Ligne de cœur - 1ère partie : Elena et Erwan

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Elena, toujours allongée sur le canapé, avait pris la communication.

- Erwan !

- Je ne pouvais plus attendre ma puce, je me faisais un sang d'encre...

Erwan n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase car Elena le coupa, la voix légèrement chevrotante :

- Chéri, je t'ai menti...

- Comment ça ?

- A propos de moi, de mon passé, de...

- Elena, c'est impossible voyons ! Tu n'as pas pu me mentir, tu ne m'as jamais rien raconté de ton passé. Tu es aussi discrète qu'un agent secret ! la taquina-t-il gentiment.

- Arrête ! Ce n'est pas drôle... dit la jeune femme d'une voix lasse et quasi éteinte.

Vraiment, pensa Elena, Erwan se comportait parfois comme un gamin. Il fallait reconnaître cependant, qu'à vingt-deux ans, il était bien plus mature que les hommes qu'elle avait fréquentés avant lui. En de rares moments toutefois, il faisait vraiment son âge.

- Elena, pardonne-moi !

- Ah non ! s'écria-t-elle d'une voix aiguë.

- Mais pourquoi tu t'énerves ? s'enquit Erwan d'un ton surpris.

Quelle mouche avait donc bien pu piquer sa si douce et calme Elena ?

- Désolée... C'est à cause de cette phrase !

- Laquelle ?

- Celle que tu as prononcée tout à l'heure : "Elena, pardonne-moi"

- Eh bien ?

- Erwan, c'est la phrase qu'avait écrite le mort...

- Quoi ??? Qu'est-ce que tu dis ? Le mort ? C'est quoi cette histoire ?

- Quand je t'ai eu au téléphone dans la matinée, je t'ai dit que la police...

- Oui oui, je m'en souviens !

- Je m'étais assoupie dans le train et, à mon réveil, j'ai tout de suite vu que quelque chose clochait... Mon voisin était inerte, mort.

- Je ne vois pas le rapport avec toi !

- Eh bien ... cet homme avait un mot adressé à une certaine Elena... Les mots exacts étaient "Elena, pardonne-moi. Dorian"

- Et, comme par hasard, ce passager se trouvait à côté de toi...

- C'est pour ça que les policiers veulent que je reste à leur entière disposition jusqu'à mardi.

- Je vais essayer de m'arranger avec un de mes collègues pour me faire remplacer. Je ne veux pas te laisser seule.

- Tu es adorable ! Vraiment, à tourner en rond pendant quatre jours et à repenser à tout ça, je risquerais de péter un câble.

- Excuse-moi, je dois te laisser si je veux trouver quelqu'un rapidement pour prendre ma place ce week-end. Je te rappelle pour te tenir au courant. Je t'aime tu sais. A plus tard. 

Erwan exerçait le métier de steward, pour la compagnie Air France. Avec lui, les abandons programmés, après chaque visite, faisaient partie de la routine et n'inquiétaient en rien la jeune femme. Leur relation était d'un calme reposant. L'amour à distance faisait de leurs retrouvailles, régulières mais rares, des moments privilégiés. Elena, qui refoulait son caractère passionné depuis tant d'années, s'était jusque-là contentée de ce que cette aventure lui apportait.


Depuis plus de deux ans qu'ils étaient ensemble, c'était la première fois qu'Elena comprenait à quel point Erwan l'aimait. Elle n'avait pas non plus pris conscience, jusqu'à cet instant, à quel point il comptait pour elle. Pourvu qu'il puisse se libérer, au moins pour le week-end. Elle avait hâte qu'il la prenne dans ses bras afin de pouvoir oublier, ne serait-ce que quelques heures, ses peurs enfouies.


Ce que les deux jeunes gens ignoraient, c'est que leur amour allait bientôt se retrouver brutalement mis à mal.

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