Chapitre 1

3 minutes de lecture

Un bateau immense se tenait là, devant moi, tanguant au rythme régulier des vagues s’écrasant contre le ponton. Il paraissait indestructible avec ses mâts de plusieurs mètres de haut. La peinture marron écaillée prouvait l’ancienneté du navire. Sur sa coque figurait un écriteau blanc : Gerrego.

Les voiles noires et le corps noisette, c’était la description parfaite du rêve de chaque enfant scolarisé. L’élite de l’élite étudiait à bord de cette armature flottante pendant une année complète. Se déroulait là une formation des plus qualifiantes et des plus prestigieuses qu’un homme puisse avoir. Oui, aucune femme ne circulait à bord, ni même dans le monde entier à cause d’une maladie développée dans les ovaires. Un virus contagieux… et mortel. Nous utilisions donc les méthodes scientifiques pour donner la vie et continuer de créer des hommes, mais plus aucune femmes n’étaient mises au monde pour éviter de nouveaux décès.

J’avais décroché mon contrat pour obtenir une place à bord de ce paquebot en me donnant corps et âme pendant ma dernière année de troisième. Je rentrais au lycée sur ce bateau !

Je me pressai de monter les nombreuses marches qui menaient sur le pont principal, après avoir contemplé une énième fois la structure du navire. J’étais dans ma nouvelle école ! Il fallait que j’arrive à être parmi les meilleurs pour pouvoir travailler à bord du Faucon, le plus beau, le plus grand et le plus impressionnant des sous-marins de guerre. Il combattait nos seuls et uniques ennemis : les Luminas.

Il s’agissait de créatures marines que personne n’avait jamais vraiment vues. Seulement des hypothèses, des photos truquées et autres calamités comméraient à leurs sujets. L’unique chose qui confirmait leur existence résidait dans la mort de beaucoup de marins et la destruction de plusieurs bateaux de façons plus que mystérieuses. Les hommes étaient déchiquetés ou démembrés et les bateaux sombraient dans l’océan en morceaux. En d’autres termes, si un homme croisait sa route, il n’en revenait généralement pas vivant…

Je tendis mon billet d’embarquement au contrôleur, posté à la sortie des escaliers, qui affichait un air morne. À peine mes premiers pas furent-ils effectués sur le sol du Gerrego, qu’un homme d’une cinquantaine d’années boitilla dans ma direction. Il arborait une longue barbe blanche, qui rejoignait ses cheveux coupés courts de même couleur, ainsi que des habits bleu marine.

On était en septembre. Le soleil m’éblouissait jusqu’à ce que le vieil homme se place devant ses rayons. Il me dépassait d’au moins une tête et demie, peut-être deux. Il brisa le silence, qui s’insérait entre lui et moi, d’une voix plus douce que je ne le pensais :

— Bonjour moussaillon, tu es notre dernier élève à embarquer à bord du Gerrego, alors ne traîne pas trop. Va t’installer avec les autres, me dit-il en pointant son doigt en direction d'une porte présente sous le gaillard d’arrière. Je vais vous expliquer les objectifs de l’année pour chacun d’entre vous.

J’acquiesçai en silence et allai m’asseoir sur l’ultime chaise vide plantée de la salle.

Le vieux monsieur se mit devant le premier rang, face à nous, de manière à ce que nous puissions le voir et l’entendre.

— Bonjour messieurs, je suis le capitaine Hitch et vous souhaite la bienvenue sur le fabuleux navire qu’est le Gerrego. Tout d’abord, félicitations ! De par votre comportement exemplaire et vos excellents résultats, vous avez la chance de pouvoir vous former tout le long de l’année scolaire à bord de la meilleure école. Au mois de juin, vous passerez votre seul et unique examen qui permettra de vérifier vos connaissances acquises durant cette formation. Cependant, méfiez-vous !

Il nous fixa tous avec des yeux tellement ecarquillés qu’on avait l’impression qu’ils pouvaient sortir de leur orbite. Il continua son discours en reprenant une tête normale :

— Ce n’est pas une école comme les autres. Elle est dangereuse ! Chaque année, les élèves prennent la mer sur ce bateau, mais peu en reviennent ! Je vous informe des risques encourus pour que vous preniez une ultime décision : Voulez-vous faire un voyage de connaissances possiblement sans fin ou vous résigner et continuer des études normales peu gratifiantes ? Ce choix vous incombe à présent.

Annotations

Vous aimez lire Valanaire ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0