Aventurier

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Il s’ennuyait. Cela faisait des mois qu’il n’était pas tombé amoureux. Il était en manque. Il avait besoin, régulièrement, de s’éprendre d’une femme, de penser à elle en permanence, d’espérer la voir chaque jour, de passer du temps à ses côtés. Même la rédaction de poèmes lui manquait.

Il était retourné en Orient, c’était déjà ça. Actuellement, il se trouvait dans la salle commune d’une auberge. C’était la fin de l’après-midi, et il se demandait à quoi il allait occuper les prochaines heures. Il avait pris place à une table, et cherchait l’inspiration pour composer un air. Mais la partition posée devant lui demeurait désespérément vide. Il demeurait dans cet état passif depuis trop longtemps, et cherchait un moyen de s’en sortir. Il avait espéré que son luth l’aiderait à se changer les idées, cependant il en avait assez de rejouer les mêmes mélodies, et ne parvenait pas à en inventer de nouvelles. Il lui semblait être arrivé à un point de rupture et espérait trouver quelque chose pour faire évoluer sa situation. Peut-être que la suite de son voyage lui apporterait une solution. Il avait pour l’instant un peu flâné d’un désert à un autre, profitant en solitaire de couchers de soleils sur les oasis, de caravanes de dromadaires dans le lointain, de dunes sous les étoiles, et de saveurs de thé et de pamplemousse. À présent, il s’apprêtait à orienter son voyage plus directement vers Jérusalem. Il prévoyait d’y visiter les hauts lieux de pèlerinage, par curiosité, et de tirer parti de l’activité de la ville pour renouer avec ses habitudes.

« Naggaï ? »

Il releva la tête vers la personne qui venait de l’appeler. Il avait réagi à ce nom par réflexe, se rappelant vaguement de l’avoir entendu une fois. Une femme se tenait de l’autre côté de la table, portant un manteau de voyage usé. Elle paraissait fatiguée, malgré sa jeunesse. Elle devait avoir le même âge que lui. Son visage, plutôt occidental, arborait une expression presque sévère. Ses yeux sombres scintillaient, ses traits fins accentuaient son air sérieux. Ses cheveux châtains étaient attachés en un chignon bas. Elle lui évoquait une réminiscence lointaine. Il remarqua un enfant, à côté d’elle, qui devait être âgé de cinq ou six ans. Lui aussi était vêtu d’un manteau, et ne semblait pas au meilleur de sa forme. Ses grands yeux bleus le considéraient d’un air interrogatif, et quelques mèches brunes s’échappaient de son catogan.

La femme prit la parole :

« Te souviens-tu de moi ?

- Pour être franc, répondit-il, pas vraiment.

- On va dire que je suis une parmi tant d’autres. » soupira-t-elle.

Le voyageur était quelque peu déstabilisé.

« Je m’appelle Flora Alvise, reprit la femme, nous nous sommes rencontrés à Villafranca. »

Il s’aperçut seulement à ce moment qu’elle avait engagé la conversation en italien.

« Ça me revient, maintenant, se souvint-il, tu étais la jeune noble qui quittait sa maison en cachette la nuit.

- Tu m’avais fait découvrir tout un monde. confirma-t-elle.

- Cela fait un moment, que t’est-il arrivé depuis toutes ces années ?

- Beaucoup de choses.

- Je le devine. dit-il en regardant l’enfant. Qui est-il ? »

Elle prit une inspiration et annonça :

« Naggaï, voici ton fils.

- Quoi ?! »

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