Tourmentes - 3ème partie : orages

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Samedi 17 août 2013

La veille, Elena avait accompagné Junior à la gare. Il était temps pour lui de regagner l'Irlande. Ils avaient échangé adresses et numéros de portable, chacun ayant promis à l'autre de le prévenir en cas d'élément nouveau concernant l'assassinat de Dorian. De plus, ils avaient sympathisé au cours de leur séjour en Bretagne et Junior, après avoir obtenu l'accord de ses parents, avait invité la jeune femme à Dublin. Les O' Maley seraient enchantés de la recevoir dans des circonstances moins douloureuses. Elena avait remercié son compagnon de voyage, en lui affirmant qu'elle allait réfléchir à cette proposition plus qu'alléchante.
 
En aparté, elle se demandait toutefois comment réagirait Erwan quand elle lui annoncerait ses possibles futures vacances irlandaises.  Lors d'une de leurs dernières conversations téléphoniques, celui-ci s'était montré d'une jalousie qu'elle ne soupçonnait pas. La savoir en Bretagne avec John Junior lui avait plus que déplu. Depuis qu'il avait appris qu'ils campaient ensemble, il se faisait des films et avait tendance à harceler Elena par SMS. Il l'appelait au minimum deux fois par jour. Comme elle en avait assez et ne répondait pas toujours, cela ne faisait qu'attiser sa jalousie. En deux ans et demi, c'était la première fois qu'Erwan montrait ce côté de sa personnalité. Cette facette exécrait la jeune femme.
 
En ce samedi après-midi, Elena était assise à la terrasse d'un café. Tout en sirotant son diabolo fraise à petites gorgées, elle lisait un recueil de nouvelles d'Isaac Asimov. Elle appréciait tout particulièrement cet auteur, qu'elle trouvait visionnaire, un peu comme Jules Verne l'avait été en son temps. Entre deux fictions, elle observait les clients aux tables voisines. En cette période estivale, il y avait beaucoup d'enfants. Elle repéra un beau brun dont le visage lui rappelait quelqu'un. Comme son regard s'attardait sur l'homme, celui-ci leva les yeux et vit Elena, à qui il adressa un grand sourire. C'est à ce moment que la jeune femme le reconnut. Il s'agissait de l'officier Riveira. Elle ne l'avait encore jamais vu en civil, ce qui ne lui avait pas permis d'admirer sa chevelure d'ébène qui tranchait avec ses yeux d'un vert profond et étincelant.
 
Le policier, qui devait être de repos, se leva et vint la saluer. Il lui demanda s'il pouvait s'installer à sa table et, bien qu'étonnée par sa requête, elle accepta. Elle s'aperçut, dès ce premier échange, qu'il ne savait pas à qui il avait affaire. A sa décharge, Elena n'avait pas la même apparence que lors de leurs précédentes rencontres. Elle portait ce jour-là une perruque à cheveux courts de couleur châtain clair et s'était également maquillée différemment qu'à son habitude. De plus, son teint, devenu couleur caramel doré depuis son séjour dans le Morbihan, lui donnait un charme supplémentaire.
 
Au bout de quelques minutes de conversation, la jeune femme lui dit qui elle était. Il fut surpris mais lui adressa un sourire ravageur tout en lui disant que cela ne posait pas de problème car, depuis la veille, il était en vacances pour un mois. Il n'était plus sur l'enquête et, d'après les dernières informations que lui et son supérieur avaient recueillies, la jeune Martin pouvait définitivement être rayée de la liste des suspects.
 
Elena se fit la remarque que, si Riveira, qui lui avait quelques instants plus tôt demandé de l'appeler Esteban, parlait de liste de suspects, c'est qu'il devait y en avoir un certain nombre. Cela donnait matière à réfléchir et soulevait de nouvelles questions.
 
Après une bonne heure de discussion à la terrasse du café, Riveira l'invita à faire une promenade en centre ville. Il n'avait visiblement pas l'intention de la quitter tout de suite. N'ayant rien de prévu, et sous l'emprise magnétique de cet homme, qu'elle ne soupçonnait pas aussi plein d'entrain et de gaieté, elle choisit de le suivre. Leur longue balade les rapprocha encore un peu plus, si bien que l'heure du dîner arrivée, ils étaient toujours en train de parler et de rire.

Esteban proposa à Elena un repas chez "Claire et David", à Joigny. Celle-ci lui répondit qu'ils ne trouveraient pas de place en s'y prenant à la dernière minute. Il fallait en général réserver deux semaines à l'avance et, en plein week-end, c'était encore plus incertain. Sur une impulsion, elle l'invita à dîner chez elle. Arrivés au domicile d'Elena, soudain dans l'intimité de son appartement, à l'écart des riverains et des touristes qu'ils avaient côtoyés tout l'après-midi, l'atmosphère devint électrique. Les deux jeunes gens se sentirent comme étouffés par leur soudaine promiscuité et leur regard se fondirent l'un dans l'autre. Riveira plaça une main sur la nuque d'Elena et l'attira à lui. La jeune femme ne pouvait plus bouger et ce fut dans la plus grande confusion qu'elle répondit au baiser fiévreux d'Esteban.

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