La meute Özkan

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Étrange.

Énigmatique.

Ce sont les premiers adjectifs qui me sont venus en tête lorsque je suis tombée sur Karen.

Dans la cuisine, je l'ai retrouvé à faire le pied de grue devant la fenêtre, en marmonnant des paroles inaudibles. De ma position, ça ressemblait à un espèce de monologue intérieur chaotique.

Mon coup d'œil s'est ensuite intéressé à la table derrière elle. Depuis que je vivais chez eux, Karen a toujours apprécié prendre son petit-déjeuner en ma compagnie, seulement aujourd'hui, la table avait été dressé uniquement pour moi.

Ce qui supposait qu'elle avait été plus matinale que d'ordinaire.

Oui. Ce matin prenait une tournure étrange.

Pourtant, tout a commencé comme un matin quelconque. La maison était tranquille, baignée d'une lumière douce et la cuisine sentait bon le café fraîchement moulu. Mais sitôt Karen avait-t-elle pris connaissance de ma présence dans la pièce, et bien qu'elle ne s'était pas départie de sa chaleur maternelle, son attitude était nerveuse.

Quelque chose tracassait Karen.

Mes soupçons se sont confirmés dès qu'elle s'est empressée de tirer ma chaise, de réchauffer mon chocolat chaud sans jamais cesser ses tentatives de sourires. Tentatives toutes soldées par une grimace crispée.

J'ai bien essayé d'échanger des banalités, mais rien à faire, sa nervosité n'a cessé de croître.

Depuis vingt minutes, ses pas impatients foulent d'un bout à l'autre le sol de la cuisine.

Et vingt minutes, c'est mon nouveau seuil de tolérance !

Je m'efforce de rester calme, mais ses allers-retours incessants me donnent le tournis et son agitation dans cette pièce, contagieuse. Ma jambe droite commence à s'agiter frénétiquement sous la table.

— Karen ? Tu veux bien t'asseoir, s'il te plaît ? je demande calmement.

Elle semble capter mon air intrigué, car elle se décide enfin à canaliser son énergie en s'asseyant face à moi. Je remarque l'arc de cercle rouge que forment ses ongles à s'enfoncer dans sa paume.

Cette fois, c'en est trop ! Je me lève, remplis d'eau un verre et le lui apporte.

— Je m’inquiète, Karen. Est-ce qu’il se passe quelque chose... dont tu voudrais me mettre au courant ?

— Tout va bien. Simplement, je voudrais discuter avec toi de certaines.... choses ?

Est-ce qu’elle pose la question ?

Il est évident qu'elle cherche à aborder un sujet, mais qu’elle n'est pas encore certaine de la bonne manière de le formuler.

Karen se redresse à présent au fond de l’assise, le dos bien droit et dépose une main sur la mienne. Même en essayant de se donner une certaine contenance, son visage la trahit.

— J'aimerais que l'on aborde les rapports que vous entretenez, Can et toi.

Là, c'est à mon visage de se décomposer à ses derniers mots.

« Can et toi ».

Sa formulation est déstabilisante. Elle sous-entend un « nous ».

Mon sang emprunte directement l'autoroute menant à mon palpitant. Je deviens blême et déglutis pour avaler l'information.

Malgré un gros effort de sa part pour bannir toute forme de gêne, j'aimerais lui dire que c'est fichtrement raté.

Pour être tout à fait honnête, je pressentais ne pas réchapper à cette conversation. Depuis que Karen avait évoqué les commentaires d'Elly concernant ma première nuit chez l'Aventurier, ça n'a jamais vraiment quitté mes pensées.

Mais comme dirait le dicton : « pas de nouvelles, bonne nouvelles ».

J'avais enfoui ma tête dans le sable en espérant que le temps se chargerait de lui faire oublier. Mais les Özkan ont un talent particulier pour les surprises.

Je hoche la tête sans grande conviction, pareil à une patiente dans l'attente d'une mauvaise nouvelle chez le médecin.

— Arizona... je ... Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me concerne pas, reprend-elle, serrant ma main plus fort comme si nous avions autant besoin l'une que l'autre de ce contact. Tu es une adulte et je ne pense pas détenir la permission d'intervenir dans ce genre de... relation. Cependant... Ibrahim et moi avons discuté.

En plus du sang qui n'irrigue plus, ce sont maintenant mes poumons qui s'alarment du manque d'oxygène !

— Hier soir, quand tu as passé la porte, tu étais...comment dire... tout cela est tellement embarrassant !

Elle évoque la soirée précédente, lorsque je suis rentrée après avoir passé la journée avec Can. Karen et Ibrahim étaient sur le canapé à regarder un film, je me suis brièvement arrêtée leur souhaiter la bonne nuit.

— Tu avais l'air sous l'emprise d'un puissant antalgique... Oui, c'est ça, il y avait une telle béatitude qui émanait de toi, comme si ton esprit flottait hors de ton corps. Assez pour que tu salues Ibrahim en l'appelant... Karen.

Mon amour-propre fait un arrêt.

Si mon courage pouvait lui venir en aide, et le réanimer, ce serait sympa...

— Ce que j'essaye de te dire, c'est que nous avons des raisons de penser que tu es en train de t'éprendre d'un homme. Et il se trouve que Can, puisque c'est avec lui que tu as passé la soirée et les nuits précédentes...

Je ferme les yeux un instant. Karen s'enlise dans son discours, ce qui m'amène à laisser échapper un soupir suppliant et douloureux. Cette conversation est une agonie lente et pénible.

Puisque c'est aussi embarrassant pour elle que pour moi, cette conversation a-t-elle vraiment lieu d'être ?

— Can part dans quelques jours pour l'Australie, m'avertit-elle expéditivement. Il ne te reste qu'un peu plus de quinze jours avant que tu t'envoles à ton tour. Ce que je tiens à te faire comprendre, c'est ma crainte que tu regagnes la France le cœur plus lourd. Le chagrin ne doit pas faire partie de cette expérience. Quand il part, il ne se retourne pas. L'aventure, les expéditions, la liberté, Can se nourrit par l'évasion... Visiblement, il aime passer du temps avec toi, mais qui n'aimerait pas en passer ? Tu es une jeune femme adorable qu'on ne peut s'empêcher de vouloir découvrir et d'affectionner. Mais je ne voudrais pas que tu méprennes son attachement pour un intérêt autre que de l'amitié.

Karen pose sur moi ses yeux doux teintés d'inquiétude. Son monologue ne trouve pour seule réponse que mon silence. Je jette des coups d'œils dans tous les coins, exceptée dans sa direction.

Les souvenirs de cette soirée défilent dans ma tête. Mes pensées s'accrochent au dernier moment passé avec Can, et la description que vient de me fournir Karen sur l’état dans lequel il m’a laissé.

« Béatitude » n’est pas vraiment le terme que je me serais attribué, mais c’est apparemment celui qui peignait mon visage :

— Tu as tout ce qu'il te faut ? m'avait-il demandé sur le pas de la porte de mon foyer d'accueil.

— Affirmatif ; les bonbons, mes achats et mon sac à main. C'est gentil de m'avoir raccompagné, tu es sûr ne pas vouloir entrer ?

— Ils sont probablement devant un film à cette heure-ci. Tu devrais te mettre au lit, tu dors debout.

— J'ai passé une bonne journée ! avais-je balancé alors que Can s'apprêtait à reprendre le volant. J'ai le sentiment de devoir te remercier pour plusieurs raisons. Ces dernières vingt-quatre heures ont été... chouettes.

Et aussi naturellement que cela puisse paraître, je m'étais élevée sur la pointe des pieds et lui avais souligné ma gratitude par un baiser sur la joue.

J’en ai conscience, se faire la bise est une démonstration banale, mais c'était différent.

Depuis notre rencontre, Can a gagné ma confiance, mon admiration, et mon audace. Le baiser sur la joue que je lui avais donné était chargé d’émotions spontanées.

Puis lorsque ses mains ont encadré mon visage et qu’il m’a embrassé le front, quelque chose d’autre s’était passé. J'aimerais ne pas l'avoir ressenti, ce chatouillement dans ma nuque. Seulement, j'ai ressenti chaque picotement. C'était intime, d'une tendresse insoupçonnée. Ce n'était pas seulement l'acte en lui-même, mais plutôt la façon dont il a eu de posé ses mains sur mes joues. Ou ce regard qu'il avait plongé dans le mien, m'embrassant presque autant que ses lèvres.

On ne s'était pas simplement dit au revoir, on venait d'acter qu'une connexion particulière se nouait entre nous, faite de ces émotions qui se tissent entre deux personnes sans même qu'elles ne s'en rendent compte.

Je ne suis pas assez bête pour espérer la réciprocité de mes sentiments. Simplement, je ne veux pas regretter d'avoir pu passer à côté de chaque seconde que Can souhaitera passer en ma présence. Même si elle équivaut à de l'amitié.

Karen caresse doucement ma peau du pouce pendant que mes pensées se démêlent. Sa transparence et son inquiétude méritent plus que mon silence.

— Tu n'as aucune raison de t'inquiéter, dis-je enfin. Votre neveu m'aide simplement à cocher des cases d'une liste de choses à faire durant mon séjour ici en échange de mon image pour une campagne photo. Mon euphorie n'était rien d'autre que la conséquence d'une journée extraordinaire. J'ai passé un super moment sur un bateau de pêche, à être prise en photo. Des souvenirs heureux de mon enfance se sont ajoutés à mon plaisir. J'étais sur un petit nuage en rentrant le soir, et avouons-le, complètement crevée.

— Can t'aide aussi la nuit avec cette liste de choses à faire ?

Mes yeux s'arrondissent de surprise et un hoquet de stupeur s'échappe de ma bouche, faisant tressaillir Karen.

Mais que se sont-ils imaginés ?

Sa main, qui trouvait un certain réconfort dans la mienne, se déplace maintenant devant sa bouche, masquant le « O » formé par ses lèvres.

— Je...excuse-moi, je n'aurais jamais dû... Tout ceci ne me regarde pas, bafouille-t-elle, confuse par l'impudence de sa question.

Son regard affolé cherche un trou de souris où s'enfuir.

— Il se trouve que j'ai dormi chez Can et non, avec Can. La première nuit m'a accueillie sur son sofa. J'avais abusé du champagne, gâché mon service, déçu Ibrahim et il m'a offert un refuge pour digérer mon manque de scrupule. La deuxième était professionnelle, par crainte que je me défile pour sa campagne. Can m'a ouvert la porte de sa chambre d'amis pour que nous puissions partir aux aurores. Nous ne nous sommes pas livrés à une activité... de quelque nature que ce soit.

La réaction de Karen est immédiate. Un gloussement se meurt d'abord dans l'intérieur de sa main, succédé d'un véritable éclat de rire. Soulagée que cet échange angoissant prenne une tournure plus légère, mes lèvres s'étirent.

— Cette conversation était d'une telle atrocité, confesse-t-elle en riant, le diaphragme secoué de spasmes. Mais me voilà mieux informée maintenant que je sais que vous n'avez aucunement consommé au plais...

J'agite ma main dans l'espoir de l'interrompre avant qu'elle ne prononce des mots bien disposés à brûler ma peau au tisonnier. Elle saisit le message et nous parvenons d'un commun accord à clore le sujet.

Ce désagréable moment derrière nous, Karen m'apprend l'existence d'une association, fièrement fondée de ses mains et véritable refuge émotionnel à tous ceux qui ont connu les épreuves de l'infertilité ou de l'adoption. Je suis subjuguée par sa bienveillance à l'égard de ces personnes qui luttent pour accueillir un enfant. Karen organise des groupes de parole, encourage l'échange et offre un soutien inconditionnel à ceux qui en ont le plus besoin. Elle a aménagé un espace sûr où chaque émotion à sa place. Trois fois par an, le bar recueille des fonds pour soutenir les couples dans leur cheminement long et ardu vers la parentalité.

C'est incroyable de voir comment Karen et Ibrahim ont su transformer leur épreuve personnelle en une générosité sans borne pour les autres. Leur dévotion est comparable à celle d'un couple de loups Alpha, témoignant de leur force, leur courage et une loyauté absolue.

Ils auraient l'étoffe requise pour diriger une meute.

Pourtant, malgré leur bonheur d'avoir accueilli Can, je ne peux m'empêcher d'imaginer la tristesse qu'ils ressentent de ne jamais avoir connu l'événement heureux de devenir parents, mais seulement d'en avoir eu l'illusion.

Peut-on réellement se ravir de ce cadeau de la vie quand celui-ci vous demande de traverser une telle épreuve qu'est le deuil ?

Le prochain « Apero du vendredi » sera en faveur de l'association « Naissance d'Espoir ». La soirée sera mise à l'honneur par un open mic et les inscriptions commencent dès aujourd'hui pour tous ceux souhaitant partager leur talent humoristique, musical ou en poésie. Séduite par le projet, je propose mon aide à Karen pour l'organisation de cet événement.

En fin de matinée, mon patron me salue à mon arrivée non sans me lancer un regard louche. J'ai la désagréable impression que son imperceptible sourire m'avertit qu'il sait pertinemment l'embuscade dans laquelle m'a contraint sa femme ce matin. Je tire d'un coup sec sur le torchon retenu par le lien de son tablier et ne manque pas ma cible lorsque le morceau de tissu atterrit sur son épaule.

— Eh bien, jeune fille, vous avez une drôle de façon de dire bonjour à votre patron ce matin, commente-t-il d'un ton couvert de malice.

— C'est marrant, votre charmante épouse a eu, elle aussi, une drôle de manière de me dire bonjour ce matin... Il est certain qu'elle n'oubliera pas de vous en faire un rapport très prochainement.

Sa barbe éclaircit par les années ne réussit pas à camoufler un rire gras. Je commence à penser que si sa femme paraissait inquiète, lui m'a tout l'air de ne pas se soucier de mes nuits d'absentéismes. En fait, il a plutôt l'air de quelqu'un prêt à se bidonner comme un bossu rien que d'imaginer ce qu'a pu être mon calvaire de ce matin.

Il ne perd rien pour attendre.

En début d'après-midi, j'ai proposé à des clients potentiels de participer à la soirée caritative et envoyé un message à Karen pour chaque inscription.

J'ai déjà plein d'idées pour la mise en place de la salle et je compte bien mettre Elly à contribution !

À la tombée du jour, j'ai la surprise de voir un client familier s'asseoir à une table entouré de ses amis. Riley me décoche un sourire éclatant auquel je réponds par un signe de tête poli. Je m'efforce d'ignorer les coups d'œil d'Ibrahim qui n'a certainement rien oublié de l'état dans lequel était le champion de fléchettes, il y a de ça trois jours. L'intérêt prononcé de Riley envers moi me déstabilise, mais je n'ai d'autre choix que de prendre leur commande, le groupe d'amis se trouve dans le coin de salle que je supervise.

— Bonjour, avez-vous fait votre choix ?

— Je pensais à du champagne, mais ce n'est probablement plus de circonstances.

Je rêve ou mon rencard vient de tenter une blague de mauvais goût ?

— Ce n'est pas l'option la plus raisonnable au vu de la soirée de vendredi soir, enchaîné-je insensible à sa tentative d'humour.

— Tu étais tellement drôle ! Et tellement pompette !

— J'ai entaché mes responsabilités auprès de mon patron ce soir-là, ce qui m'a valu la dispense de porter mon tablier.

— On a remporté le concours, y avait pas de mal à boire un verre. Ton patron n'avait pas l'air si fâché après toi, mais on ne pouvait pas en dire autant de Tarzan...

Toute la joyeuse troupe se marre.

Cette fois-ci, c'est à mon regard médusé qu'il a affaire.

— Tu fais référence à Can ?

Il émet un petit rire. Devant mon air renfrogné, il modère sa plaisanterie et passe commande.

Derrière le bar, les nerfs en pelote, je réduis en morceaux un bloc de glaçon à l'aide d'un pic à glace quand le chef de famille du clan Özkan vient me suppléer avec l'air de dire « laisse faire les hommes ». Chaque fois qu'il effectue le geste de concasser, ses larges bras tatoués font ressortir toute leur robustesse.

— Si ce crétin t'embête, je me ferai une joie de virer son cul et ceux de sa bande d'andouilles.

Un mâle Alpha, comme je disais.

Un protecteur doté d'une apparence intimidante qui ne manque à l'œil de personne. Client ou pas, je suis persuadée qu'il mettrait sa menace à exécution si Riley venait à m'importuner. Attendrie par sa moue bourrue et son rôle de gardien à mon égard, j'opine du chef en souriant.

Quand vient le moment pour Riley et ses bande de mettre les voiles, il se poste derrière le comptoir et me demande à quelle heure se finit mon service.

— Vingt et une heures trente.

— Mes potes vont assister à un concours de cerfs-volants sur la plage. Je me suis dit que je pourrais rester un peu ici et te raccompagner jusqu'à ta voiture.

— Je prends les transports en commun.

— Alors, tu as maintenant un chauffeur pour la soirée, expose-t-il avant d'ajouter, je suis quelqu'un de très prudent et je sens que le gérant du bar qui nous épingle depuis quelques minutes mettrait ma tête à prix si tu perdais, ne serait-ce qu'un seul cheveu en ma compagnie.

Je ne peux qu'approuver sa dernière remarque. Pour autant, je suis bien incapable de rendre un jugement sur Riley. Il n'est certes pas l'homme le plus drôle de ma top liste, mais je ne crois pas devoir m'en méfier.

Apparemment, cette constatation me suffit pour accepter sa proposition.

Un quart d'heure avant la toute fin de mon service, un autre membre de la meute fait son entrée. Le loup Bêta. Placé au second rang, il n'en reste pas moins valeureux. C'est même avec un grand intérêt que j'observe les femmes lorgner sur sa démarche intrépide, sa poitrine gonflée de muscles saillants et son regard envoûtant où se reflète un océan de mystères.

Can est escorté vers son oncle par les regards fiévreux des clientes. J'ignore ce que renvoie mon visage en ce moment, mais je sens les crocs acérés de la jalousie se planter dans mon cœur, aspirant au passage toute forme de compassion en moi.

— Il n'en fait pas un peu trop avec tous ses bracelets, ses colliers et son air de guerrier viking ?

La question de Riley est imprégnée de dédain. Je pense ne pas être la seule à être mordue par la jalousie.

On ne peut comparer les hommes avec les demi-dieux.

— Sérieusement, avec une barbe aussi négligée et des cheveux aussi longs, c'est à se demander si ce mec ne dort pas dans une tanière.

Plutôt dans une magnifique villa où j'ai commencé à pousser quelques portes.

J'émets une toux en apercevant l'Aventurier s'amener vers moi.

— Salut, Championne.

— Salut, l'Aventurier.

Aucune démonstration physique. Mais il me réserve ce regard si spécial, que j'apprends peu à peu à lui rendre avec la même intensité. Nous sommes devenus maîtres dans l'art de nous fixer, n'importe où et n'importe quand.

— J'ai quelque chose pour toi, annonce-t-il un brin mystérieux, suis-moi.

Je m'excuse auprès de Riley et rejoins Can dans notre petit local de stocks. Qu'on se le dise, je fanfaronne de me trouver en tête-à-tête avec lui, alors qu'une horde de femmes dans la salle n'attend que ça.

— J'ai bien retenu l'importance que tu portes à une bonne organisation. C'est la raison pour laquelle j'ai travaillé sur un planning pour ta wishlist. J'y ai glissé tous les créneaux horaires que je peux t'accorder en lien avec tes horaires au bar. Il te reste quoi à faire mis à part apprendre à surfer ?

— Euh...

Pour la défense de mon idiot de cerveau, il ne s'attendait pas à ça. Il était même très loin d'attendre à ce genre d'annonce. Avant que les secondes ne se transforment en minutes, je sors de ma léthargie :

— Apprendre à conduire et faire un truc fou.

— Dans ce cas, il ne te reste plus qu'à remplir les cases vides pour équilibrer tes leçons de surf et de conduite. On commencera dès demain matin pour le surf, rejoins-moi au salon de tatouage à neuf heures.

Après quelques secondes de cogitations supplémentaires, je tourne la tête pour dévier mes yeux du sourire beaucoup trop sexy que ses lèvres s'amusent à esquisser.

— Où est-ce que je vais me procurer une combinaison avant demain ?

— Arizona, tu es en Californie pas au Golf d'Alaska, ricane-t-il, un simple maillot de bain fera très bien l'affaire.

Un simple maillot de... Oh Seigneur !

Si mon amour-propre est déjà à terre et que ma peur cherche maintenant à blesser mon courage, reste à savoir ce que vaut ma volonté.

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