Le papier

4 minutes de lecture

***

Coucou ! :)

J'arrive sûrement un peu en retard, désolé :o

C'est le premier défi que je relève ici, j'espère que vous aimerez !

***

Est-ce qu'il sait qui je suis ?

Je ne sais pas, je ne peux être sûr de rien, son expression ne me donne aucun indice. Il est comme d'habitude, ses traits ne sont pas tirés, son corps semble détendu, sa démarche n'a pas changé... Je commence à douter, là.

Pourtant, je suis sûr qu'il a trouvé le papier. Je l'ai vu le déplier et le lire, pendant que je faisais semblant de ranger mes affaires. Je ne m'attendais pas à ça... Dans mes plus beaux rêves, je l'avais imaginé se jeter sur moi dès la sortie des cours pour venir m'embrasser et me dire que les sentiments étaient réciproques. Dans mes pires cauchemars, je l'avais vu m'ignorer à jamais et m'abandonner. Mais là, je ne sais pas quoi faire : il ne réagit pas, rien n'a changé chez lui. Je n'avais pas prévu ça.

Ça fait environ cinq minutes qu'on marche, je sens que la pression est en train de monter en moi. J'ai besoin d'avoir le coeur net, je sens que c'est le moment de tout lui dire, il faut que je me lance, ça fait trop longtemps que je me cache, et j'ai trop mis d'espoirs dans cette journée pour me dégonfler au dernier moment...

— Est-ce qu'on peut s'arrêter 5 minutes ?

Mes lèvres ont tremblé quand j'ai dit ça. Je ne devrais pas avoir peur, je ne devrais rien lui montrer... Son visage reste impassible, il ne se doute de rien.

— D'accord, pas de souci ! me répond-t-il tranquillement.

On s'asseoit sur un muret situé juste à côté de nous. Je sors mon téléphone de ma poche par réflexe, et aussi parce que j'ai peur de le regarder en face, j'ai peur qu'il voie la peur dans mes yeux... Alors je me contente de baisser la tête et de me focaliser sur mon écran.

Mes mains sont moites, le détecteur d'empreintes ne me reconnaît même pas. Je tape mon code, date où je l'ai aperçu pour la première fois... Ça remonte à six mois, quand il est arrivé dans le lycée. Il avait l'air tout heureux, et il a toujours gardé le même sourire, en toutes circonstances. On s'était bien entendu dès le premier jour, et mes sentiments ont commencé à grandir, grandir, grandir...

— Tu veux me dire un truc ?

Sa voix me sort de mes pensées. Je relève bruquement ma tête et je tombe sur son regard. Ses yeux bleus me font peur, j'ai peur de voir cette lueur s'éteindre, j'ai peur de tout perdre, de ne plus pouvoir lui parler, que les choses ne soient plus comme avant... Je ne sais plus trop si je dois me lancer...

Mais avant que je me décide, il prend la parole :

— Ah oui d'ailleurs, Nathan ! Moi aussi, j'avais un truc à te dire !

Je frissonne.

— Vas-y...?

— Tout à l'heure, j'ai trouvé un p'tit papier dans mon sac, et il y avait un mot d'amour écrit dessus, un truc du genre "j'ose pas te le dire, mais je crois que je t'aime", avec un petit coeur et un "N" juste à côté. Et depuis tout à l'heure j'suis en train de me demander qui a pu m'écrire ça.

— Ah bon... Tu connais qui, dont le prénom commence par N ?

J'espère qu'il dira mon nom, puis qu'il se rendra compte. J'avoue que je n'ai pas la force de lui dire en face, j'attends qu'il le déouvre par lui-même.

— Bah... J'dirais à Noémie, mais on n'est pas si proche l'un de l'autre, ça m'étonnerait que ça soit elle. Je pense que c'est quelqu'un d'autre, mais je connais personne d'autre avec un prénom en N.

Il ne comprend pas... Je décide d'insister.

— T'es sûr ?

Il fronce les sourcils, pose son index sur sa lèvre inférieure et se met à regarder dans le vide. Il fait ça tout le temps quand il réfléchit.

— Franchement j'en sais rien... Mais vu comment tu m'parles, j'ai l'impression que t'es au courant, toi !

Je me mets à rougir, mes joues sont en train de chauffer, je sens que tout se resserre autour de moi, que le moment où il va comprendre approche dangereusement.

— Ouais, j'suis au courant, t'as raison...

— Alors dis-moi qui a écrit ce papier ! Allez, tu peux le faire pour moi, quand même !

Je déglutis, puis je me lance.

— C'est moi... dis-je, la gorge nouée.

— Ah...

Je la vois partir, la lueur de ses yeux... Je le vois détourner le regard, sans doute gêné par ce que je viens de dire. Il se mord la lèvre inférieure et soupire, pendant que je suis toujours en train de le fixer, paralysé. Je n'en ai pas besoin de plus, j'ai compris que c'était foutu, je me sens con...

— Désolé Nathan, j'pensais pas que t'étais comme ça...

— Que j'étais comment ?

— Bah... comme ça, là. Tu vois c'que j'veux dire.

— T'as honte de le dire, c'est ça ?

— Sois pas fâché, on s'entendait bien, t'étais devenu un de mes meilleurs potes, et là tu me dis qu'en fait tu... Enfin bref, t'énerve pas, s'te plaît, on peut régler ça ensemble, tu restes quand même mon pote ! Mais c'est juste qu'on pourra plus...

— Arrête de parler, c'est bon.

Je me lève d'un coup, et je commence à partir sans attendre. Je ne veux plus entendre un seul mot de sa part.

Mais il tente de m'attraper par le poignet.

— Attends ! Pars pas, j'suis désolé !

Trop tard, il en a trop dit. Je me débat pour qu'il me lâche, et je m'en vais sans un mot, parce que je suis incapable de parler. Je me dépêche de m'en aller, en priant pour qu'il ne me rattrape pas : je ne veux pas qu'il voie pas larmes, je ne veux pas qu'il voie que je suis faible. Je ne sais pas ce que je vais devenir, j'ai trop mal pour réfléchir. Je marche vite sans savoir où je vais, je veux juste m'éloigner de lui, et l'oublier...

Fin

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