Compagnon

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Les plaines arides s’étendaient à perte de vue. Seuls de rares végétaux desséchés venaient troubler quelque peu la monotonie du décor de façon irrégulière. Le ciel bleu cobalt refusait tout droit de passage à un quelconque nuage, et le soleil impitoyable écrasait de sa chaleur ceux qui avaient la témérité de passer par ces contrées.

Quelque part dans ce rude paysage cheminaient deux cavaliers, protégés des rayons par des étoles, transportant peu de bagages. Leurs robustes montures avançaient côte à côte d’un pas régulier, leurs robes alezanes couvertes de poussière. Le premier voyageur portait des vêtements de teinte claire comme le sable, à l’exception de son écharpe aux motifs abstraits et colorés. Attaché dans son dos au moyen d’une bandoulière, son luth, son bien le plus précieux. L’autre était une jeune femme, montée en amazone du fait de sa robe, enveloppée dans un large manteau de voyage brun d’apparence relativement neuve. À sa main droite scintillait une bague sertie de gemmes bleues. Elle regarda l’astre diurne, qui avait déjà dépassé son zénith.

« Affrontes-tu souvent de pareilles chaleurs ? demanda-t-elle à son compagnon.

- Si je t’emmenais dans un vrai désert, tu saurais ce que c’est que d’avoir chaud. répondit-il.

- J’aurais dû mettre une robe plus légère… déclara-t-elle comme pour elle-même. Au fait, ajouta-t-elle plus haut, tu ne voudrais pas me prêter de tes vêtements ? Ce serait plus pratique pour moi.

- Là ou nous allons, les femmes qui portent des vêtements masculins sont excommuniées. J’aimerais éviter de prendre des risques dès maintenant. »

Elle le considéra un instant. Il regardait un point dans le lointain, droit devant eux. Son visage n’exprimait aucune émotion particulière, mais elle pouvait déceler dans ses yeux clairs une once de contrariété.

« Tu m’en veux toujours ? s’enquit-elle.

- S’il te plaît, Astrée, ne reviens pas là-dessus. Je ne sais même pas pourquoi j’ai accepté de t’aider.

- Moi, je sais. » sourit-elle.

Il soupira. Ils gardèrent le silence un long moment. Il était partagé entre l’ennui de perdre plusieurs mois en allant jusqu’en France, et le plaisir de passer du temps avec elle. S’il était franc avec lui-même, il devait reconnaître qu’elle lui avait un peu manqué. Pas de façon tout à fait consciente – puisqu’il ne s’en était rendu compte qu’en la retrouvant –, mais il lui était arrivé de se rappeler la demi-année passée à Athènes, se demandant si une telle période allait se reproduire. À la réflexion, la jeune grecque était différente des autres femmes.

Il prit la parole :

« Tu ne m’as pas vraiment parlé de ton promis. Quel genre d’homme est-il ?

- Il s’appelle Jean de Beauregard, et appartient à la petite noblesse. Il a hérité du titre de chevalier de Rivecombe par son père. Il est plutôt grand, a des yeux sombres qui contrastent avec ses cheveux blonds. Je trouve qu’il a une peau très claire, plus que la mienne en tout cas, mais c’est normal étant donné l’endroit où il vit. Moralement, il possède de nombreuses qualités. Il est très patient et accommodant ; son seul défaut serait de manquer parfois d’audace. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a trop tardé à demander ma main, et que je me suis retrouvée dans la situation que tu connais.

- Ton esprit d’initiative pourra faire quelque chose à ce sujet. sourit-il.

- C’était un reproche ?

- Non, je te taquine. »

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