Dernier voyage - 2ème partie : maître chanteur

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Vendredi 23 août 2013, en fin d'après-midi :

Les hommes de Kleen, sur la route du retour, s'interrogeaient. Tournaire confia à Gardent qu'il avait trouvé plus que louche l'attitude de Pedro Soledad. En affirmant qu'il n'avait plus de contact avec Tina depuis longtemps, ce dernier paraissait tendu, comme s'il cachait quelque chose. Par ailleurs, il n'avait même pas évoqué son autre fille. Tout cela sentait mauvais ...
Paul avoua à Romain qu'il avait eu la même impression.

Ayant fait chou blanc à l'appartement de Tina, la jeune femme étant absente, Tournaire avait contacté la secrétaire du commissariat afin de savoir où cela en était pour le mandat de perquisition. Ils avaient l'intention de retourner à Paris dès le lendemain, et peu importe s'ils ne trouvaient personne. Ils entreraient dans le duplex de la jeune femme et opéreraient une fouille dans les règles. Romain annonça à Nathalie qu'il leur faudrait probablement une commission rogatoire citant Pedro Soledad mais, avant d'en obtenir une, ils allaient rechercher des éléments susceptibles de l'incriminer. Ils avaient bon espoir d'en trouver chez sa fille.

Samedi 24 août 2013, vers neuf heure et demi :

Paul et Romain se tenaient devant la porte de l'appartement de Tina. Ils sonnèrent et, au bout de quelques secondes, une voix enrouée leur répondit. La jeune femme leur ouvrit la porte peu après. Elle paraissait épuisée et avait le teint livide. Elle n'opposa aucune résistance lorsque Tournaire lui présenta le mandat de perquisition.

Tina fit demi-tour, les deux officiers à sa suite. Elle tituba et ce fut Paul qui l'empêcha de tomber. Sur l'ordre du policier, elle s'assit dans un fauteuil, celui qu'elle préférait. Gardent la surveillait pendant que Tournaire commençait à fouiller. La jeune femme lui demanda ce qu'elle cherchait, sa vie était fichue et elle voulait en finir au plus vite. Romain, saisissant l'occasion, lui dit qu'il espérait trouver une preuve qu'elle détenait ou avait détenu de la toxine botulique. Tina tiqua légèrement mais se leva et fit signe à Tournaire et Gardent de la suivre. Elle les guida jusqu'à la salle de bains, ouvrit l'armoire à pharmacie et leur tendit une petite fiole.

Tournaire et Gardent s'étonnèrent qu'elle ne fit pas plus de difficultés. Tina leur avoua son mobile et leur dit que, maintenant, rien n'avait plus d'importance. Tout ce qui comptait dans sa vie n'existait plus et elle avait commis l'irréparable. Elle leur expliqua tout, dans les moindres détails, à l'exception d'une chose : elle ne précisait pas comment elle s'était procuré la toxine botulique.

Ils eurent beau lui poser des questions à ce sujet, rien n'y fit. Elle resta muette et n'ajouta rien à ses dires précédents.
Tant pis ! Leur fouille finirait bien par porter ses fruits. Pendant qu'ils inspectaient chaque coin et recoin, ils gardaient un oeil sur Tina.

Après plus d'une heure de recherches, Romain mit la main sur des papiers qui lui semblaient intéressants. Un journal, plié et glissé parmi une pile de magazines, parlait d'un homme travaillant dans un laboratoire de chimie. L'article était bien en évidence et les officiers remarquèrent que le quotidien en question provenait des éditions Soledad. En lisant l'article, ils relevèrent les nom et prénom du chimiste ainsi que le nom du labo pour lequel il travaillait.

Poursuivant leur quête, ils dénichèrent l'ordinateur de Tina sous un tas de vêtements. Par chance, le PC était allumé et la boîte mail était ouverte. Ils avaient dû interrompre la jeune femme en arrivant. Pourvu qu'elle n'ait pas eu le temps de supprimer d'éventuels courriers intéressants. Tournaire s'attela à la tâche et, au bout de quelques minutes, trouva un e. mail qui lui parut prometteur. Il l'avait repêché dans la corbeille de l'ordinateur. C'était un courrier de Tina, adressé à Guillaume Johanson, le fameux chimiste ... La jeune femme s'amusait du chantage que l'homme exerçait sur son père. Elle l'avait payé grassement pour la toxine mais, Guillaume, avec qui elle s'était lié d'amitié, voulait punir Pedro Soledad pour le traitement qu'il infligeait à ses filles. Cette personnalité en vue n'avait plus que sa profession et, s'il venait à l'oreille du grand public, qu'il laissait sa fille aînée à l'abandon après une tentative de suicide raté et que c'était sa plus jeune fille qui réglait les frais de clinique, il en serait fini de sa réputation et il n'aurait alors plus rien.

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