Chapitre 26. Mise à sac…

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Louis et Rachel s’étaient assis sur le palier de l’appartement en attendant l’arrivée de l’inspecteur. Capucine, qui les avait accompagnés pour le retour à domicile après les trente-six heures d’observation, était abasourdie.

— Mais vous allez faire quoi si vous ne pouvez pas rentrer chez vous ?

En tentant de garder un ton calme, Rachel lui répondit,

— On va attendre, une fois que la scientifique sera passée, nous mettrons un peu d’ordre dans ce qu’il reste d’utilisable.

Agitée, Capucine continua,

— Mais, et ce qui est écrit sur les murs ? Salope, grosse pute, il est à moi, tu vas crever avec tes avortons… C’est horrible !

Énervé tant par la situation que par sa sœur, Louis lança rudement,

— On nettoiera, Capucine…

Rachel attrapa la main de Louis et la prit dans la sienne.

— Oui, Louis, on nettoiera, mais ne te mets pas en colère, ça n’avance à rien ; ce qui est fait est fait, quelqu’un a saccagé l’appartement, ok, on fera avec, on fera intervenir l’assurance et on remplacera.

Il la fixa quelques secondes puis répliqua,

— Oui, mais quand même, Rachel, je suis furieux !

— Oui, je le vois bien, mon amour, mais nous sommes en vie, les enfants sont en vie, c’est l’essentiel, non ?

Sceptique, il lui demanda,

— Comment arrives-tu à être aussi calme ?

— Je fulmine aussi Louis, mais je ne veux pas gaspiller mon énergie à la colère, je la réserve pour tout ce que nous aurons à faire après, pour arranger tout cela.

Louis la regarda, soupira et posa sa tête sur l’épaule de Rachel qui rajouta, avec un petit sourire,

— Et puis, tu imagines la chance, Louis ? Tu vas pouvoir refaire toute la déco… Je sais que tu adores ça !

Elle gloussa, le rire contamina Louis et Capucine

— Ça oui, je vois bien mon frère refaire la déco, il adore !

— Oh mince… c’est vrai, je n’avais pas vu les choses comme cela… Mon dieu, tu vas être servie Rachel, je serais d’une humeur exécrable quand nous devrons aller dans les magasins de déco.

— Je ne suis pas d’accord, tu as très bien aménagé la chambre des enfants pendant que j’étais à la maternité.

— Oui, mais nous avions choisis ensemble les meubles et les teintes… Ce que j’ai fait, c’était essentiellement du montage.

— Oui et nous aurons besoin de ce savoir-faire, mon amour.

Ils entendirent du bruit dans la cage d’escalier. Louis interpella l’inspecteur Lays qui, dans l’escalier, regardait déjà s’il ne pouvait pas trouver de traces en lien avec le saccage de l’appartement du couple Leblanc.

Une fois sur place, les scientifiques revêtirent leurs combinaisons et commencèrent les prélèvements dès que l’inspecteur leur donna le feu vert.

Lays se frotta le nez, cette affaire n’en finissait pas, il allait devoir confronter Vans aux photos du saccage de l’appartement. Il réfléchit,

Les affaires sont liées, la personne qui avait pris le temps de mettre l’appartement dans cet état savait qu’elle ne serait pas interrompue, ils étaient bloqués à l’hôpital.

La menace à l’encontre des enfants et de Mme Leblanc est on ne peut plus tangible ici ; écrit en grand, avec que qui ressemble à du vrai sang, humain ? Animal ? L’auteur du saccage semble aimer la mise en scène.

En revanche, une menace différente plane sur M. Leblanc, l’auteur du saccage semble estimer très clairement qu’il lui appartient. Pensa l’inspecteur.

Le lit conjugal avait été éventré et un liquide avait été répandu dessus, il poursuivit sa réflexion,

Les scientifiques pensent que c’est de l’urine. Humaine ? Animale ?

Le couple en lui-même est spécifiquement visé, rien n’est récupérable dans la chambre, tous les vêtements de Mme Leblanc ont été déchirés, ses affaires personnelles piétinées et mouillées avec le même liquide que le lit, les affaires de M. Leblanc ont été préservées.

La chambre des enfants a été, elle aussi, complètement saccagée, enfin essentiellement les affaires des jumeaux, Lays réfléchi… Oui, les jumeaux sont bien du couple, la première n’est pas de l’actuelle Mme Leblanc.

Il me faudra expliquer cela au couple… La scientifique aura besoin de temps pour faire tous les prélèvements nécessaires.

De retour auprès du couple et de Capucine, Lays fut intransigeant,

— Bon, je vais devoir poser les scellés sur l’appartement, nous en aurons pour plusieurs jours. Je vous invite à trouver un autre logement pour les mois qui viennent.

Ébahie, Rachel s’exclama,

— Pour les mois qui viennent !?

— Oui, il y a des pièces complètement saccagée Madame, il est impossible de vivre là-dedans.

— À ce point ?

L’inspecteur soupira avant de continuer à expliquer l’étendue des dégâts au couple,

— Oui et… Je vous annonce aussi que vous n’avez plus que ce que vous portez sur vous comme vêtements, Madame, votre garde-robe est irrécupérable ; tout est déchiré et imbibé de liquide non identifié.

Incrédule, Rachel répéta,

— Tout ?

— Tout Madame, j’ai vérifié ; des chaussures aux robes en passant par la lingerie.

— Oh…

Rachel fut prise de vertige. Louis la soutint. Lays poursuivit son explication,

— Les affaires des jumeaux sont saccagées, elles aussi. En revanche certaines affaires de la petite sont encore récupérables et Monsieur, vous, vous pourrez récupérer vos affaires dès la levée des scellés ; elles n’ont pas été touchées.

Louis interrogea l’inspecteur du regard, il était sceptique.

— Mais, pourquoi ? Pourquoi est-ce que l’auteur n’a rien touché de mes affaires ?

— Écoutez, nous ne sommes pas encore sûr, mais au vu des menaces proférées, l’auteur en a plus contre Madame que contre vous… Vous, Monsieur Leblanc, l’auteur semble estimer que vous lui appartenez.

Louis souffla et se prit la tête entre les mains

— C’est Ambre, j’en suis sûr…

— C’est une hypothèse très plausible, nous la recherchons activement, selon son lieu de travail actuel, elle serait en congé pour les trois prochaines semaines.

Perdu, Louis souffla,

— Donc introuvable…

— Nous sommes sur sa piste. Nous vous tiendrons au courant.

Il était prêt à retourner dans l’appartement puis les rejoignit à nouveau pour leur dire ;

— Nous avons arrêté la personne qui a versé la méthadone dans les biberons, c’est déjà une étape. Les affaires sont liées, je tente d’obtenir plus d’information. Je vous conseille donc de trouver un autre logement et de nous communiquer votre nouvelle adresse et toute chose qui vous paraitrait suspecte autour de vous, au travail ou dans votre cercle d’ami.

Après réflexion, Rachel répondit,

— D’accord, je pense que nous pourrons loger dans le studio à côté de la maison de mes parents, il est libre je crois.

Louis acquiesça,

— Oui, ce sera toujours ça.

— Bon, je vais continuer à travailler, une surveillance de votre nouveau domicile sera organisée dès que vous me confirmerez l’adresse.

Choquée, Capucine lâcha,

— Une surveillance ?

— Oui madame, au vu des dégâts et des menaces proférées, tant que nous n’aurons pas localisé la suspecte, je préfère prendre mes précautions.

Capucine ne bougea pas, elle était clouée sur place. Louis l’interpella,

— Hé, Capucine ! Viens, on y va.

Soudain Capucine éclata,

— Mais merde ! Cette connasse ne fait que détruire les choses autour d’elle, je ne comprends pas comment vous arriver à rester aussi calme.

Rachel ferma les yeux puis répondit à sa belle-sœur,

— Capucine, il n’y a encore aucune preuve… Et nous devons garder nos forces pour les prochains mois… Nous serons un peu serrés dans le studio, il fait moins de quarante m2 je crois, avec trois enfants, ça va être chaud, sans compter que nous allons devoir improviser pour les meubles et les affaires personnelles.

Des larmes au bord des yeux, Rachel souffla,

— Tu sais, notre calme n’est qu’apparent, personnellement, je bouillonne, mais me laisser envahir par cette colère ne me servira à rien pour tout ce que nous avons à faire dans l’immédiat.

Louis renchérit,

— Je ressens la même chose Capucine, rester calme me permets de garder les idées claires.

Puis, en s’adressant à Rachel,

— Tu vas devoir faire du shopping Rachel. Je veux bien t’accompagner pour la lingerie !

Elle sourit et lui donna une bise sur la joue,

— Je te reconnais bien là Louis… Zut, ma nuisette mauve est foutue aussi alors… Je l’aimais bien celle-là, et toi aussi.

Il l’enlaça puis déclara,

— Viens, on y va, t’a prévenu tes parents ?

— Oui, ils vont vérifier si tout est fonctionnels dans le studio. Viens Capucine, je crois qu’on va se prévoir une après-midi shopping très prochainement toi et moi.

Capucine, encore abasourdie par la situation leur confia,

— Vous m’épatez tous les deux… Ok, je vous suis, et oui, on ira faire du shopping très bientôt, Rachel.

Chacun prit un enfant dans ses bras et ils descendirent lentement.

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