Ils avaient fait une halte dans une clairière. Le soleil se couchait, et bientôt leur seule source de lumière serait le feu de camp qu’il venait d’allumer. Elle finit de désharnacher les chevaux, puis le rejoignit près du foyer. Ils demeurèrent quelques instants debout à regarder les flammes, sans échanger un mot. Elle prit la parole :

« Tu voudrais bien m’apprendre l’escrime ?

- Je ne suis pas sûr que cela te serve beaucoup… éluda-t-il.

- Mais ce serait amusant.

- Tu risquerais de te blesser, la taquina-t-il, et de toute façon je n’ai pas de deuxième épée.

- Mais tu as un poignard dissimulé dans ta manche. fit-elle remarquer avec un sourire.

- Tu voudrais l’opposer à mon fleuret ? s’amusa-t-il.

- Pas forcément. Tu pourrais utiliser la dague que tu caches dans ta botte gauche.

- Comment sais-tu cela ? s’étonna-t-il.

- Tu me l’avais dit, à Athènes. Tu transportes aussi des dards de métal dans ta sacoche, au nombre de quinze il me semble, continua-t-elle, il y a une mini-lame dans la semelle de ta botte droite, et tu as deux couteaux à lancer fixés à ta ceinture. Si mes souvenirs sont exacts, c’est tout.

- En effet, tu as une si bonne mémoire que c’en est presque effrayant.

- Tu ne trouves pas que tu es légèrement surarmé ?

- Pas tant que ça. L’expérience m’a appris que c’était le minimum vital.

- Voyager ne doit pas être facile tous les jours. plaisanta-t-elle.

- Certes, confirma-t-il, mais il faut savoir faire des concessions pour vivre selon ce qui nous plaît. »

Elle médita brièvement ces sages paroles, puis reprit :

« Alors, tu veux bien m’enseigner ? »

Il soupira, amusé.

« Tu as gagné, j’accepte de t’initier. Mais seulement le maniement du couteau.

- Merci ! »