Chapitre 65. Un challenge pour Rachel

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— Bon, ok, je veux bien tenter… L’équipe est d’accord avec l’essai, mais bon, je ne pense pas avoir une grosse montée de lait et puis elle est habituée à la tétine maintenant, elle a deux semaines et elle n’a jamais connu que ça.

— Écoute, on tente, si elle ne prend pas, on fera sans, si tu n’as pas de montée de lait, on fera sans aussi, Rachel. Je t’aime et je te remercie de tenter cette expérience, mon amour.

Louis avait fait des recherches concernant la possibilité de réenclencher une montée de lait ; le fait que Rachel ait déjà eu des petites montées était bon signe, il avait suivi les conseils reçus d’une sage-femme et il lui avait stimulé les mamelons pendant plusieurs jours avant de tenter l’expérience avec l’accord de l’équipe de néonatologie.

Louis y croyait dur comme fer, des femmes adoptant un bébé y réussissaient bien, alors, pourquoi pas Rachel qui avait des petites montées de lait et de la pratique avec leurs fils ? Rachel, elle, appréhendait un peu le résultat de cette expérience ; si cela réussissait, elle serait sa mère de lait… Mais elle avait toujours peur qu’Ambre n’arrive à la lui arracher une fois les liens tissés entre elle et Ninon.

Il s’installa dans son dos après lui avoir mis Ninon dans les bras, il l’observa s’installer et proposer l’un de ses mamelons à Ninon. Elle l’avait préalablement pressé, quelques gouttes de lait avaient perlés.

Ninon tiqua un peu, elle n’avait pas l’habitude. Elle mit quelques minutes à s’habituer à la texture du mamelon et à ce qu’il pouvait bien sortir de cette drôle de tétine.

Le goût devait être différent des biberons, elle voyait Ninon froncer les sourcils, elle sentit que cela tirait dans son sein et elle sentait bien que Ninon tétait avec force.

Avait-elle goûté un peu de lait ?

Rachel lui proposa l’autre sein ; tant qu’à faire, si une montée de lait devait se réenclencher, autant que cela vienne des deux côtés…

Ninon fut pesée après la tentative et Rachel fut étonnée de savoir qu’elle semblait avoir pris quinze grammes… Comme quoi, elle lui avait donc donné un peu de lait.

Elle s’exclama,

— Eh bien, quinze grammes quand même… Je ne savais pas que j’avais cela en stock dans mes seins.

Louis sauta sur l’occasion pour lui proposer, avec beaucoup d’humour,

— Si tu veux, je veux bien te stimuler la montée de lait tantôt, quand nous seront chez nous…

Elle éclata de rire,

— Je n’en doute pas, Louis !

L’infirmière référente de Ninon s’approcha d’eux et leur dit,

— Si vous arrivez à réenclencher une montée de lait, nous serions preneurs des réserves que vous pourriez nous rapporter pour la nourrir. Sinon, vous pourriez aussi passer en journée pour l’allaiter, ce sera bénéfique pour elle, elle pourra grimper dans son poids et envisager une sortie de l’hôpital.

Rachel acquiesça,

— Je vais voir ce que je peux faire, j’ai encore un tire lait à la maison… Je l’avais rangé, mais comme quoi, il va peut-être resservir. Et je pourrais aussi passer en journée, à voir avec le boulot en unité.

Son époux l’encouragea,

— Je suis sûr que tu y arriveras Rachel.

Le couple quitta la néonatologie pour retourner chez eux. Sur le chemin, Rachel questionna Louis,

— Dis… Si je réussi à l’allaiter, ce sera difficile pour Flore en Angleterre, je ne pourrais pas lui envoyer mon lait.

Sur un ton désinvolte, il lança,

— C’est vrai, mais on n’en est pas encore là…

Elle insista,

— Oui, mais ce jour arrivera Louis, il faut qu’on en parle.

Il lui avoua,

— C’est vrai… Je fais l’autruche, je sais. Mais… Si finalement Ambre est complètement déchue de ses droits, je suis toujours son père et toi, si tout fonctionne, tu vas devenir sa mère de lait.

Rachel prit une grande respiration puis dit,

— Écoute… Je… Je suis partagée, et puis, il faudrait en parler avec Flore aussi, et avec le juge de la jeunesse.

— Oui, il faudrait revoir calmement toutes les possibilités offertes à Ninon, avec le juge aussi, c’est vrai.

— Parce que, si ce que tu désires depuis le début…

Il fit une moue sceptique avec sa bouche, tout en ne sachant réprimer un sourire,

— Arrêtes, tu y penses depuis l’annonce de la grossesse !

Elle lui sourit et lui donna une petite tape au niveau du ventre.

— Donc, je disais, si ce que tu désires depuis le début se réalise, il est nécessaire de préparer les enfants à la venue d’un bébé à la maison.

— Ah oui, ce n’est pas faux… Il va falloir qu’on se décide, de toute façon Flore est revenue pour trois jours, ce n’est pas évident pour elle ; gérer sa vie de famille à Londres, attendre sa nièce ici, je ne sais pas comment elle fait.

Une fois de retour chez eux, le couple appris que Flore était prête à rentrer à Londres en urgence ;

— Je suis obligée de retourner à Londres, la santé de ma mère décline fortement, je ne voudrais pas que la fille d’Ambre me prive d’un dernier moment avec ma mère.

Rachel la rassura,

— Pas de souci Flore, nous allons gérer Ninon ici, en famille, nous te tiendrons au courant des avancées de Ninon, retourne auprès de ta mère, elle a besoin de toi.

Louis renchérit,

— Oui, ne t’inquiète pas Flore, ta mère est une priorité, nous nous chargeons de Ninon.

Flore les quitta, Rachel se tourna alors vers Louis, inquiète.

— Louis, j’ai un peu peur… Flore n’a, à nouveau, pas nommé Ninon, elle l’a encore appelée « la fille d’Ambre », cela ne me dit rien qui vaille pour cette petite.

— Je l’avais remarqué aussi et je dois dire que cela me donne aussi quelques appréhensions.

— Si elle n’arrive pas à l’envisager autrement, j’ai peur qu’elle ne voie qu’Ambre en elle… Et je sais de quoi je parle.

Il la prit dans ses bras et l’enlaça puis lui glissa, en la taquinant,

— Ce n’est peut-être pas pour rien que tu as une montée de lait ma chérie…

— Ce serait un signe qu’on doit la garder, c’est ça ? T’as de la suite dans les idées toi !

— Oui, un peu…

Il l’embrassa dans le cou, elle rigola.

— On verra ça demain alors Louis… Pour l’instant, je suis trop crevée pour décider de quoi que ce soit.

— D’accord, occupons-nous aussi des trois autres entre-temps.

— Oui, j’ai l’impression que je ne les ai pas vus cette semaine, j’ai fait beaucoup d’horaire d’après-midi.

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