Chapitre 11

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Le bruit incessant de l’alarme hurlait dans l’intégralité du sous-marin. Les marins s’affolaient sans trop savoir pourquoi. Dans cette cacophonie plus que déroutante, les matelots sortaient du Faucon habillés d’une combinaison de plongée et d’un gros harpon.

Certains ne revenaient pas, d’autres coulaient dans les profondeurs abyssales. Les Luminas nous assiégeaient. Tandis que les plus courageux tentaient de repousser ces créatures venues du diable, je me dirigeai vers la cabine de mon supérieur pour lui proposer de fuir ce carnage et de trouver une autre alternative. Ce n’était pas normal que le chef ne donne aucun ordre.

Le sous-marin tanguait. L’eau destructrice, causée par ces poulpes géants, nous faisait basculer, ce qui permettait à tout le monde de reprendre conscience une fois tombés à terre. Je continuai mon ascension vers le chef de bord dans un long couloir bleuté éblouit par une couleur océane noirâtre qui filtrait au travers des hublots. Le sang se versait par litres et l’effectif du Faucon diminuait considérablement.

Arrivé devant la porte de son bureau, je m’aperçus que cette dernière était entrouverte. Je la poussai légèrement dans un grincement ahurissant. Le spectacle que je voyais était impressionnant : le chef, muni d’un revolver, allait se mettre une balle dans la tempe.

Pour ne pas qu’il effectue un faux mouvement et appuie sur la gâchette de son pistolet, je lui parlai calmement :

— Monsieur, posez cette arme, il faut fuir et sauver l’équipage. Il y a eu suffisamment de morts comme ça pour aujourd’hui. Les Luminas nous exterminent par dizaines.

Sans me parler, il me montra une feuille où toutes les réponses à des années d’incompréhensions étaient écrites. Un navire et un sous-marin de renommés internationales s’étaient portés volontaires pour acheminer tous les produits secrets d’un laboratoire vers une base militaire.

— Laissez-moi me donner la mort, s’il vous plaît. Je n’ai pas d’enfant. Je veux répondre de mes erreurs et de mes crimes en honorant ma mort. Je n’aurais jamais dû accepter cet accord avec ce laboratoire scientifique. À cause de moi, les Luminas sont venus au monde et jamais je n’aurais cru que l’aide demandée par les scientifiques était destinée à créer des monstres de la sorte. Jamais je ne me le pardonnerai. Fermez la porte s’il vous plaît et laissez-moi mourir dignement. Merci.

J’admirai cet homme chauve et respectueux, abattu et accablé par des génies trop ambitieux. Je ne pouvais pas le haïr bien que tout ce massacre vienne de sa signature. Il n’était pas le protagoniste de cette mascarade. Avant de sortir de la cabine de mon chef et voir une dernière fois son visage simplet, je lus entre les lignes la feuille qu’il m’avait transmise.

Tout s’éclaircissait à présent ! Les scientifiques avaient demandé au Gerrego et au Faucon de transférer leurs créations dans la discrétion la plus totale. Manque de chance, la cargaison d’un des deux transporteurs à dû tomber à l’eau et créer ainsi les Luminas.

Quand je lus les dernières lignes, paradoxales aux précédentes, les larmes jaillirent au moment où j’atteignis le point final. En réalité, c’était plus qu’une simple entraide entre des navires et des scientifiques. Il s’agissait d’un test de durée indéterminée. Les Luminas étaient voulus ! Le traitement qui avait donné ces monstres de l’océan s’appelait le Luminasiprobopène. Pourquoi avaient-ils fait ça ? C’était ce que je voulais découvrir.

Le sous-marin prit subitement un élan et s’enfuit en traversant la couche d’eau infinie.

Lorsque j’eus fermé la porte, un bruit sourd retentit dans la cabine. Le chef venait d’achever sa pensée. À moi de réaliser la mienne !

Les matelots encore vivants accoururent dans le bureau du chef défunt.

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