5 - Mature tu seras, bonheur tu auras…

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C’est au petit matin, au chant du coq, qu’Elena se réveille difficilement.

- La ferme le poulet ! braille la demoiselle.

Attirés par les cris, un fermier, sa femme et bientôt tous les voisins de la ferme viennent entourer la princesse, encore à moitié endormie au sol. Sa robe est, par endroits, déchirée et largement recouverte de boue.

Reconnue, elle est vite escortée au château par des paysans. Honteux, le roi donne quelques écus à ces braves agriculteurs pour les remercier et surtout pour acheter leur silence sur cet épisode peu glorieux de sa fille.

- Il serait temps de prendre vos responsabilités mademoiselle ! dit le roi, exaspéré par l’attitude de sa fille. Vous avez vingt-cinq ans ! Ce n’est pas avec ce genre de comportement et ce train de vie que vous allez attirer les prétendants ! Vous êtes Princesse de Cruchagne, bordel ! s’emporte le vieil homme.

Pendant des heures, le souverain fait la morale à la future reine. Elena ne peut pas placer un mot et finit par ignorer ce que dit son père, ce qui énerve davantage celui-ci. Le monologue se termine par une porte qui claque sévèrement et la princesse se retrouve seule dans sa chambre.

Sans se remettre une seule seconde en cause, elle dort tout l’après-midi. C’est sous une pile de vêtements et d’affaires en tous genres qu’elle se réveille en début de soirée. Ne comprenant pas trop comment celles-ci se sont retrouvées sur elle, Elena sursaute d’un coup quand elle voit sa mère assise en face du lit. La reine, d’habitude d’humeur douce, a le visage crispé. Un silence glacial règne pendant quelques minutes où chacune des deux femmes se fixe du regard.

- Si votre père a échoué pour vous motiver à bouger vos fesses de branleuse, ça ne va pas être aussi facile avec moi ! dit la reine d’un ton sec.

- Mais Mère…

- Il n’y a pas de mais ! dit la souveraine en interrompant sa fille. Tu n’es plus une enfant mais apparemment tu ne sais pas non plus te comporter comme une adulte. Par conséquent, dès demain, ton père et moi arrêtons de te verser de l’argent. Dès demain, tu cherches un travail ! Cela te permettra, nous l’espérons, de découvrir la vraie vie d’adulte et d’en finir avec cette vie de débauche.

- Non mais genre, tu ne veux pas que j’aille plumer un canard en cuisine, pendant que tu y es ? La blague ! s’exclame nerveusement Elena. Je suis une princesse, une princesse ne se salit pas ! rajoute celle-ci.

- Ah parce que tu n’étais pas sale, ce matin, toute recouverte de boue et endormie au beau milieu d’une basse cour ? dit la reine en se moquant de sa fille.

Enervée, vexée et ne pouvant pas contredire sa mère sur ce point, Elena accepte de chercher un emploi.

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