et emprunte les chemins de campagne qui mènent au moulin. Elle ne met pas longtemps à s’y rendre, environ trente minutes à pied. Elle apprécie vraiment ce temps de marche à travers la nature. Cela lui permet d’avoir un petit moment à elle, chaque jour, de respirer, de faire le vide dans sa tête.

Lucas avait raison, le froid s’installe en cette fin de novembre. Malgré l’amitié qu’éprouve la princesse pour le garçon, il est clair qu’elle n’a pas forcément envie de rester dehors toute la journée à surveiller l’âne dans de telles conditions météorologiques. Cependant, alors que ses doigts et ses oreilles prennent rapidement des tons violets dans ce froid annonçant l’hiver, Elena a le cœur chaud. Elle aperçoit le bâtiment et Lucas qui arrive du sentier opposé.

- Bonjour jeune demoiselle, dit-il d’une voix tremblante, embarrassé et ne sachant pas comment se comporter pour cette dernière journée avec elle.

- Bonjour, répond la princesse, troublée de voir un garçon hésitant devant elle. Lui qui n’a jamais eu de difficultés à la fréquenter malgré la différence de rang social qui les sépare.

La journée se déroule sans ambigüité et comme à son habitude. Le soleil se couche et il est temps pour les deux camarades de quitter les lieux. Lucas propose à Elena de la ramener. Il ne l’a jamais fait auparavant. Il sait qu’elle apprécie ce temps de marche solitaire. Mais, ce soir là, il souhaite la raccompagner. La nuit tombe et les températures chutent. Il n’est pas prudent pour elle de rentrer seule. Surprise, mais heureuse, Elena accepte. Zéphyr est attelé à la charrette qui contient divers sacs de produits céréaliers, puis les deux individus prennent place au devant de celle-ci. Ils devraient être rapidement arrivés, le chemin est relativement court. Mais brusquement, après quelques minutes, une des deux roues de la charrette se détache du véhicule et finit sa course dans un champ voisin. Lucas ordonne rapidement à l’âne de s’arrêter puis il fait descendre Elena.

- Mince, murmure le garçon en regardant l’état de la charrette. J’espère que tu n’as rien, excuse moi, rajoute-il soucieux.

- Je vais bien. Tu me fais le coup de la panne ! éclate de rire la jeune femme.

- Non, non, pas du tout, répond-il mal à l’aise. Je vais devoir retourner au moulin chercher quelques outils pour repositionner correctement la roue.

- Ce n’est pas bien grave, je peux rentrer à pied, ne t’embête pas.

- Il fait nuit et terriblement froid. Certes, tu n’es pas loin mais je ne suis absolument pas rassuré de te laisser seule regagner le château.

Le fait que Lucas soit inquiet pour elle la touche plus qu’elle ne le laisse paraître. En plus d’être beau, sympathique et travailleur, il n’a jamais manqué d’attention envers elle. Là, avec lui, au milieu de la campagne par ce début de soirée glacial, elle ne ressent aucune crainte, elle n’a pas peur. Elle sait qu’il veille sur elle, comme il l’a toujours fait.

- Accompagne-moi, je ne veux pas que tu restes seule en pleine nature, dit Lucas d’un ton sec.

- Allons-y, répond-elle. Elle ne prend pas mal le ton sur lequel il lui parle. Elle sait qu’il ne veut que sa sécurité.

Après avoir marché jusqu’au moulin avec Zéphyr, ils font le trajet inverse en direction du champ où se trouve la roue. La nuit est tombée et le froid ne fait qu’augmenter à tel point que les deux jeunes gens ne sentent plus leurs mains et leurs pieds. Petit à petit c’est tout leur corps qui se frigorifie.

- Comment allons-nous faire pour trouver cette sacrée roue ? demande Elena.

Ils se mettent à chercher encore et encore. Il fait nuit noire désormais. Sans source de lumière, il est impossible de trouver la roue. Elena commence à serrer de manière plus intense la main de Lucas. Si cette situation l’a amusée il y a encore une heure, elle commence sérieusement à être anxieuse.

- Viens, rentrons à pied jusqu’à la citadelle. Ne lâche surtout pas ma main, dit-il à la jeune femme.

- Et tous tes produits ? Et la charrette ?

- Et bien que ce soit perdu ou volé, tant pis ! tempête-t-il nerveusement. Je préfère te savoir à l’abri et en sécurité au château.

C’est en silence qu’ils rentrent jusqu’à la forteresse. Elle ne lâche pas une seule seconde sa main. Elle le regarde, même si elle ne distingue que vaguement son visage dans la pénombre. Il est son héros. Il n’a pas besoin de faire des exploits pour la captiver. Jamais, elle n’a connu un garçon aussi admirable. C’est cette nuit-là, que la jeune demoiselle ressent les premiers sentiments amoureux naissant à l’égard de Lucas. Il n’est pas un prince mais ça n’a plus aucune importance.

Enfin, ils arrivent et pénètrent dans le château. Elena souhaite que le jeune homme dorme sur place et ne reparte que le lendemain. Mais à peine elle demande à ce qu’une chambre lui soit préparée, qu’elle se retourne et constate tristement que le jeune homme s’est déjà volatilisé.

- C’est donc ainsi qu’il me dit au revoir ? pense la princesse, dégoûtée.

Elle est triste qu’ils se quittent ainsi mais elle n’oublie pas cette soirée glaciale passée à ses côtés. Lui, veillant sur elle à chaque moment, tenant sa main fermement pour ne pas la perdre. Il est l’homme qu’elle n’a jamais rencontré auparavant. Désormais, tout lui semble évident, elle est amoureuse de Lucas.

- Quand le reverrai-je ? s’interroge-t-elle.

- Ah, vous êtes là ! s’exclame ses parents qui commençaient à se préoccuper de l’absence de la princesse. Où étiez-vous ? ajoutent-ils.

- Perdue. Perdue avec une personne exceptionnelle. C’est sur ces rares mots, laissant ses parents perplexes, qu’Elena part diner pour reprendre des forces après cette soirée inoubliable.

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