The Cave : Prologue

« - Bon, la machine à pression, j’t’ai déjà expliqué : En un seul coup pour pas troubler la mousse, utilises les 2 premières manettes vers la gauche, la 3e à un peu de jeu. La caisse : quand t’y est pas tu fermes avec la clef et tu la mets dans la poche intérieure de ton gilet. Surtout pas de chèques, que du liquide, c’est ce qu’on vends, ils nous payent avec. C’est ton premier travail de barman tu m’as dis, tu penses pouvoir t’en sortir ?

-Oui m’sieur.. J’ferais de mon mieux en tout cas. Le patron lui jeta un bref coup d’oeil puis pris deux verre à shot derrière le comptoir qu’il remplit de tequila Casa Dragones Blanco avant d’en tendre un à son nouveau barman.

-Ça c’est pour être plus bavard avec les clients, j’te fais confiance gamin. Le jeune barman contempla la liqueur d’aguave tequilana disparaître sous la barbe velue du patron avant d’avaler son propre shot. Allez bonne chance, lui dit-il laissant au passage une tape sur son épaule. Tu passeras à la fin de ton service que j’te donne le blé pour ton transport. Oublie pas de laver nos verres.

Il s’y affaira aussitôt, et dès 20h, les deux premières manettes vers la droite de la machine à pression commencèrent à être sollicitées, c’était l’heure des sorties entre amis, le bar était occupé, mais pas invivable, il restait encore des tabourets près de lui. Le bruit était instable mais avec un ton chaleureux et joyeux, un groupe de jeunes filles avait déjà le nez rouge, elles rigolaient bruyamment, sans complexes. Symétriquement, deux collègues de travail étaient assis face à face, un homme et une femme, celle-ci n’avait pas vraiment touché à sa mousse et affichait une mine dépitée et dégoûtée à la fois, l’homme ne s’en préoccupait qu’à moitié, il regardait de temps en temps la femme qui venait d’être servie au bar, mature, elle devait avoir la quarantaine passée et était sans doute consciente d’être devenue le fantasme de beaucoup d’homme, elle a néanmoins gardé son alliance ce soir.

Vers 21h, le pianiste arriva, il se présenta au barman.

-Le patron m’a engagé il y a une semaine, il a une idée de groupe de bossa nova derrière la tête. Je lui ai dis que c’était une musique de café; le jazz, le blues, c’est mieux pour ce genre d’endroit, mais il n’ a rien voulut entendre. J’tiens quand même à ce contrat fils, déjà parce que j’me fais 350 couronnes en une nuit.Dit-il en se roulant littéralement une pelle, en une expression d’ostentation hilarante. Mais en plus j’ai droit à deux Fish House Punches en prime par représentation, et ça, j’y tiens ! Son humour pince sans rire vola un gloussement au barman.

-T’as été drôlement léger sur le Brandy de pêches mon garçon

-Ah excusez moi, j’en fais pas souvent, donnez votre verre j’vais vous en remettre. Il repoussa sa main et eu un geste de protection pour sa liqueur, comme s’il protégeait les yeux d’un enfants.

-Ça ira bien comme ça, note le juste pour une prochaine fois, d’accord ?

-D’accord.Dit-il en demi-sourire

-Bon moi j’monte sur le plateau.

-Sur l’estrade vous voulez dire ? Dit le barman en fronçant comiquement les sourcils.

-Le plateau, l’estrade, la scène, on a pas vraiment idée de ce que sont les choses dans cette cave. Dit-il en s’éloignant. »