Chapitre x.

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 Un cri déchira le silence de mort qui régnait dans le bâtiment, se répercutant sur ses murs d’acier glacé. Un cri, un râle, une agonie, repris immédiatement en écho par une dizaine d’autres complaintes aux consonances insupportables. Puis le silence retomba, tel un linceul jeté sur un cadavre pourrissant. Je lançais un regard entre les barreaux, qu’un de mes compagnons d’infortune me rendit de la cellule en face, livide. Un regard muet, terrorisé. Nul besoin de mots, nous ne savions que trop bien ce que le sort nous réservait.

 L’odeur pestilentielle de ma cage me donna un haut-le-coeur de dégoût. Quand bien même je moisissais ici depuis bientôt une journée entière, je ne parvenais pas à m’y faire ; cet endroit suintait d’une odeur nauséeuse de mort par tous ses interstices. Depuis que le camion nous avait déchargés, puis que l’on nous avait traînés à coup de triques dans ce compartiment, nous étions là, entassés les uns sur les autres, sans eau ni nourriture, attendant seulement l’heure de notre mort. Mes camarades de cellule portaient les stigmates des coups reçus, certains ayant même été meurtris durement dans la cohue, tombant les uns sur les autres pour éviter les coups, se coinçant des membres entres les plaques de la plate-forme nous faisant descendre du camion. Quelques lamentations, quelques gémissements de douleur, ponctuaient de temps en temps le silence pesant de notre attente.

 Puis notre grille s’ouvrit. Certains s'approchèrent, hésitants, quand deux hommes entrèrent pour nous faire sortir, à renfort de coups et de chocs électriques. Nous courions, nous jetant les uns sur les autres pour éviter les coups, suivant en toute hâte le chemin de notre mort. Puis nous arrivâmes dans une autre salle de ce bâtiment immense et glacial, où l’on nous “invita” à entrer dans une nouvelle cage. Celle-ci était minuscule, étroite, et nous étions vraiment entassés, oppressés, et stressés par la suite des événements. Mais l'attente ne dura pas. La cage se mit à vibrer, et à descendre, doucement. Puis se stabilisa.

 Une odeur forte se fit sentir, emplissant mes narines, puis mes bronches. L’air vint à me manquer, je respirais à grandes inspirations mais cela ne faisait que me brûler les poumons. Autour de moi tous criaient et gesticulaient en tous sens. Alors je criai aussi, du plus fort que je pus, jusqu'à en perdre connaissance.

 Une douleur aiguë me réveilla brusquement. J'étais pendu, la tête en bas, et mes compagnons - quant à eux inconscients - étaient dans la même position à mes cotés, formant une longue chaîne de chair. Et de sang. Celui-ci s'écoulait à gros bouillons de la carotide de mon voisin, et je sentis la lame me perforer la chair. Je me débattis, mais l’homme avait l’habitude, et mon sang s'écoula bientôt le long de mon cou, dégoulinant dans ma bouche. Je perdais peu a peu mon énergie, puis mes forces me quittèrent. Et mon esprit s'éteignit sur la vision de mon compagnon se faisant trancher net en deux, de la queue au groin...

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