Tidrain, fils de Valius

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Délénhur le Prudent était alors empereur des mages. Tidrain vit le jour en l'an vingt-neuf de cet auguste règne. Le redouté Valius Vaardi était son père, sa mère une héritière d'un territoire oublié de l'Ouest. L'enfant fut robuste, beau et blond lorsqu'il vînt au monde. On le présenta à la cour impériale au lendemain de sa naissance. Il y fut choyé pendant toute la durée de son enfance. L'opulence développa en lui égotisme, vanité et arrogance. L'aura que son père dégageait auprès des illustres de l'empire le lui fit l'idôlatrer à l'instar des plus grands héros de l'Histoire du monde. Cependant, ce fut l'amour de sa mère qui le marqua à jamais, et elle resta longtemps celle qu'il aima plus que tout au monde.

Quatorze printemps se succédèrent depuis celui qui vit naître Tidrain. Au fil des saisons et des années, le garçon devînt un adolescent petit, trapu, aux cheveux couleur paille et aux yeux marrons. Sa peau garda un grain lisse, un teint clair et son visage des traits ciselés avec finesse. Chacun, dans son entourage, prétendit toujours que rien ne sut lui ôter l'éclat de sa beauté.

Le garçon s'entraînait à manier l'épée avec l'espoir de marcher dans les pas de son père, cependant sa maladresse l'arme à la main était connue de tous. Il travaillait dur chaque jour pour s'affûter et attirer l'attention du Roi des rois, mais tout dans les armes qu'il manipulait lui résistait. Rares étaient les alliés qui osaient croiser le fer à ses côtés, si bien qu'il avait pour habitude de s'exercer seul.

Tidrain s'entraînait encore et encore quand, le premier jour de l'automne, sa mère partit en catimini vers le Sud. Ce départ le laissa sans foi, ni force. Deux mois s'étaient écoulés lorsque son père disparut sans laisser de traces à son tour. Le roi lança ses hommes à sa recherche, car il était son ami. Son sort fut bientôt connu de tous. Valius Vaardi s'était volatilisé au cours d'une expédition clandestine qui l'avait conduit au plus profond des Hauts Monts de Lierre. De sa dépouille, les éclaireurs ne découvrirent pas le moindre ossement. Seule son épée, Sinksdros la Bleutée, fut retrouvée.

Les soldats de Valius rapportèrent l'épée du père au fils. Telle était la coutume ancestrale chez les Vaardi en ce temps faste. Sinkdros passa à la main de Tidrain et vînt armer son bras. La Bleutée fit de lui le plus talentueux des épéistes de Rürgoss. Ses progrès prodigieux captivèrent la cour, tant et si bien que, quelques mois après la disparition de son illustre père, l'adolescent obtînt une promotion. L'empereur lui-même l'honora au-delà de ce qu'il aurait pu espérer à son jeune âge, en l'intégrant à la garde de sa fille aînée, Osalia dite l'Espiègle, première héritière au trône impérial.

Servir la lignée de Yedin. Tidrain s'y était déjà vu en rêve. Il s'impatienta de démarrer sa nouvelle existence. La nuit précédant la veille de son entrée en fonction ne lui fut d'aucun repos, car d'étranges murmures le harcelèrent jusqu'à l'aube. Au matin, une terrible nouvelle mit la cour impériale en détresse. On avait enlevé Osalia tandis qu'elle rejoignait Rürgoss depuis les provinces méridionales de l'empire.

Tidrain eut vite connaissance du sort de la jeune princesse. Il alla trouver le Roi des rois dans ses appartements pour exiger de lui la permission de se lancer à la recherche de la disparue dès maintenant. Le souverain refusa tout net. Confier la vie de sa fille, de son héritière quand ses armées entières accepteraient de se donner corps et âme à cette tâche ?
La décision du souverain fit naître des pensées écarlates de rage chez le garçon. Il s'en accablait encore quand la sœur cadette de la disparue l'apostropha.

Auparavant, l'adolescent l'avait seulement vue. Ils étaient pourtant de la même année. Son nom, Hellénia, lui venait d'une aïeule que l'on révérait alors encore pour sa sagacité. La fortune l'avait moins suivie que sa soeur et que son frère jusqu'à présent, car les lois de l'empire la plaçaient troisième à la succession au trône impérial. Ses cheveux étaient noirs, du lustre de l'encre tandis que ses yeux, bleu clair, perçait le voile des temps à venir. À son sujet, les chroniqueurs royaux rapportent que ses dons de divinatrice lui attirèrent très tôt l'attention et l'intérêt des personnalités de la cour.

La succession à la couronne préoccupait Hellénia plus que tout au monde. Sa sœur disparue devait régner pour préserver l'empire, son unité, sa puissance. Voici ce qui la persuadait. C'était pourquoi elle s'était jurée de retrouver son aînée, mission pour laquelle elle avait besoin d'être accompagnée et défendue.
Tous les gardes impériaux témoignaient à l'empereur une loyauté sans faille, excepté Tidrain dorénavant. Elle l'exhorta donc de l'escorter dans sa quête pour l'aider à secourir sa sœur.

Depuis toujours, l'adolescent rêvait de devenir l'égal de son père. Il n'hésita pas un seul instant.

Tidrain et Hellénia quittèrent Rürgoss deux jours après qu'Osalia fut enlevée. Ils franchirent le fleuve qui coulait au pied de la capitale puis firent route vers le village où la princesse avait disparu. Cinq journées de route les en éloignaient. Ils les firent en quatre, et trouvèrent les lieux en ruines, dévastés, ravagés par une bataille impitoyable.

Hellénia se recueillit devant les décombres qu'elle inspecta. Tidrain marchait sur ses talons, le regard haut. Deux hommes surgirent et leur barrèrent le passage en les menaçant de leurs dagues. Des pillards. L'un était chétif. Les jambes de l'autre tremblaient de soutenir son poids écrasant. Sur leur dos, leurs cottes de mailles luisaient de graisse. L'un et l'autre voyaient dans le duo une proie facile, toute offerte à leurs desseins misérables.

Tidrain écarta sa suzeraine et s'avança pour la protéger, ainsi que le code d'honneur qui était enseigné en ce temps le lui intimait. La main d'Hellénia se referma sur son poignet.

« Partons, s'exclama-t-elle. Je te vois mourir si tu combats. »

L'étreinte était sincère. Tidrain s'en tînt à ce qu'on lui avait enseigné. Il se dégagea et s'adressa aux pillards.

« Au nom de l'empereur Délénhur, je vous exécuterai pour avoir menacé la lignée de Yedin . »

Tidrain dégaina Sinksdros. Les voleurs ricanèrent, l'azur de l'arme pointé sur leurs carcasses. Un instant plus tard, l'affrontement commençait.

Les deux pillards fondirent sur l'adolescent. Il les attendit. Ses adversaires se séparèrent pour le déborder. Ils visèrent son dos avec soin, cependant le garçon esquiva tous leurs assauts dans une chorégraphie féline.
Il se fendait lorsque son bras se détendit. Sinksdros siffla, cingla droit sur la dague du nabot qu'elle fit voler en éclats. La Bleutée continua sa course et transperça le pillard. Chair, tendons, os, cartilages. Une gerbe écarlate explosa. Il n'avait pas rendu l'âme que Tidrain bondissait sur l'autre, lui sectionnait la main droite et l'écrasait contre le mur le plus proche.

« Quelle chose a détruit ce village et enlevé l'Espiègle ? »

Entre deux hoquets, le voleur répondit. Une créature monstrueuse était descendue du Sud. Le malfrat la décrivit comme un démon nimbé de brumes, qui avait jeté son dévolu sur le village et la princesse s'y étant attardée. Il révéla ensuite que l'intrus s'était enfui vers le Nord, emportant Osalia dans son sillage et ne laissant derrière lui que des ruines.

Tidrain avait appris ce qu'il désirait. Il fixa son adversaire avec arrogance. Les yeux du pillard s'exorbitèrent lorsque Sinksdros traversa son coeur. Il s'effondra aux pieds du garçon, qui repoussa le cadavre d'un coup de talon. Sa cruauté lui rapporta la colère d'Hellénia, qui lui reprocha de ne pas avoir fait preuve de clémence.

Le temps leur était compté. Les deux adolescents repartirent aussitôt vers le Nord. Cependant, une pluie battante s'abattit pour s'opposer à leur progression. Une boue épaisse remplaça la route et ralentit la cadence de leurs montures. Plutôt que quatre jours, une semaine entière s'écoula avant que ne leur réapparaisse le fleuve qu'ils avaient déjà franchi.

Intact douze jours auparavant, le pont qui enjambait les flots avait été ravagé. Les stigmates qui lacéraient le bois et la pierre de sa structure étaient les mêmes que ceux qu'ils avaient vu dans le village. Des débris jonchaient encore le tablier, leur masse délabrée patientant d'être dégagée vers l'aval.

L'armée de l'empereur gardait le passage, la mine guerrière. Hellénia et Tidrain demeurèrent en selle et se dissimulèrent le visage pour traverser. Malheureusement, la suspicion des soldats fut attisée. Ils reconnurent la troisième héritière en la croisant, et l'interpellèrent. Suivie de son acolyte, la princesse piqua des deux. Sa monture bondit en avant, les militaires les plus proches de côté. La cavalière sentit son coeur gonfler. Cependant, un seigneur se matérialisa devant elle et arrêta sa course.

Danaëd. Ainsi l'homme prétendit-il se nommer. Il leur fit poser pied à terre. C'était un lord-mage acclamé par ses hommes. Il avait défait les ennemis de l'empereur à de multiples reprises. Hellénia puis Tidrain lui enjoignirent de s'écarter. Il refusa par deux fois, et leur ordonna de se laisser reconduire jusqu'à la capitale.

Abandonner leur quête. Cela aurait scellé le sort de l'héritière disparue. L'adolescent était incapable de l'accepter. Une dernière fois, il intima au lord-mage de les laisser traverser. Danaëd éclata de rire. Tidrain sentit la colère lui tordre les entrailles. Il décida alors de s'en remettre au jugement des dieux. Le garçon défia le seigneur en duel.

« Livrer ce combat te perdra, lui prédit Hellénia. Il sera ta plus cuisante défaite. »

Danaëd était certain de sa victoire. Il accepta. Un sourire arrogant étira son visage.

L'ordalie commença.
Tidrain découvrit qu'il ne pouvait gagner. Son cœur comme son ventre lui parurent bouillonner de rage à cette pensée. Le lord-mage était d'un tout autre niveau. Le garçon jura pour lui-même. Le feu vorace qu'employait son adversaire pour se défendre menaçait de le consumer chaque fois qu'il tentait l'estocade.

L'adolescent se retrouva hors d'haleine. Ce fut trop tôt à son goût. Toutefois, il devait remporter la victoire. Il résolut donc de lancer une attaque désespérée. Il bondissait pour effectuer son baroud d'honneur quand, soudain, Sinksdros s'illumina dans sa paume.

Sous le pont, le fleuve s'anima. Ses eaux décollèrent puis s'abattirent sur Danaëd qu'elles emportèrent. Les soldats furent stupéfaits. Ils se souvinrent alors que les anciennes légendes prêtaient aux Vaardi le pouvoir de se faire obéir des flots.
La Bleutée dans la main, Tidrain s'avança vers les militaires. Médusés, ceux-ci confirmèrent ses craintes. Le démon avait traversé le pont pour se ruer en direction du Nord. Puis ils s'écartèrent.

Au triple-galop, Tidrain et Hellénia repartirent à la recherche de la princesse enlevée. Les traces de la captive et de son ravisseur se firent plus nombreuses à mesure qu'ils gagnaient des lieues sur le Nord. Tous deux s'en réjouirent. L'héritière serait bientôt secourue. Néanmoins la piste d'Osalia disparut après les avoir entraînés dans une fondrière. Leurs montures s'y enlisèrent tant qu'ils finirent par craindre de les perdre.

Ce fut à ce moment que Sinksdros se ranima. Coulant de la main de son propriétaire, la Bleutée se planta dans le sol fangeux des marécages pour y faire ondoyer l'eau qui y stagnait. Une carte apparut alors aux yeux de Tidrain et d'Hellénia. Sinksdros venait de les relancer sur les traces du monstre et de sa prisonnière.

Les adolescents repartirent aussi vite que le supportèrent leurs montures. Ils affrontèrent des cohortes de bêtes sauvages avant de découvrir l'emplacement qu'avait indiquée la Bleutée. Cependant ils l'atteignirent. Le flanc d'une montagne fangeuse, où s'ouvrait une gueule béante dont les parois tapissées de mousses plongeaient droit vers les tréfonds du monde.

Les traces du monstre se superposaient tout autour. Tidrain et Hellénia les décelèrent les unes après les autres. Ils en conclurent que cette bauge abritait son repaire. Pénétrer à l'intérieur promettait d'être périlleux. En ressortir le serait davantage encore.

L'adolescent craignait pour la sécurité de sa suzeraine. Il résolut de se risquer seul à l'intérieur du tunnel, néanmoins la troisième héritière ne lui laissa aucun choix. Elle insista pour le suivre. Aussi les deux compagnons s'enfoncèrent-ils ensemble sous terre.

La descente leur parut éternelle. Leur angoisse s'amplifiait de minute en minute. Les deux intrus remarquèrent que la mousse se raréfiait à mesure qu'ils gagnaient en profondeur. Une brume verdâtre vînt soudain les encercler. Au fil de leurs pas, son épaisseur s'accrut. Elle les contraignit bientôt à devoir sonder les parois pour progresser.

L'effroi d'Hellénia et de Tidrain atteignit son paroxysme. Tous deux se trouvaient à la merci du moindre adversaire. Chacun le savait et l'éprouvait dans ses chairs. C'est alors qu'ils atteignirent une vaste salle munie d'un autel. Le démon qui avait enlevé Osalia s'y trouvait à les attendre.

Hideux. Voilà bien le seul mot qui aurait pu lui convenir. La créature se trouvait auréolée d'une couronne de vapeurs nocives. Son crâne disproportionné et décomposé jaillissait des nuages dont elle était enveloppée. La chose était haute, sa carrure massive. Elle n'avait pas d'yeux, à peine une paire d'orbites caves dans lesquels s'engloutissaient les lueurs fantomatiques de la caverne. Cinq paires de cornes s'extirpaient de son crâne en surplombant son front. Fracassé, celui-ci laissait sa cervelle s'agiter au grand jour.

Le démon les accueillit d'un cri qui leur vrilla les tympans. Un hurlement suraigu lui fit écho. Osalia était terrorisée, mais encore vivante. Toutefois une véritable abomination la séparait de ses sauveteurs.

La chose ne laisserait pas l'héritière être délivrée si facilement. Cependant l'esprit d'Hellenia lui fut supérieur. La princesse la désorienta en utilisant les échos renvoyés par la caverne et ses parois. Elle contourna le monstre, puis surgit derrière lui avant de se propulser vers la captive. La créature n'avait pas remarqué son irruption que Tidrain bondissait sur elle et faisait pleuvoir les coups pour la forcer à reculer vers le mur.

Hellénia se laissa tomber à genoux en atteignant sa sœur, qu'elle serra dans ses bras avant de l'emporter vers la sortie. Le monstre se précipita pour les arrêter. Néanmoins Tidrain l'en empêcha en lacérant ce qui restait de son visage.

Le démon se réfugia à demi dans ses exhalations. Les deux jeunes filles se trouvaient dorénavant hors de sa portée. Furibond, il s'adressa à l'adolescent en mobilisant toute sa cruauté.

« La moelle de tes os ridicules. Je m'en délecterai. »

Il laissa éclater sa frénésie. Les nuages empoisonnés qui le ceignaient se jetèrent sur Tidrain. L'adolescent se campa fermement et brandit Sinksdros qu'il fit cingler. Céder ou reculer. Il ne devait faire ni l'un ni l'autre, auquel cas le sort de ses deux suzeraines serait scellé. Il redoubla d'efforts.

Cependant la puissance du monstre resta écrasante. La créature déversa des fleuves de poison et mobilisa toutes ses forces pour prendre l'avantage sur son adversaire juvénile.
Une nouvelle fois, tout parut perdu. L'adolescent sentit à nouveau l'impuissance le submerger. Ses bras se consumaient faute d'oxygène quand Sinksdros décida d'intervenir.

La Bleutée s'embrasa de mille feux en se drapant d'écharpes écumantes. Le monstre se pétrifia sous le spectacle. Il amorçait un mouvement de recul quand l'arme lui décocha une vague colossale au visage.

Les flots comprimés fusèrent et rugirent dans la caverne. L'attaque cisailla six des cornes de la chose, déchira son voile empoisonné et décrocha sa mâchoire.
Tidrain éprouva une décharge d'adrénaline. Il sut qu'une telle occasion ne se représenterait plus jamais. Il rassembla ses dernières forces pour se propulser sur le démon. Ses émanations nocives lui incendièrent la peau et lui électrisèrent le corps lorsqu'il les rencontra. Toutefois l'adolescent tînt bon. Il atteignit l'abomination. Avec l'énergie du désespoir, il abattit Sinksdros droit sur son visage en lambeaux.

Le coup décrivit une arabesque mortelle. La Bleutée resplendit et parut attirer tout l'éclairage environnant. Elle déchiqueta le front du monstre avant de se planter par terre.

Surpuissant, le hurlement de la créature fendit le roc de la caverne et déséquilibra Tidrain qui s'effondra au sol. Son adversaire ne l'attaqua pas. Il recula gauchement, tituba en emboutissant les murs de la salle puis perdit tout aplomb.
Il mourait. Des spasmes commencèrent à coloniser sa tête défoncée.

La créature encaissa tout d'un coup une convulsion plus brutale que les précédentes. Le reste de ses cornes éclata. Sa face ignoble se brisa. Les nuages de poisons qui l'enveloppaient se condensèrent. Quelques secondes encore, et Valius Vaardi apparut aux yeux de son fils, agonisant.
Il ouvrit péniblement les yeux, puis reconnut Tidrain dont il évita le regard implorant. À quelques pieds de lui, Sinksdros se trouvait fichée dans le sol. Valius la découvrit. D'emblée il comprit.

Il tendit l'index, ses ultimes forces dans son doigt pour désigner la Bleutée.

« Mon fils, contemple ma ruine. Elle attend chaque membre de notre lignée. »

Valius expira.

Longtemps, la terreur gouverna Tidrain. Il finit par reprendre un contrôle précaire de son corps. Il ramassa Sinksdros avant de se diriger vers la sortie, hagard. Soudain, ses orteils butèrent contre un objet aux contours irréguliers.
Le garçon abaissa les yeux vers le sol. Il y découvrit l'un des éclats des cornes du monstre. Son instinct le fit s'en emparer avant de le laisser remonter à la surface. Osalia et Hellénia l'y attendaient, saines et sauves.

Ils regagnèrent Rürgoss tous les trois. Dix jours de voyage plus tard, ils s'agenouillaient devant l'empereur. Tidrain se vit couvert d'honneurs. Un décret immédiat fit de lui un sous-officier de la garde de la première héritière. Hellénia ne fut pas en reste. Son père et sa soeur l'observèrent dès lors d'un nouvel oeil. Son dévouement lui rapporta une place de conseillère à leurs côtés.

Tidrain reçut des nouvelles de sa mère un mois après son retour dans la capitale. On l'avait assassinée. Le plus terrible ne lui fut révélé que plus tard. Sinksdros était l'arme qui l'avait pourfendue.
Cinq semaines s'écoulèrent encore. Un charnier immense fut découvert dans les Hauts Monts de Lierre. L'adolescent comprit alors que son père avait été consumé par sa cruauté et son orgueil, mais aussi par la vindicte de la Bleutée qui l'avait damné.

Portant en talisman le fragment de corne d'ivoire qu'il avait arraché au démon, l'adolescent échangea son arrogance pour une humilité sincère. Il devînt dès lors le plus grand des hommes de bien de l'empire, un parangon de compassion, de sagesse et de mesure pour chacun de ses contemporains. Tidrain et Hellénia s'épousèrent pendant leur vingt-troisième année, en l'an cinq du règne d'Osalia la Troisième. Jamais cet Aquasire ne connut un sort identique à celui de son père.

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