Le goût - Part 1

13 minutes de lecture

— Attends, attends ! Tu es en train de me dire que ce matin, tu as vu mon ex-voisin torse-nu ?

J'approuve d'un signe de tête.

— Qu'il t'a fait entrer chez lui ?

Mon élastique maltraité entre mes doigts, j’acquiesce à nouveau.

— Ensuite, il t'a emmené dans son salon de tatouage, t'a pris en photo, donné son numéro de portable et imposé d'aller à un concert avec lui ? C'est bien ça, Sawyer ?

— Oh, je connais ce regard. Refroidi toi. Tu as passé sous silence ses collègues, ce n'est pas comme-ci j'étais seule avec l...

— Sawyer ! À mes treize ans, tu veux connaître ma seule réclamation de cadeau de Noël ? Une paire de jumelles. Pourquoi ? Pour espérer apercevoir Can quand il tondait la pelouse torse poil chez son oncle et sa tante. Et toi, tu es là depuis quoi, cinq jours ? Et tu te retrouves en quelques heures à peine accueillie chez lui par sa ceinture d'Adonis avec un rencard à la clef !

— J’essaye de distinguer si tu es fâchée ou excitée...

— Fâchée ? Tu rigoles, j'espère ! Tu es une pu-tain de petite veinarde, ouais ! Je suis carrément bluffée par le charme frenchy. La prochaine fois, n'oublie pas de photographier ce genre de paysage. C'est de loin la plus belle vue de la Californie, Sawyer.

En guise de réponse, je lui balance une peluche en forme de perroquet. À savoir qu'Elly voue un culte à ces espèces d'oiseaux au bec crochu. Il y en a partout ; en porte-clefs, peluches de toutes tailles, stickers sur son ordinateur, puzzles. Cette chambre est devenue au fil des années une vraie réserve pour ces psittaciformes comme elle les appelle.

Je n'ai pas résisté à filer chez elle après mon échappée à la plage. Comment aurais-je pu continuer cette journée avec des faits aussi improbables sans en témoigner l'essentiel à quelqu'un ? Elly était comme envoûtée par mon récit, à deux jurons de se préparer un bol de pop-corn. Elle raffole de ce genre de potin. Surtout s’ils concernent l’Explorateur.

Torse nu. Torse.Nu. Torsenu.

Voilà ce que ma mémoire s'évertue à m'exhiber sur le chemin qui me balade de la maison d’Elly à celle des Özkan. L’idée que son buste ait été bâti dans un atelier de moulage de statue gréco-romaines ne me paraît même pas grotesque.

Comme si ce n’était pas suffisant, lorsque j’arrive chez mes patrons, Ibrahim m’accorde une permission pour écourter mon service de mercredi en raison du concert. Can s'est rapidement chargé de l'en informer. Cette démarche montre qu’il ne manque pas de détermination et que si je pensais pouvoir utiliser son oncle comme motif de refus, c’est maintenant un fait sur lequel il ne sera pas la peine de débattre.

Prise au dépourvue, rien ne me vient à répondre en dehors de :

— Merci Ibrahim.

*

* *

Lundi, j'ai effectué mon service de semaine aux horaires habituels : onze heures et demi, vingt et une heures trente. Avec mon patron, nous avons déclaré ouvertes les inscriptions du concours de fléchettes de la saison prévu vendredi soir. Travailler me va bien, ça oblige mes appréhensions à se mettre en veille. Je me consacre entièrement à mon objectif premier : être serveuse pour un couple qui m’héberge.

Œuvrer aux côtés d'Ibrahim est une vraie opportunité. Il me ferait presque apprécier ce métier. Presque. Il est investi dans ce bar au point de ne pas compter ses heures. Le Bebek représente son deuxième foyer. Un lien particulier se crée entre lui et moi. Je constate que malgré mes inattentions, il ne se décourage pas. Bien au contraire, c'est un patron qui prend le soin de vérifier que je ne me suis pas blessée à chaque fin de service. Je me demande s'il ne tient pas son propre journal de bord sur mes péripéties ? Il semblerait qu'il éprouve une certaine fierté à me transmettre les ficelles du métier. Mon inexpérience a naturellement favorisé une complicité.

Le lendemain matin, je me suis décidée à passer les portes de la librairie. Retrouver la satisfaction de feuilleter les pages d'un nouveau livre, l'odeur symbolique des vieux ouvrages, la familiarité avec laquelle je m'approprie les personnages et leurs histoires me fait du bien. J'affectionne la romance. L’amour est une valeur refuge dans laquelle je m’autorise une parenthèse où le fantasme y trouve sa place. Je me laisse envahir par de fortes émotions, de celles qui vous bouleversent par leur contenu et ouvre la porte au désir. Comme un paquet de cigarette que l’on s’achète. Pour soi, en secret. Et en flânant dans les allées, je me suis arrêtée sur un bouquin.

«Cher John» de Nicholas Sparks.

L'histoire de John et Savannah et d’un coup de foudre sur une plage de Caroline du Nord.

Étudiante passionnée, elle s’éprend d’un soldat dévoué à sa patrie le temps d'une permission. Un amour presque incompréhensible née en seulement deux semaines. Cette attirance immédiate et ce havre de paix quand ils résident ensemble animent une passion mais aussi le spectre de l’angoisse lié à la séparation fatidique. Un amour à distance au travers de lettres qu'il s'envoient régulièrement. Si leur vie diverge, leurs sentiments demeurent.

Mon instinct eu choisi, ce fut ce livre.

Tablier à la taille, il me hâtait d'être à ma pause déjeuner pour poursuivre ce roman. Les papillons dans mon ventre aspiraient à se nourrir de passion et d'aventure. Alors dès quatorze heures, j'ai sorti mon bouquin plutôt que ma salade. Sur la terrasse, comme devenue ma routine déjeuner, j’ai consommé mon appétence pour l'amour et toute la ferveur qui en émane.

Le soir, je suis rentrée par les transports en commun. Ibrahim me libérait toujours de mes fonctions lorsque le service devenait plus calme. Karen m'attendait pour dîner. Cette soirée-là, je me suis laissée aller à quelques confidences. Notamment sur le sujet du double date. Mon appréhension sur les éventuelles attentes de Riley, la crainte d'être limitée en conversation, comment me comporter. Aussi le pressentiment qu'Elly allait nous faire une performance de son incroyable personnalité.

À mes inquiétudes, Karen se contentait de sourire. Attendrit là où je me trouvais ridicule, elle ne portait aucun jugement. Comme son mari, elle était d'une bienveillance innée alors que j'étais en proie au doute sur tout et pour tout. Affirmant que je possédais une nature rare et précieuse. Ses paroles étaient une pommade qu'elle appliquait doucement sur mes doutes. Elle a détenu cette capacité de me faire sentir singulière. Après m'avoir livré ses débuts de relation avec Ibrahim, j'ai compris qu'il ne fallait pas que je me caricature. Ce rendez-vous est celui d'Elly. Ma présence n'est requise que pour un renfort psychologique. Karen m'a également conforté dans le fait qu'un dîner n'engageait en rien, si ce n'est une nouvelle expérience.

*

* *

Mercredi.

Jour J.

Je ne suis pas parvenue à ralentir les minutes. Chaque seconde s’est vue rétrécir un peu plus l’heure de mon rendez-vous. Il y a quelques heures, je me réveillais avec la préoccupation du concert de ce soir et d'un coup d’œil à l'horloge, il nécessitait déjà la séparation de mon tablier.

La journée à filé à une vitesse déroutante !

Au summum de ma déconcentration, j'ai commis pas mal d'impairs. Mon service a été totalement supervisé par ma nervosité. La faute à un envahisseur de taille : le stress. Le stress de le revoir, de me retrouver seule avec lui. Mais plus fort encore, cette adrénaline qui arpente mes veines à une vitesse folle, envoyant des ondes de choc à mes papillons. Une sensation nouvelle et intense, menée d'une main de fer par la peur. Cette trouille de l'inconnu jumelée au paradoxe de l'excitation qu'elle peut générer.

J'ôte les habits que le tablier n'a pas été à même de conserver intacts et me revêtit d'une tenue plus civilisée. Mon téléphone annonce un texto et le prénom qui s'y affiche me provoque à nouveau cette sensation dans le bas du ventre. Des picotements connus des bouquins que je dévore depuis mon adolescence.

[Je t'attends dehors ]

Pas de bonjour ?

De ça va ?

Dois-je lui répondre ?

Bon sang Arizona, arrête avec tes questions et dégage de ce vestiaire ! Mon subconscient s'adresse à moi comme Elly le ferait. Cette nana à un pouvoir sur le comportement des êtres humains, c'est terrifiant.

Je m'aventure en dehors du Bebek à la recherche d'un pick-up. Sans l'ombre de la voiture de Can, je presse le pas en sondant l'horizon.

— Où accours-tu comme ça ?

Je freine aussitôt, tourne sur moi-même et découvre avec stupéfaction cet homme au blouson de cuir, des Ray-Ban au bronze dégradé et l'allure caractéristique de celle d'un félidé.

Personnification du mâle.

— À ton véhicule. Celui à quatre roues. Avec une ceinture et équipé d'airbags... détaillé-je d'un œil pas franchement rassuré l'engin entre ses cuisses.

— On y va en moto. Un problème ?

Je décèle une pointe de défi additionnée à un demi-sourire.

— Non... pourquoi y aurait-il... un problème ?

Je hausse les épaules.

Joue la fille cool. Juste, sois cool.

— Monte.

D'un bras tendu, il m'invite à récupérer un casque que j'attrape du bout des doigts.

— Monter ? D'accord... déglutis-je.

Il me fixe avec amusement alors que j'enfile cette armure crânienne sans grande affection. Ses lèvres répriment de s'étirer davantage devant ma gaucherie. Quant à moi, je continue à faire comme-ci je gérais totalement la situation.

La blague.

Souris Arizona. Juste, souris.

Ma tâche finie - non sans mal et d'un ridicule inné- c'est maintenant au tour de sa main de venir se tendre dans ma direction. Les yeux plissés, je cherche dans les siens un besoin de sécurité. Il me laisse m'ancrer à son regard, me laisse évaluer à quelle échelle je pourrais placer ma confiance en lui. Son sourire plaisantin se tarit au profit d'une bouche fermée par une ligne plus sérieuse. Mon instinct me murmure qu'avec lui, le seul danger que je dois craindre, c'est la reproduction croissante des papillons nichés au creux de mon estomac.

Timidement, mes doigts glissent dans sa paume qu'il referme afin de m'aider à grimper.

Quand il active le démarreur, le vrombissement de la bécane m'arrache une grimace. Dans son rétroviseur, il discerne la peur panique qui m'assaille. Bien qu'il retrouve son rictus face à mon affolement intérieur, il pivote sa tête de façon à ce que j'entende ses paroles.

— Accroche-toi bien.

D'un geste incertain, mes bras viennent se positionner autour de sa taille. Je n'ose resserrer ma prise bien qu'elle soit nécessaire à ma sécurité. Comme-ci je criais mon ennui en porte-voix, deux larges mains empoignent les miennes et m'incitent à le cramponner plus fermement.

Dans les secondes qui suivent, plus aucun son n'est susceptible de sortir de ma bouche tant la terreur a dépassé mon visage. Mes paupières se ferment avec force dans l'intention de combattre mon envie de hurler dès la moto engagée à vive allure. La vitesse me tétanise autant qu'elle agit progressivement comme un stimulus dans une partie de mon cerveau. Sur cette machine foulant l'asphalte, conduite par un homme dont les pensées restent indéchiffrables, une vague de toute-puissance me submerge.

Lorsque l’on s'arrête au nord de la côte, chacun de mes muscles est tendu à l’extrême ! Mon corps refuse catégoriquement de bouger. Totalement paralysé par cette virée suicidaire.

Je suis certaine d’être plus morte que vive.

— Arizona ?

— Mmh ?

— Tu tiens à refaire un tour ? feint-il d’un coup d'accélérateur.

Certainement pas ! J'ouvre immédiatement les yeux puis relâche la pression de mes avant-bras contre son torse. Je bondis de la moto et me dépêche d’ôter ce casque ! Pourquoi cette maudite boucle ne se décide-t-elle pas à s'ouvrir ?!

— Tu veux peut-être de l'aide ?

Son intervention bienveillante est si soutenue par un ton comique que je le devine être sur le point de se marrer.

— Je sais enlever un casque !

S'il continue à me regarder comme-ci j'étais tout juste en âge de lacer mes chaussures, je jure de ne pas être en mesure de retenir les mots qui risquent de suivre ! Puis qu'on lui enlève cet adorable sourire alors qu’il tire sur le foulard noué à la bandoulière de mon sac pour me ramener à lui.

— Si tu arrêtais de faire l'enfant... Hein, qu'est-ce que tu en penses ? Tu me laisses faire où tu t’obstines ? souffle-t-il sans me quitter des yeux, sa bouche assez près pour que je reconnaisse une odeur mentholée.

Sans attendre ma réponse, ses mains s'attellent à défaire la boucle.

Je n'ai pas envie de riposter. Mes bras croisés et mes yeux détournés témoignent assez clairement de ma contrariété. Je tente de garder le peu d'aplomb que son charisme s'évertue à vouloir me dérober. C'est pourquoi, je m'engage à ne pas plonger dans l'abîme de son regard. Ce genre de profondeur où règne une force aussi tranquille qu'un félin à la vue de son prochain repas. Mon attention distraite dérive plutôt sur ses lèvres. Grave erreur. Les images de son torse dénué de vêtements prennent l'assaut de mes pensées. Je sens mes joues se teinter à la chaleur de mes visions. Bon sang, qu'on m'extirpe la tête de ce truc !

Le cliquetis de la boucle signale ma délivrance. En dépit de mon humeur plus ou moins froissée, je décide d'en savoir un peu plus sur notre venue ici.

— Le concert n'est que dans trois heures, pourquoi être passé me chercher aussi tôt ?

— Parce que tu n'as pas mangé, et qu'on ne va pas à un concert le ventre vide.

Ok. Ça se tient.

Les casques sanglés sur l'arrière du deux-roues, j'active le pas lorsque mon chauffeur ouvre la marche le long du remblai. Malgré une entrée en matière terrifiante, une promenade sous un ciel couleur granité au tropical, s'avère une bonne consolation. L'une de ses mains réfugiée dans la poche de son jean, Can tient de l'autre l'encolure de sa veste qu'il a lancée par-dessus son épaule. Je n'avais pas encore remarqué ses bagues, imposantes de par leur taille et le poids qu'elles semble peser. Sans oublier les multiples colliers et le bandana qui ornementent fièrement son cou. Tout l'accoutrement d'un motard qui se respecte. Enfin, je suppose.

Comme égal à lui-même, il n'ébauche aucune conversation. Il paraît détendu, mais je dois presque courir pour marcher à son rythme. Il faut dire aussi qu'il est très grand. Comme je ne sais garder ma langue en veille plus de cinq minutes, j'improvise :

— À quel âge as-tu commencé à faire de la moto ?

— Depuis aussi longtemps que je m'en souvienne.

Sa réponse est presque instantanée. Je suis persuadée que c'est un sujet qui l'anime.

— Donc, je n'ai pas de quoi avoir peur pour le retour. Tu maîtrises dans le domaine... n'est-ce... pas ? Si tu devais calculer ton expérience, tu donn...

— J'ai commencé à treize ans, me coupe-t-il sans ralentir le pas. Ibrahim a démarré mon apprentissage dès lors où il m'a surpris enfourcher la sienne dans le garage. En France, tu as déjà mangé dans un restaurant turc ?

— Oh, euh...

Le changement rapide de sujet me surprend. L'espoir dans sa question aussi.

— Chinois, japonais, italiens, sont mes seules références de gastronomie étrangères. À vrai dire, je dévore davantage les bouquins. J'ai toujours un livre dans mon sac, ou deux si je n'arrive pas à me décider. Je suis capable de lire plus de dix livres en même temps grâce à ma mémoire. Mais j'adore manger ! Et aussi découvrir de nouveaux plats ! À ce propos, ton oncle et ta tante me font des festins régulièrement.

Il se place devant moi, sans pour autant arrêter de marcher. À reculons, il me fixe. Je crois qu'il se demande si je suis toujours aussi excessive quand je parle. Sa bouche courbée d'un sourire, il me demande :

— Et actuellement... À quel degré ton estomac te réclame de se nourrir ?

Je m'arrête net.

— Je meurs de faim ! J'n'ai eu qu'une pause de dix minutes et rien qu'à entendre le mot restaurant mon ventre s'est manifesté !

Can éclate de rire puis descend quelques marches qui mènent sur la plage. J'essaie de lui emboîter le pas, maintenant qu'il reprend une marche soutenue à l'approche d'une terrasse.

Il s'arrête sur une table pour quatre, se débarrasse sans ménagement de sa veste et retire ses lunettes. Sur la chaise vide à côté de moi, je me décharge à mon tour de mon sac. Je m'installe face à lui, pose un coude sur la table et appuie ma tête au creux de ma paume, profitant de la vue.

— L'océan est magnifique en Californie, déclaré-je rêveuse.

Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour affirmer qu'il m’observe. Je le sens. Son regard me réchauffe autant que la chaleur de l'été. Ce n'est pas un regard gênant. Non, il est doux, appréciable. Pour en considérer davantage sa caresse sur ma peau, je ferme les yeux.

— Oui, vraiment magnifique.

Le timbre de sa voix menace mes papillons de prendre leur envol. Une infime partie de moi se demande s'il faisait vraiment référence à l'océan ? Le soleil est en train de corrompre mes pensées.

Lorsque le serveur arrive, rien n'arrange mon état. Can prononce un enchaînement de syllabes impossible à répéter. L’écouter parler turc est l'une des plus belles choses entendue depuis mon séjour. C'est fascinant !

Puis nos plats arrivent... par dizaine ! Mais qu'est-ce que... ? Oh cette odeur ! Ça sent divinement bon. Oh diable les bonnes manières, je me jette sur une première assiette en y rajoutant des condiments de celles d'à côté ! Quand naturellement son pain vient tremper dans ma sauce, ma fourchette va goûter aux aliments de son repas. Mince, c'est délicieux !

Cette dégustation est tout sauf conventionnelle, mais je ne ressens aucun inconfort. Au contraire, je savoure chaque plat avec avidité.

Je crois que l'on tient notre premier point commun.

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