10 - Victime des soldes…

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Janvier est le mois des bonnes affaires. En effet, chaque année est organisée à Cruchagne, la foire de Méridelle. Pendant plusieurs semaines, cette ville portuaire accueille le plus grand évènement, réunissant des individus du monde entier.

Après deux heures de voyage en carrosse et des embouteillages monstres sur les routes, Elena et Cunégonde arrivent enfin à destination. L’odeur fraiche et salée du bord de mer leur chatouille les narines. C’est une agréable journée qui s’annonce. Il est seulement dix heures et la place principale est déjà noire de monde. Installés depuis l’aube, tous les commerçants invitent chacun à voir leurs marchandises. Il y en a pour tous les goûts : des aliments exotiques aux tissus les plus coûteux, des animaux rares aux livres les plus savants… sans oublier les potions et grigris en tous genres. Chaque personne y trouvera son compte, dans cette multitude de produits proposés. Ce qui intéresse les deux copines sont bien évidemment les tissus, les vêtements et tous types d’accessoires. Des animations et des artistes sont également présents pour dynamiser l’ambiance de la foire et en mettre plein les yeux à tous. On peut donc trouver des jongleurs, des musiciens, des danseuses, des numéros de cirque, des hommes richement déguisés sur échasses… Cette année, il y a même deux gigantesques éléphants qui émerveillent les passants.

A peine arrivée, qu’Elena entraine son amie de comptoir en comptoir, d’échoppe en échoppe en dépensant toujours plus d’argent si bien que Cunégonde n’a même pas le temps de regarder pour elle. La jeune princesse n’est qu’une victime parmi tant d’autres. Les jeunes femmes sont les proies par excellence de cette foire. Tout est fait pour leur vendre du rêve et qu’elles achètent, souvent bien plus qu’elles en ont véritablement besoin. On vante la rareté d’un tissu, on baisse les prix, on complimente les clientes, si bien qu’elles croient faire des affaires alors qu’elles ne sont que les marionnettes d’un énorme évènement commercial.

Elena enchaine les achats depuis des heures quand soudain elle s’arrête net, laissant quelques secondes de répit à Cunégonde. Au milieu de la foule, la jeune femme semble hypnotisée par l’échoppe qui se trouve devant elle. De la dentelle comme elle n’en a jamais vue. Elle s’approche du comptoir pour regarder en détail le tissu quand une autre main attrape celui-ci.

- Euh, vous faites quoi ? demande-t-elle à l’autre jeune femme.

- Première arrivée, première servie, répond celle-ci d’un air moqueur, tout en dévisageant la princesse.

- Je suis arrivée en même temps que vous ! réplique Elena.

- Ecoutez, vous allez en faire quoi de cette dentelle ? Un napperon ? Moi, j’en ferai une magnifique robe ! dit la rivale en éclatant de rire.

Un rire et une attitude qui finissent par mettre la princesse hors d’elle.

- Alors, sois bien attentive poupée ! Si tu ne lâches pas ce tissu, je fais décapiter toute ta famille et je te fais piétiner par un des éléphants ! Compris, poufiasse ? hurle Elena.

- Calme-toi ! Il faut vraiment que tu gères ton impulsivité ! intervient Cunégonde.

La foule ne semble pas surprise de l’attitude de la princesse. Tout le monde connaît les frasques et les sautes d’humeur de celle-ci. A nouveau, Elena se ridiculise et s’affiche en public dans une situation loin d’être à son avantage.

Après quelques minutes d’altercation, la rivale lâche la dentelle et s’éloigne à la fois choquée et terrifiée. Elena prend conscience qu’elle a mal agi. Elle paie le commerçant puis s’en va avec Cunégonde, sous les regards consternés des personnes autour.

C’est devant le carrosse, qu’elles chargent de leurs achats, que les deux femmes s’expliquent.

- Ton comportement était intolérable ! dit Cunégonde, extrêmement déçue d’Elena.

- Je sais ! Je suis impulsive ! Je ne me suis pas contrôlée ! répond la princesse.

- Impulsive ? Mais c’est un dragon que tout le monde a vu s’acharner sur cette pauvre demoiselle. Pas une princesse ! rétorque sa meilleure amie. Puis, peux-tu me dire pourquoi c’était si important pour toi d’avoir ce fichu rouleau de dentelle ?

Elena n’ose rien dire mais elle s’imagine déjà dans une magnifique robe de dentelle qu’elle portera lorsqu’elle reverra Lucas. C’est gênée qu’elle termine de charger les marchandises achetées.

Le voyage est moins confortable qu’à l’aller. Les demoiselles sont à l’étroit dus aux nombreux produits qu’elles ramènent. C’est donc serrées et dans une ambiance plus que silencieuse qu’elles rentrent à la forteresse de Cruchagne.

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