XXIX

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-Ah, euh oui ? Qu’est-ce qu’il y a ?

-Je, j’aimerais savoir, c’est délicat… Dis-je d’une petite voie.

-Oula, toi ça ne va pas fort ! Tu sais quoi, j’arrives !

-Hein ? Non attends !!! Il n’a pas du m’écouter puisqu’il a raccroché tout de suite après. Quelle andouille ! Une dizaine de minutes plus tard, on sonne à la porte. Je descends et l’ouvre. Surprise, Vincent !

-Tiens regarde, j’ai tout ce qu’il faut pour se remonter le moral. Dit-il en montrant le paquet de marshmallow et les deux canettes de coca cerises.

-Je t’ais dit de ne pas venir !!!

-Je sais, mais ça va pas fort, c’est pour ça que tu m’as appelé non ?

-Non, bon, rentre ! Lui dis-je en le laissant entrer.

-Ta chambre dois-être là-haut si je me rappelle bien. J’y vais ! Dit-il sans gêne, en montant les escaliers.

-Attends ! Il ne m’écouta pas et continua sa route, je le laissais faire et le suis. Arrivés dans ma chambre il s’exclame.

-Pas mal ici !

-Bah, vas-y installe-toi. Lui dis-je, il n’a presque pas attendu que je le lui propose qu’il était déjà assis sur mon lit !

-Bah ? Tu viens pas ? Ma demande-t-il en ouvrant les deux canettes de soda.

-Si si, j’arrive. Dis-je en le rejoignant.

-Allez tiens, santé ! Me dit-il en trinquant ma canette qui a atterrit je ne sais comment dans mes mains. Je lui souris, il à l’air content.

-Tu sais, quand je t’appelles, ‘faut pas forcément que tu viennes chez moi !

-Tu te sentais mal, ca s’entendait ! Et comme un bon ami, je suis venu. Dit-il en ouvrant le paquet de friandise. Tu voulais me dire quoi ? Je me rappelle du sujet de discussion qui aurait du avoir lieu par téléphone.

-Je…

-Tu peux tout me dire, c’est à ça que sert un ami !

-Oui oui c’est vrai. Je prends mon courage à deux mains et débute le vrai sujet.

-La dernière fois au cabanon tu te rappelles ?

-Oui ?

-Tu as parlé de foyer familiaux… Ca, ca se passe comment en fait ?

-Ah, oui je vois. En fait c’est simple. On envoi les enfants dans une sorte de grande maison où on prend soin d’eux et puis on essaye de leurs trouver des familles d’accueils.

-Et, et ils sont aimés ?

-On peux tomber sur des familles très équilibrées, bien que ça ne court pas beaucoup les rues, comme tu peux tomber sur des familles pas très bonne.

-Tu, tu disais qu’on te trimbale de foyer en foyer tout le temps, pourquoi ? Y a une durée limite ?

-Oui. En fait, dès que tu rentre, on t’inscris dans les semaines qui viennent dans une liste d’adoption et en attendant de trouver une famille adoptive, on t’envois dans une famille d’accueil. J’écoutais tout ce qu’il me disait. Une question me brulait les lèvres.

-C’est… c’est pareil pour un nourrisson ? Demandais-je.

-Ah, oui, je crois. Mais normalement t’as deux mois, j’crois, pour réfléchir et le récupérer. Tu ne t’es toujours pas décider c’est ça ?

-Hmm. Je sais pas quoi faire. Dis-je en buvant une gorgée de coca.

-Tu as encore le temps, au pire tu sauras le moment venu.

-J’espère, j’espère.

-Dit, pourquoi t’as quitté le cours d’histoire ? Me demande-t-il, la bouche rempli de deux ou trois marshmallow.

-J’avais un rendez-vous médicale.

-Ah d’accord. Tout va bien ? Dit-il en regardant mon ventre.
-Oui, oui, tout va bien.

-C’est pour ça toutes ces questions ?

-Un peu… En fait je suis complètement perdue. Je sais pas ce que dois faire, j’arrives pas à me décider…. A ce moment là, j’éclates en sanglots.

-Eh oh, c’est pas grave ! Tente de me réconforter Vincent.

-Mais si ! Dans quelque semaines il sera là, je ne sais pas ce que je vais faire de cet enfant et j’ai rien préparé au cas où, je fais toujours des cauchemars de ce qu’il s’est passé… Je suis tellement nulle !!!

-Mais non, mais non ! Arrête de pleurer. Tu es la fille la plus courageuse que j’ai connus !

-T’as pas du en connaitre beaucoup alors !

-Faux, enfin peut-être. De toute façon on parle pas de moi, mais de toi ! Je me calme, et m’excuse.

-Désolé, c’est les hormones, des fois je n’arrive plus à me retenir.

-Ca va t’inquiète !

-Comment t’as réussi à tourner la page ??? C’est tellement difficile. Dis-je en me mouchant.

-Tu sais, j’ai été conditionné dès mon plus jeune âge, j’ai fait beaucoup de cauchemar, j’en fait toujours encore aujourd’hui. Essayer de se reconstruire après ça, c’est dur. Tu dois le savoir. Il faut juste accepter et vivre avec. Tu vas y arriver j’en suis sûr. Pour toi, pour lui… ou elle. Me dit-il en pointant mon ventre du doigt. Je me suis blottit dans son épaule, je ne pleure plus.

-Merci, merci d’être là Vincent.

-C’est normal Adèle, c’est normal. C’est ce que font les amis quand ils ne vont pas bien. A ce moment là, j’entends le bois de l’escalier craquer. Je me redresse tout de suite après. La vieille tête de mon père apparait. Vincent se lève.

-Bonjour jeune homme.

-Bonjour m’sieur. Mon père me regarde, il attend des réponses. Je me lève moi aussi, un peu plus lentement que Vincent et les présente.

-Papa, Vincent, un…ami. Et Vincent, mon père.

-Enchanté. S’exclame Vincent en souriant. Le visage de mon père s’éclaircit, je distingue même un sourire.
-Enchanté. Bon je vous laisse, j’ai des pizzas à sortir du four. Oh mais d’ailleurs, reste manger avec nous Vincent, tu vas pas rentrer chez toi le ventre vide à cette heure ?! Allez c’est décidé, enfin avec l’accord de tes parents bien sur. A tout à l’heure les jeunes ! Dit-il en disparaissant de la chambre.

-Sympa ton père !

-Oui, tu sais t’es pas obligé, si tu veux pas rester c’est normal.

-Non non, c’est bon, en plus je sens qu’on va bien s’amuser ton père et moi ! Il sourit, je souris aussi. Nous rigolons ensemble encore un peu et mon père nous appelles pour le diner. Gérôme vient de rentrer, il est encore dans le vestibule.

-Tiens tu as ramené de la compagnie, c’est bien ! Dit-il en voyant Vincent. Ils se présentent et nous sommes prêts à manger. Le diner se passe très bien et vers dix heures, il se termine. Je raccompagne Vincent à l’entrée.

-Merci pour cette soirée, ta famille est très sympa ! me dit-il.

-Non c’est toi que je dois remercier. Merci, à demain. Lui dis-je, il semble hésiter et repart de chez moi, content. Moi, je rentre chez moi et finit de débarrasser la table.

-Il est sympa ton copain. Me dit Gérôme.

-Ouai, il est sympa. Allez bonne nuit tout le monde, je suis ultra fatiguée !

-Mais y a le nouvel épisode de Fort Boyard qui passe à la télé !

-Pas grave, tu me diras demain ce qu’il s’est passé.
-Bon ok. Je dépose deux bisous sur sa joue et deux sur celles de mon père avant de remonter dans ma chambre.

Je me réveille de bonne heure le lendemain. Je ne suis ni en retard ni en avance, timing parfait ! Je me prépare et part au lycée. Le bus est long, j’ai mes écouteurs enfoncé dans les oreilles. J’arrive à temps et les cours commencent. Je ne vois pas Vincent des deux premiers cours. Il est dix heures, c’est la pause de quinze minutes, je cherche Vincent des yeux, il n’est pas là. Soudain, je le vois arriver, fatigué, il a un cocard à l’œil, un autre bleu à la main et la lèvre bléssé. Il rentre dans le lycée, et ressors dans la cour comme un vrai zombi. Inquiète je me dirige rapidement vers lui. Avant que je ne l’atteigne, je le vois se faire bousculer, il sursaute, je vois dans ses yeux de la terreur, une terreur que je connais que trop bien qu’est ce qu’il s’est passé ?

-Vincent ?! Je m’écris en pausant ma main sur son épaule, essoufflée. Qu’est-ce qu’y s’est passé ??? Lui dis-je en appuyant sur son épaule de façon à ce qu’il soit face à moi et non pas dos à moi. Devant lui, je vois son énorme cocard, il a la lèvre un peu verte et une blessure rouge à la tempe. Je le dévisage, où est passé ce sourire plein de vie d’hier, où sont passés les yeux pétillants de la veille ? J’essaye de comprendre, ou alors j’ai compris et je ne veux pas l’accepter. Je finit par comprendre ce qu’il s’est passé et le prends dans mes bras. Ca m’a pris quelque secondes. ‘’Ca va aller’’ je lui chuchote à l’oreille. Il est pourtant un peu plus grand que moi mais il réussi à se cacher au creux de mon épaule. Le monde autour n’existe plus, les gens disparaissent, les yeux aussi. Ces plaies se ré-ouvrent, je le pose sur le banc le plus proche, c’est-à-dire le vieux chêne et sors un mouchoir de mon sac. Je l’imbibe d’eau avec ma gourde et essuie délicatement sa lèvre.

-Ton père ??? Il a recommencé ??? C’est ça ??? Je lui demande. Je comprends par son silence que c’est encore pire que ce que je pensais. Il l’a violé. Vincent me prends le mouchoir des mains et s’essuies tout seul la bouche.

-C’est bon, t’inquiètes pas, c’est pas bon pour toi, ca va. Me dit-il.

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