Chapitre II

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II- Notion de bien-être à l'école.


  Cette notion fait depuis longtemps l'objet d'enquêtes, de recherches, d'analyses mais c'est surtout dans les années 1980 qu'elle s'est développée avec un centre d'intérêt de plus en plus dirigé vers les élèves. Pour vous résumer ces travaux, parmi les documents que j'ai consultés deux ont particulièrement retenu mon attention. Le premier est un ouvrage publié en décembre 2015 par le ministère de l’Éducation Nationale dans le cadre de « l’Éducation et Formations » intitulé « climat scolaire et bien-être à l'école », ouvrage qui comporte 228 pages. Le second est un article rédigé par M. Jacques Pain, professeur à l'université de Paris X – Nanterre, paru en 2008 sous le titre « Mondialisation : bien-être et mal-être à l'école ». Cet auteur nous livre au passage sa définition du bien-être : Savoir jouir de la vie – ou lui résister – pour son propre développement au mieux de son potentiel social. Et il insiste sur le fait que « le désir est le moteur du bien-être. ».


Pour les élèves, comme pour les enseignants et autres professionnels de l'école, le bien-être dépend d'abord de facteurs individuels, personnels. Et cela n'est pas seulement un avis de psy mais de tous les observateurs en ce domaine. Il est un fait avéré que nous avons tous des dispositions psychologiques qui nous conduisent à nous sentir, à des degrés divers, à certaines périodes et en certains lieux de notre parcours existentiel, à nous sentir bien ou mal dans notre peau, bien ou mal avec les autres et avec nous-même. Au cours de la scolarité le bien-être est directement lié au désir d'apprendre, à la liberté de penser, à l'estime de soi et à l'image de soi que l'on veut donner à voir, à la capacité à être un élève, au sens que l'on a du savoir transmis par l'institution scolaire, au développement de toutes ses potentialités intellectuelles. L'autre élément déterminant pour le bien-être à l'école est l'environnement. Le niveau socio-culturel, l'ambiance au sein de la famille, la vie du quartier, exercent également une influence marquée sur le climat scolaire, alors qu'à l'inverse le climat scolaire modifierait peu l'environnement socio-familial. En ce qui concerne plus précisément le climat scolaire, il est le produit de plusieurs constantes dont les conditions matérielles (commodité, confort, et esthétique des locaux, ergonomie des mobiliers et outils scolaires...), la sécurité assurée par les établissements, la qualité de l'accueil et des relations avec les enseignants, la richesse des liens établis entre les élèves, les articulations entre l'école et les familles.

Pour les enseignants, si l'on retrouve la plupart des données citées pour les élèves, elles n'y ont pas les mêmes rapports d'influence. Ici, il me semble que les facteurs psychologiques sont dominants sur l'environnement, c'est du moins ce qui est perçu en priorité par les élèves. En tant qu'adulte ayant achevé la construction de sa personnalité, l'enseignant leur offre une possibilité d'identification, un modèle auquel ils aimeraient ressembler plus tard, ou un exemple qu'ils ne voudraient surtout pas suivre. C'est pour cela qu'ils s'attachent autant à sa personne, à son allure, à sa démarche, à son physique, à son langage, à sa vie privée, en un mot à sa personnalité. Et leur observation fine et perspicace de sa personne les conduit à tout faire pour être acceptés ou rejetés par lui. Alors je dirais que le bien-être à l'école, pour les enseignants passe d'abord par leur faculté à se faire aimer de leurs élèves, par des relations conviviales avec leurs collègues, sereines avec leur hiérarchie, et par un partenariat de qualité avec les familles. Ce qui n'est pas une mince affaire. Mais leur bien-être ne saurait se satisfaire du fait d'être appréciés, estimés, respectés, de leurs élèves uniquement par le biais de l'abord psychologique. Il leur faut en plus constater qu'ils accomplissent bien leur mission pédagogique et éducative, que leurs élèves assimilent bien les savoirs et les valeurs humaines qu'ils leur transmettent au quotidien.


Pour les familles, on ne peut évidemment pas parler de bien-être à l'école mais plutôt d'être bien avec l'école. Leur tranquillité vis-à-vis de l'institution scolaire est directement liée à celle de leurs enfants. Ce qui peut les mettre à mal c'est lorsqu'ils sont en décalage avec leur enfant. Les enfants en général, et plus particulièrement ceux que je rencontre dans ma pratique de psychiatre, éprouvent à la fois le besoin de voir les adultes qui les entourent vivre en bonne entente et à la fois le besoin de tester cette entente en les plaçant en situation de désaccord et de conflit. Cela se joue toujours de façon plus ou moins inconsciente. Ainsi, ils peuvent se sentir fort bien dans leur école et s'arranger de telle sorte que leurs parents et les enseignants se crêpent le chignon. On peut voir également l'inverse mais c'est plus rare, des enfants malheureux à l'école et leurs parents qui s'entendent bien avec les maîtres. La psychologie humaine a bien du mal à construire le bien-être.

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