Complainte du Poète Maudit (Juillet 2003)

2 minutes de lecture

Parfois me vient l'envie de faire de la poésie,

Mais apparemment je suis un poète maudit,

Car comme d'autres m'arrive-t-il,

De ne pouvoir toujours faire du subtil .

J'ai beau me creuser la tête,

En quête d'idées pas trop bêtes,

Mais malgré le temps que j'y planche,

C'est le syndrome de la Page Blanche .

Comme si d'étranges et invisibles bestioles,

Absorbaient des artistes leurs idées folles,

Dont elles s'abreuveraient jusqu'à plus faim,

Ou qu'elles trouvent mieux chez le voisin,

Telles des abeilles allant de fleurs en fleurs,

Pour butiner le nectar qui fera leur bonheur .

Alors cruellement l'inspiration me fait défaut,

Impossible de sortir le moindre mot,

Et ce sont d'exécrables gribouillis et ratures,

Qui viennent souiller mes vaines écritures,

Sur des pages froissées et déchirées,

Que seule la poubelle sait apprécier .

Alors à quoi bon avoir du talent,

Si on ne peut en profiter pleinement,

Dès qu'on le veut, dès qu'on le sent ?

Si l'inspiration ne peut-être qu'aléatoire,

Autant renoncer à y croire,

Et laisser plume, parchemin et écritoire .

Mais déjà bien assez nombreux sont celles et ceux,

Qui de leur imagination ne se servent que peu,

Voir pas du tout, et qui toute leur vie durant,

La laissent moisir comme un excrément,

Dans les insondables profondeurs de leur crâne .

Au moins, d'inspiration ils ne risquent pas la panne .

Le pire est que certains se permettent ensuite,

Sans réfléchir, de critiquer un peu trop vite,

Ce que font les autres alors qu'ils sont incapables,

D'en faire autant et cela est regrettable .

Le manque d'inspiration est une malédiction,

Qui n'a vraiment aucune signification,

Alors à moins qu'elle soit le prix à payer,

Pour obtenir en retour le succès,

Je voudrais bien que les Neuf Muses,

Veillent à ce que mes idées ne s'usent,

Et que tous les artistes, quels qu'ils soient,

Continuent toujours à faire naître l'émoi .

Car ils contribuent à leurs manières,

À apporter davantage de gaieté sur Terre,

Sinon plus jamais il n'y aura rimes ou prose,

Et le monde sera de plus en plus morose .

Voilà, maintenant que j'ai dénoncé Le Fléau,

Je sais qu'il continuera de me nuire à nouveau,

Mais au moins un instant je l'aurai défié,

Car l'air de rien je viens de prouver,

Que même lui, le manque d'inspiration,

Peut être une source d'inspiration !

DJEDGE - Juillet 2003

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