Chapitre 9

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On retrouve tout le groupe pour discuter mais dès qu’on arrive à leur hauteur elles me regardent d’une étrange façon.

« Quoi ? » Je cherche à comprendre.

« Il y a des choses qui se disent sur toi… » Dit Alice droit au but comme d’habitude.

« Ah ? » Je ne sais pas quoi répondre d’autre.

Un court blanc s’installe. Les filles semblent s’interroger du regard sur laquelle va expliquer l’histoire.

« D’après le pote de la petite amie de Fernand de la 1ère STMG 2, quelqu’un lui a dit que tu t’étais tapé tous les mecs de ton ancienne école et que tu recommences le même schéma ici. » Glose Jenifer.

Elles me regardent toutes attentivement, comme suspendues à mes lèvres. Je pouffe de rire.

« C’est impossible, je suis vierge. » Je réponds à voix basse.

« Oui bien sûr, on savait ! Tu nous avais dit en plus que Thomas était ton premier copain. » Se rappelle Sarah d’un rire gêné.

Les filles semblent rassurées mais embarrassées, surement honteuses de m’avoir fait avouer quelque chose d’aussi personnel. Pour dire la vérité c’est toujours un peu perturbant de le dire à haute voix mais ça ne me dérange pas tant que ça de le dire.

« Je me demandais, t’es toujours en contact avec tes amis de ton ancien bahut ? » M’interroge Anna.

« Ouais c’est vrai ça ! Tu nous en as jamais parlé avant ! » Renchérit Jenifer.

« Si, elle nous en a déjà parlé en classe je crois. » Affirme Lyne en regardant Alice.

« Oui je suis toujours en contact avec certains de mes potes, mon frère aussi mais je ne vous en ai pas forcément parlé parce qu’en général on parle des élèves ou des profs de mon ancienne école que vous ne connaissez pas. » J’explique simplement.

« Elles sont comment ? » Demande Sarah.

« T’en a beaucoup ? » Questionne Léa.

On parle de mon ancienne école jusqu’à ce que la cloche sonne. Premier cours pour le trio ALA (Alice, Lyne et Alexandra : c’est un jeu de mots, on prononce ça comme le Dieu Allah de l’Islam), Histoire-Géographie avec notre professeur principal super-sexy.

En parlant de lui, Jenifer n’arrive pas à stopper son stalkage habituel. Du coup comme tous les lundis matin elle nous accompagne jusqu’à la porte de la salle pour le voir. Il est arrivé quelques fois qu’elle se fasse prendre en flagrant délit de reluquage de fessier. Mais bon qu’est-ce qu’il y a de mal à regarder quelque chose de beau. Elle se met près de la porte en nous parlant sans vraiment rien dire pour avoir l’occasion de le regarder incognito. Bien sûr sa discrétion laisse à désirer. Mais bon ce n’est pas grave, tant qu’elle est contente juste en le contemplant ça va.

Il sort de la classe pour observer ses élèves entrer. Il regarde Jenifer et lui dit bonjour avec un grand sourire lumineux comme il sait si bien les faire. Je la vois qui rougit violemment, elle regarde par terre en lui répondant poliment. Il y a un énorme décalage entre la façon dont elle en parle et la façon dont elle s’adresse à lui. C’est hilarant à discerner. Elle nous fait un geste de la main avant de partir pour son cours.

Le prof commence son cours aussi passionnant que toujours. Ce prof est fantastique parce qu’il s’intéresse à tous ses élèves et il tente vraiment de les comprendre. Il fait beaucoup de blagues et il utilise beaucoup l’interaction dans ses cours. On peut débattre avec lui sur différents sujets de la leçon. On sent qu’il prend soin, pour sa première année de travail, de mémoriser les prénoms de tous ses élèves rapidement. « Ouais, fort charmant ce professeur ! » Confirme la voix dans ma tête.

Les premiers cours se passent relativement rapidement, on est déjà au moment de la récré. On va donc dans la cour comme à chaque fois, mais cette fois-ci, on rejoint directement le groupe de gars. Je retrouve donc Thomas bien qu’on s’est envoyé des messages pendant les cours. On s’embrasse publiquement pour la deuxième fois. On parle, on rigole avec eux dans le coin fumeur où ils sont toujours.

Je dois m’absenter pour aller aux toilettes rapidement. Je ne fais pas particulièrement comme les autres filles, je n’emmène pas toute ma bande avec moi mais Léa me suit. On va donc dans les cabinets pour faire nos petites affaires de femmes. Quand on entend un groupe entrer. Je crois que je reconnais la voix d’Erin.

« Nan mais tu te rends compte ? Elle s’est tapé tous les mecs de son ancien lycée ! » Cancane-t-elle.

« Sérieux ? » S’étonne une fille qui l’accompagne.

« Si ! Je te jure ! Le pire c’est qu’elle a baiser des gars qui étaient déjà en couple. Et tu ne sais pas la meilleure, elle s’est même farci ceux de ses potes. » Daube-t-elle de plus bel.

« Nan ! La salope ! » Insulte alors l’autre meuf.

« D’ailleurs elle fait pareil ici, elle s’est tapé Thomas à la fête alors que l’une de ses potes est en crush dessus. » Continue-t-elle en ricanant.

« Mais comment tu sais tout ça ? » demande l’auditrice.

Excellente question madame, qui vous a raconté tout ça ma chère Erin ?

« C’est un gars que je connais qui était dans son ancienne école. » Ment-elle.

Je finis tranquillement de faire mes affaires puis je tire la chasse.

« Je pensais qu’on était seules ! » S’exclame la fille inconnue.

J’ouvre alors la porte, je me dirige vers les lavabos où elles sont regroupées toutes les trois. Il y en a une qui n’a pas fait de commentaire. C’est plutôt bon à savoir. Je dévisage Erin en me lavant les mains bien lentement, un grand sourire hypocrite sur le visage. Une fois fini je me tourne complètement vers elle, je m’accoude contre un mur. J’attends Léa mais surtout j’attends qu’elles recommencent à parler.

« Quoi ? Tu veux ma… » Ose-t-elle me demander, mais avant qu’elle ne puisse finir j’enclenche le sèche main qui est à côté de moi.

Elle se redresse de toute sa hauteur à l’aide de ses talons. Les sourcils froncés, elle allait riposter quand Léa sort à son tour de la cabine. Elle se lave rapidement les mains, les sèches vite-fait puis nous sortons les deux de la pièce. Je les regarde une dernière fois, le sourire hypocrite toujours fixé sur le visage avant que la porte ne se referme complètement.

Je suis énervée. J’ai presque envie d’y retourner et de lui faire boire l’eau des chiottes mais je me contrôle. Je commence à avoir des pensées meurtrières, méchantes et sadiques mais je ne fais rien. Ça ne sert à rien de réagir sans réfléchir, c’est pour ça que je n’ai rien dit. Je me connais je sais que si je lui parle je vais dire des choses qui dépassent ma pensée et je vais peut-être même empirer les rumeurs.

On revient vers le groupe. Je fais comme si de rien n’était mais je sens que les filles ont remarqué qu’il y a quelque chose qui cloche. La sonnerie retentit, il est temps de retourner à nos cahiers. En partant elles me demandent ce qui s’est passé. Léa explique alors brièvement la situation.

« Cette connasse d’Erin ! Toujours à faire sa chieuse ! » Maudit Jenifer.

Heure après heure, je pense sans arrêt à cette rumeur. Est-ce vraiment Erin qui l’a dispersée ? Dans quel but ? Ça lui avance quoi de faire quelque chose d’aussi révoltant? C’est ridicule ! Elle n’a que ça à faire de sa vie ? Comment elle a pu inventer ce genre de choses ? Et les autres la croient alors qu’elle est connue pour dire n’importe quoi sur tout le monde ! C’est quoi ce monde de merde dans lequel on vit !

STOP !!!

Je m’énerve toute seule dans ma tête, c’est absurde. Il faut que je pense à autre chose ou il faut que j’en parle. Nan je dois être forte ! Je n’ai pas besoin d’en parler, je peux me démerder toute seule avec mes problèmes. C’est simple, je n’ai qu’à me taire là-dessus.

Plus la journée avance et plus ça me ronge de l’intérieur. Je n’arrive pas réfléchir à autre chose, quand j’essaie de penser à des bons moments ou des trucs que j’ai à faire je reviens toujours à la rumeur. On est déjà le soir, j’ai tout de même eu l’impression que les filles sont un peu plus distantes avec moi. Comment je vais faire si c’est vraiment le cas ? Je n’ai pas envie que ça recommence.

Matthias entre soudainement dans ma chambre sa Nintendo DS à la main.

« Boom Baby ! Qui c’est qui va se faire exterminer par monsieur ?! » Braille ce dernier.

[Petite référence des familles, si tu reconnais c’est que ton éducation est bien faite.]

Il me regarde et constate que quelque chose ne va pas. L’un des plus gros problèmes chez moi c’est mon incapacité physique à cacher des choses. On me lit comme un livre ouvert.

« Ça ne va pas ? » S’inquiète immédiatement le nouveau venu.

« Si, si tout va bien ! » Je feins en prenant ma console sur la table de chevet.

Il tique mais fait comme si de rien était. Ne pas lui en parler. On joue à New Super Mario Bros. Je me fais littéralement laminer par mon frère. Ne pas lui en parler. Je ne gagne pas une seule fois. Je suis obsédée par mes problèmes donc je n’arrive pas à me concentrer. Ne pas lui en parler. Il gagne encore une fois. Ça suffit je dois en parler !

« T’as entendu parler d’une rumeur sur moi aujourd’hui ? » Je le questionne soucieuse de sa réponse.

« Non de quelle rumeur tu parles ? » S’alarme-t-il en stoppant toute autre action.

« Apparemment il y a une rumeur qui dit que j’aurais fait des choses avec tous les gars de notre ancien lycée et que j’essaie de piquer les copains des filles de ce lycée… » Je conte alors à mon frère.

« PARDON ?! » S’égosille Matt.

J’ai bien fait de lui en parler ? « Je ne pense pas… » M’informe mon cerveau. Je vois qu’il est hors de lui.

« Ne te fâche pas ! C’est faux donc ça va sûrement se calmer rapidement. » Je tente pour le calmer.

« Qui a eu la débilité de dire ce genre de choses ?! » Me demande-t-il les traits tirés.

« Je ne sais pas. » Je lui avoue. « Je t’en parle parce que j’ai besoin d’en parler mais tu ne fais rien ! C’est mon problème ! » Je l’avertis quand même.

Je suis bête ! Je n’aurais juste pas dû lui en parler. Mais comme d’habitude je ne peux pas fermer ma gueule. « Tu t’attendais à quoi ? » Je m’interroge.

« Comment peux-tu être aussi calme ?! On parle de toi comme si tu étais… Comme si… Putain ! » Jure Matthias.

« Je sais que tu veux me protéger mais tu me protèges en m’écoutant aussi, ça ne changera rien de s’énerver. La rumeur va bien finir par se dissiper un jour ou l’autre. » J’essaie de le persuader en même temps que moi-même.

Son corps entier est bouillonnant de colère. Je le connais, il va exploser à un moment. J’espère juste que ce ne sera pas à l’école.

« Je vais bien ! Si je t’en parle c’est que je n’en ai pas honte puisque je connais la vérité. Toi et moi on sait que ce ne sont que des mensonges, c’est le plus important non ? » Je le rassure du mieux que je peux.

« Je te jure que si je trouve qui c’est, je l’éclate ! » Menace mon frère.

« Mais non t’inquiète ! Pas besoin de se mettre dans la merde pour un pauvre ragot. » Je dis en lui tapant la main amicalement sur l’épaule.

Il grommèle encore un peu mais se calme tout de même. Je lui fais un câlin pour l’attendrir encore un peu et que ça n’aille pas davantage sur ses nerfs. Il me tapote dans le dos puis me lâche. Avant de passer la porte il se retourne une dernière fois pour me regarder, il soupir et s’en va dans sa chambre. Je pense que j’ai évité le pire.

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