Nous avons échoué depuis plusieurs jours déjà. Et Mon Dieu, vous le savez…

J’aime Andy plus que tout, mais là…

C’est un fantasme pur qui devient réalité.

Moi, lui, sur cette île… Vous me connaissez, j’ai déjà fait des rêves érotiques avec lui. Le voir à la télé bloque mon cerveau pendant quelques secondes.

Et là, je suis seule sur cette île avec lui ??

Dieu, c’est un cadeau que vous me faites ? Ou un piège ?

Si vous n’existez pas, il ne me reste que ma conscience et moi-même. Et ce n’est pas une aide, croyez-moi.

Je m’en veux un peu, c’est très cliché de fantasmer comme ça, télévisuellement.

Sur une caricature en plus. Bien sûr, il a une belle gueule, les mâchoires saillantes, petite barbe naissante…

Pfff quoi.

Mais bon, c’est pas pour rien si les pubs le mettent en avant. C’est bien que ça fonctionne…

Au moins sur moi.

Et puis, il n’est pas que bien foutu. Depuis qu’on est arrivé ici, après un naufrage au large, une nage épuisante, il aurait pu se mettre à pleurer et faire une dépression pour tout ce qu’il a perdu. Mais non, pas du tout. Il s’active sur l’île, allant partout pour trouver tout ce dont nous avons besoin pour survivre. Moi, je fais de mon mieux aussi bien sûr, mais je gère plutôt l’intendance.

Lorsque je le vois porter du bois, ramener de quoi faire du feu, plonger nous trouver des coquillages, de quoi manger, les grandes palmes qu’il dégote pour nous abriter, j’avoue que mon cœur se rate dans le nombre de ses battements. J’avoue que, le lendemain du naufrage, lorsqu’il est revenu d’une longue mission (je le croyais disparu pour toujours), m’annonçant qu’il avait trouvé de l’eau potable, je l’aurai bien embrassé à pleine bouche. Mais heureusement, j’avais les lèvres trop sèches et la langue râpeuse. Ça m’a retenu.

Je suis en couple, j’aime Andy. Mais là, dans ce contexte… Je sais que lorsqu’on aime, il ne devrait pas y avoir de « mais ». Mais là… Franchement… Vous feriez quoi ? Dieu ne se trompe jamais paraît-il…

Ce soir, nous mangeons en silence. C’est pour ça que j’en profite pour te parler, vous parler ?

Oh qu’importe les tu et les vous, Dieu, j’ai envie de lui.

Une semaine seulement. Je pourrais tenir plus hein. Je sais que j’en suis capable.

Mais il y a dans l’atmosphère, ce petit je ne sais quoi qui me pousserait bien à la faute.

Je me concentre sur Andy, bien sûr. J’aimerais qu’il soit là.

Nous serions heureux, j’en suis sûr. Peut-être que nous mourrions de faim et de froid, parce qu’il n’aurait pas la force de faire tout ce que…

Non, chut ! Pas de comparaison stérile.

Dieu… Il me regarde… Comment pourrais-je résister ? Il est si… Incroyable, doux, généreux, attentionné…

En souriant, il me tend un peu plus de poissons qu’il a pêchés tout à l’heure.

Je sens bien que mon regard brille et que mon sourire est stupidement niais.

Son regard ne me quitte pas.

Est-ce qu’il peut entendre mes battements de cœur affolés ?

Je ferme les yeux une seconde,

Juste le temps pour sentir sa main se poser sur ma joue,

Me caresser délicatement,

Une promesse à la nuit qui s’annonce.

Ses lèvres ne vont pas tarder à rejoindre les miennes.

Son baiser sera brûlure, contre ma bouche passionnée.

Son corps pressé contre le mien,

Mes cuisses l’enserrant tout contre moi,

Mes mains le caressant…

- Tu sais Charlie, rompant le silence et ma rêverie, je voulais te dire qu’il ne fallait pas perdre espoir. On viendra nous secourir. J’en suis certain. Et jamais je ne baisserai les bras. Chez moi, ma femme, l’amour de ma vie m’attend. Et pour elle, je n’abandonnerai jamais.

Ouvrant les yeux, je souris le temps de remettre mon cerveau en route.

Retrouvant une certaine contenance, je mords avec un faux appétit dans la chair tendre du poisson avant de conclure avec une volonté sans faille.

- Tu as raison, nous allons tenir bon. Andy aussi m’attend. J’ai terriblement hâte de le retrouver.