XXXI

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Point de vue Vincent :

Adèle est partie au toilettes je crois, en tout cas, je suis avec son frère et son père. Celui-ci me tire dans le couloir, à l’écart de Gérôme, le frère.

-Vincent, je peux te tutoyer maintenant ?

-Oui monsieur, bien sur. Je lui réponds poliment.

-Tu peux m’appeler Frédéric. Je voulais juste te dire, te remercier plutôt. Ca fait très longtemps qu’Adèle n’a pas eu d’amis et toi mon gars, elle t’aime beaucoup. Je te remercie de contribuer à son bien-être, surtout en ce moment. T’es un bon gars. Merci. Me dit-il avant de me donner une tape amicale à l’épaule.

-Merci mais le mérite n’ai pas pour moi. C’est le hasard qu’il faut remercier. En tout cas votre fille est tellement courageuse, c’est incroyable !

-Je te fais confiance bonhomme, ne la blesse pas, c’est tout ce que je te demande.

-Jamais de la vie monsieur.

-Frédéric.

-Monsieur Frédéric. Son père me souri, je le lui rends. Elle a de la chance d’avoir une famille comme ça. Il me tapote l’épaule puis s’en va. Je rejoins son frère et Adèle reviens.

Point de vue d’Adèle :

-Ba il est passé où papa ? Je demande aux garçons. Gérôme me répond.

-Il est partie au resto’, y a beaucoup de monde en ce moment ! Il te dit bonne nuit !

-Ah, oui ok. Gérôme, j’ai besoin de toi du coup.

-Qu’est ce que je peux faire ? Demande-t-il en s’essuyant les mains après avoir fait la vaisselle.

-J’aurais besoin d’aide pour mettre le matelas, tu sais celui qui est sous mon matelas, c’est pour Vincent ! Vincent recommence à contester.

-Non Vincent, tu ne dormira pas sur le canapé !

-T’as raison, je monte t’aider. Me dit mon frère. Nous montons les escalier et entrons dans ma chambre. Assis-toi, c’est pas à toi de faire ça. M’ordonne-t-il. Je ne conteste pas, quand mon frère ordonne, j’exécute. Je m’assis donc à ma chaise de bureau, la main naturellement posé sur mon ventre. Je vois les deux hommes soulever le matelas de mon lit, tirer l’autre et le poser par terre, à côté de mon lit. Je remercie mon frère, il nous souhaite bonne nuit, dépose un baiser sur mon front et disparait de la chambre. Il ne reste plus que Vincent et moi. Je lui prête un jogging et un haut comme pyjama et je lui prête une brosse à dents. Nous nous couchons quelque minutes plus tard. Il me chuchote bonne nuit et ferme les yeux.

Point de vue Vincent :

Je souhaite bonne nuit à Adèle, elle fait de même et s’endort. Je la regarde, elle est tellement belle quand elle sort. Elle doit être dans un monde si beau, si doux. Le sommeil vient me chercher peu à peu, je m’endors, quittant temporairement ce monde de brute. Je cauchemarde encore une fois, un cauchemar qui revient trop souvent. Je suis dans une petite pièce, noir, très noir. Le sol est froid, glaciale. On m’a attaché les mains avec des menottes, j’ai quatre ans. J’entends des voix derrière un mur, des voies d’homme dont une que je connais bien : mon père. Une porte s’ouvre et un des deux hommes entre. Il enlève son pantalon et commence à me tripoter, je lui demande d’arrêter mais il continue. Ces yeux brillent, c’est la seule chose qui brille dans cette pièce sombre. D’autres hommes viennent dans la pièce, je ne suis plus qu’un jouet, il font des choses avec mon corps que je ne pourrait pas décrire… J’ai quatre ans.

Je me réveille en sursaut, des gouttes perlent sur mon front, je reprends mon souffle, Adèle est à côté de moi, complètement paniquée.

-T’as fait un cauchemar, tu criais. J’arrivais pas a te réveiller ! Me dit-elle, toujours aussi paniquée. Je m’assis sur le matelas et essuie d’un revers de bras mon front. Je reprends mon souffle en quelque seconde, Adèle est toujours à côté de moi.

-T’inquiètes pas, c’est juste un mauvais rêve. Je lui dit, elle n’est toujours pas rassurée.

-Tu criais tellement, qu’est-ce qu’ils t’ont fait mon dieu ?! Me dit-elle, terrifié. Par l’ampleur des choses qui sont arrivées. Je la regarde, elle est terrifiée, tellement inquiète. Elle me regarde, je la regarde toujours. Et, comme ça, je la prends dans mes bras tel un enfant bafoué qui a besoin d’un peu de tendresse. Je la serre fort, mon nez est dans son cou, ces cheveux sentent bon. Elle me comprend et pose ses bras autour de moi. Je me calme, je suis bien comme ça. Elle me borde comme une mère.

Point de vue Adèle :

Il s’est réveillé de son cauchemar. Il est dans mes bras, il se calme. Je caresse ces cheveux, il a besoin d’aide, tellement besoin d’amour. Comment peut-on faire du mal à un enfant ? Comment ? Il se calme, moi aussi par la même occasion. Il me chuchote un merci à l’oreille. Je ne lui réponds pas, il souffre tellement derrière son masque, je le sais. Nous nous détachons, il retombe dans son lit.

-Retourne dans ton lit, si ton père nous voit, il va me tuer. Plaisante-t-il. Comment peut-il plaisanter ? Je conteste mais comprends que ce n’est pas la peine. Je remonte alors dans mon lit, il me remercie une dernière fois et se rendort. Comment peut-il se rendormir après un tel cauchemar. Je me pose tellement de question, des questions qui resterons sans réponses, et m’endors à mon tour. Le lendemain matin, je me réveille à neuf heures et demie, c’est le week-end. Je me tourne pour voir Vincent mais je vois juste un matelas, vide. Je me lève précipitamment, il n’est pas dans la chambre. Je commence à allez vers les escaliers lorsque je vois sa blonde tête y sortir.

-Tiens bonjour mademoiselle ! Me dit-il souriant. Il a un plateau dans les mains sur lequel on peut voir deux croissants, un verre de jus et un petit peu de beurre dans une assiette. Je reste immobile devant lui. Le petit garçon effrayé de la veille a disparu, il a été remplacé par un jeune homme souriant, de très bonne humeur.

-A la base, t’étais censée dormir, je t’aurais rapporté le plateau que j’aurais posé sur ta table de chevet et je t’aurais doucement réveillée. C’était le plan initiale mais apparemment il y a changement de plan ! Reprend-il. Je suis toujours aussi consternée par sa bonne humeur. Bon tant pis, je pose ça là, tu viens ? Me demande-t-il en posant le plateau à l’endroit initialement désigné. Il prend un croissant et le verre de jus qu’il me met dans les mains. ‘’Allez zou ! Cul sec !’’ me dit-il. Je finis par m’asseoir sur mon lit, à côté de lui.

-Mais… hier…tu…

-Hier est hier, aujourd’hui est aujourd’hui, il fait beau, profitons-en.

-Mais…

-Non Adèle, s’il te plais, stop.

-Ok ok. Dis-je en voyant que ce n’est pas la peine de discuter. Je mords dans le croissant, il est extra. Vincent fais de même avec le sien et nous mangeons le petit déjeuner comme ça. Ce furtif repas terminé, je pars m’habiller, comme tous les jours, sweet et pantalon.

-Tu veux pas changer de vêtements des fois ? Me demande-t-il.

-Nan, c’est finit tout ça, je suis trop grosse maintenant.

-Arrête un peu ! Toute les femmes enceintes sont grosses, ça ne les empêche pas de bien s’habiller.

-Nan, je préfère pas.

-Bon, dommage. Dit-il avant de tomber dans mon lit. Je m’installe sur la chaise de bureau.

-Tu en es à combien déjà ? Me demande-t-il.

-Sept mois. Dis-je. J’ai passé l’écho jeudi, c’est pour ça que j’étais pas là.

-Ah ok.

-Apparemment, il est un peu plus petit que la normale… pourquoi je parle de ça déjà ? Oublie ce que je viens de dire. Dis-je en pensant que ce n’est pas le meilleur des sujets de discussion.

-Non non, t’as envie d’en parler c’est normale.

-Non, c’est pas une bonne idée. Changeons de sujet si tu veux bien.

-Ok, comme tu veux. Nous changeons de sujet et discutons un peu de musique et la journée passe. Le midi, nous mangeons du riz avec sauce soja et jouons un peu au poker, sans miser d’argent bien sûr, lorsqu’une sonnerie retentit. C’est le portable de Vincent, il regarde qui l’appelle, reste quelques secondes immobile et pose son jeu. Je vois marquer papa sur son téléphone, il prend l’appel.

-Allô ?

-QU’EST-CE QUE TU FOUS ?! T’ES PASSE OU HIER ? J’AVAIS BESOIN DE TOI TROU DU CUL ! TU RAMENE TON CUL IMMEDIATEMENT SINON… La personne au bout du fil ne termine pas sa phrase. Sa voix est glaçante, elle me fait peur tandis que Vincent lui, ne réagis pas.

-Oui oui j’arrive. Répond-t-il.

-T’AS INTERET FILS DE PUTE ! La personne raccroche. Je suis choquée par la réponse de Vincent et par l’attitude du père.

-Dis-moi que tu n’y retourne pas ! Je le supplie. Il me regarde, souriant.

-T’inquiètes pas, je gère.

-Tu gères rien du tout. Et si ça recommence ? Et si cette fois c’est pire ?

-Ca m’étonnerais qu’il fasse pire. Dit-il avec un soupçon de plaisanterie. Non je dois y aller, mais merci pour cette nuit. Je le supplie des yeux mais il n’en fait rien et se lève et se dirige vers l’escalier. Je comprends qu’il ne faut pas continuer.

-Attends alors. Lui dis-je en allant dans la salle de bain. Je reviens avec la crème à bleu. Tiens, garde-la. Il accepte.

-Merci. Me dit-il en dessinant un léger sourire avec ses lèvres.

-Tu, tu m’envoies des messages, je veux te voir lundi en bon état. S’il te plais, te laisse pas faire ! Je suis là, la porte est grande ouverte si tu as besoin ! T’es sûre qu’il faut que tu y ailles ? Je lui demande une dernière fois. Il me prends la main.

-Je serais là lundi, promis. Me dit-il avant de descendre les escaliers, son sac de cours presque vide sur le dos. Je l’accompagne à l’entrée, inquiète. Il ouvre la porte, me fait un signe de la main avant de dire ‘’à lundi’’ que je perçois comme une dernière parole.

-Attend ! Je lui dis avant de tomber dans ses bras. ‘’je reviens, promis’’ me glisse-t-il à l’oreille, il me déloge de ses bras et ferme la porte. Il est partit. Je m’effondre par terre, je sais ce qu’il va se passer. Mon frère me vois et courre m’aider mais il n’y a rien à faire, Vincent est partit.

-Adèle ? Qu’est ce qu’il y a ??? Demande-t-il, inquiet. Je pleure d’horreur, de peur, de haine…

-Il… il… il est partie… Mon frère ne comprends pas. Il… il va encore se faire maltraité… Je réussi à dire entre deux sanglots.

-Quoi ? Je comprends pas Adèle ! Calme-toi s’il te plais, s’il te plais, calme ! Répète-t-il, je suis inconsolable mais les sanglots cessent. Nous sommes toujours par terre, dans l’entrée, je me calme. Attends, je vais chercher des mouchoirs, me dit mon frère en me laissant quelques secondes. Il revient avec la boite entière et m’en donne quelque uns que j’utilise tout de suite après. Une fois les pleurs arrêtés, mon frère me demande ce que j’ai dit.

-Vincent, il, il est rentré chez lui !

-Oui, c’est normale, il rentre chez lui comme tout ados ordinaire !

-Tu comprends pas ! Chez lui, c’est l’enfer !

-Qu’est ce que tu veux dire ?

-Son cocard, ses blessures, tout ça s’est son père qui lui a fait ! Il rentre chez son lui, ça va recommencer !

-Il nous a dit qu’il s’était bagarré avec des gens pas très recommandable.

-Il dit ça à tous le monde, c’est pas vrai. Je sais pas pourquoi il ment, c’est pas vrai !

-Mais là, il est partit, on ne sait pas où il est Adèle. C’est trop tard ! J’éclate à nouveau en sanglots, mon frère s’excuse et tente de me calmer. Soudain, je vois des tâches noir brouillées ma vue, j’ai chaud, mes oreilles bourdonnent et tout devient noir. Je reprends mes esprits quelques secondes plus tard, mon frère est complètement paniqué, je suis dans ses bras.

-Adèle ? Adèle ? Tu m’entends ? Adèle ? Me répète-t-il.

-Oui, Gérôme ?

-C’est moi ! T’es tombée dans les pommes Adèle ! M’explique-t-il, j’ai cru comprendre. Je te ramène dans ta chambre et tu te reposes. Toutes ces émotions, c’est pas du tout bon pour toi et le bébé ! Me dit-il en me prenant dans ces bras. Je me recroqueville à nouveau dans ses bras, il monte les escaliers de ma chambre et me pose dans mon lit avant de poser le drap sur moi. Je l’entends allez dans la salle de bain, sortir quelque chose d’un tiroir et l’imbibé d’eau du robinet. Je le vois revenir avec un gant mouillé qu’il me pose sur la tête. Ca me fait du bien, mes paupières sont lourdes de fatigue. Elles se ferment, la fatigue m’emporte, je m’endors à moitié. Je pense à Vincent, que ressent-il ? Que lui fait son père ? Va-t-il bien ? Est-il vivant ? Ses questions me torturent l’esprit, j’ai peur, si peur pour lui. Les heures passent dans la peur et la crainte jusqu’à ce que mon père monte les escaliers et se précipite vers moi.

-Adèle chérie, Gérôme m’a dit ce qu’il s’est passé cet après-midi. Tu vas mieux ???

-Ca va mieux… papa, ca va mieux… Il s’assoit sur mon lit, à côté de moi.

-Tu y tiens beaucoup à ce jeune homme ! Me dit-il l’air de demandé pourquoi.

-Je… il était là quand… c’est grâce à lui que je suis encore vivante. Lui dis-je.

-Tu l’aimes beaucoup.

-Papa, il souffre et pourtant, il ne cesse de sourire !

-Il souffre, Gérôme m’a répété ce que tu lui a dit. Tu pense qu’il se fait taper dessus par son père ?

-Papa… c’est pire que ça. Dis-je tristement.

-Comment ça s’est pire ? J’hésite à lui répondre. Est-ce que Vincent aimerais que je dise à mon père, je ne pense pas. A sa place, j’apprécierais surement pas ça. Je décide de ne pas répondre.

-Adèle ? Soit tu en as trop dit, soit tu en a pas assez dit.

-Papa… il aimerait pas que je te le dises.

-Sa vie est en danger ???

-Je sais pas papa, je sais pas. Dis-je en éclatant en sanglot, encore une fois. La fatigue ne m’aide pas non plus.

-Chérie non, désolé, désolé, repose-toi, repose-toi. Me dit-il. Je ne cesse de penser à lui.

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