Chapitre 21. Alerte !

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Au petit matin, les jumeaux se réveillèrent tôt, Rachel et Louis se levèrent, à contre cœur.

— Tu allaites lequel ?

— Celui qui a l’air le plus affamé, tu veux nourrir l’autre avec mes stocks ?

— Tiens, c’est Clément qui hurlait le plus, je prends Adrien avec moi le temps de chauffer son biberon et celui de Maddy. Elle arrive, elle choisit lequel de ses doudous prendre avec elle.

Rachel s’installa confortablement pour allaiter Clément.

— Décidément, vous grandissez mes loulous, je ne sais plus vous allaiter en même temps !

Louis s’installa à côté de Rachel avec un biberon de lait maternel et avoua,

— J’aime quand nous les nourrissons à deux, je trouve cela tellement beau.

Rachel regarda son mari nourrir son enfant, elle soupira,

— Oui, c’est beau Louis.

Un sourire lui resta aux lèvres, Clément la regardait et souriait aussi. Adrien fini rapidement son biberon, comme à son habitude. Maddy arriva avec Frog dans la main,

— Ai faim !

— Bonjour toi, bien dormi ? Ton papa a préparé ce qu’il faut, viens à côté de moi ma puce. Ton papa nous apporte ton biberon.

Louis s’approcha et le lui tendit,

— Tiens Maddy, bon appétit.

Il se réinstalla en souriant dans le fauteuil, aux côtés de sa famille lorsque Rachel lui dit,

— Dit, regarde comme Adrien tient sa tête …

Elle fronça les sourcils

— C’est bizarre, tu ne trouves pas ?

— Oui, effectivement, je pensais qu’il était en train de s’assoupir, mais là, ce n’est pas normal, il n’a jamais été comme cela, il n’arrive plus à se tenir, il est tout mou.

Rachel eut l’impression d’avoir un filet d’eau glacée qui lui coula dans le dos, elle croisa le regard de son époux qui sembla tout aussi inquiet qu’elle. Elle décida,

— Habille toi, je termine avec Clément et Maddy, on va filer aux urgences, ça me fait peur !

Dès qu’il fut habillé, il relaya Rachel auprès des enfants et prépara la glacière avec des biberons, dans le cas où l’attente serait longue aux urgences.

Ils filèrent aux urgences où Rachel expliqua ses craintes auprès du pédiatre de garde.

Adrien ne réagissait quasi plus, Rachel se retenait de pleurer. Des analyses de sang étaient en cours, ils ne pouvaient qu’attendre.

Une longue heure plus tard, toujours pas de nouvelles, mais Clément qui avait vu sa tétée raccourcie se manifesta pour réclamer à manger. Louis s’occupa de faire réchauffer l’un des biberons qu’il avait emporté dans la glacière pendant que Rachel resta à côté d’Adrien.

Alors que le pédiatre discutait avec Rachel pour savoir si elle ne se souvenait pas de quelque chose d’inhabituel concernant Adrien, Louis cria tout à coup,

— Docteur, ça commence chez Clément aussi, il devient tout mou, ça a commencé comme ça avec Adrien.

— Qu’est-ce que vous avez fait avec lui depuis que vous êtes ici ?

— Je… Je lui ai donné un biberon de lait maternel.

Il tendit le biberon, vidé aux deux tiers.

— Vous… Vous pensez que cela vient du lait ?

Le médecin s’en empara,

— Peut-être, je vais le faire analyser tout de suite !

Rachel éclata en sanglot et articula, entre deux crises de larmes

— J’ai pourtant toujours fait très attention à ne pas les contaminer, je les ai toujours bien placés au frigo dans l’unité…

Le médecin l’arrêta,

— Hé, du calme, on va d’abord voir si cela a un rapport ou non. Des infirmiers vont venir pour appareiller le second bébé aussi.

Le pédiatre les laissa seuls après avoir ausculté Clément.

Rachel s’écroula dans les bras de Louis qui avait Maddy sur les genoux.

— C’est ma faute, c’est surement une bactérie que j’ai chopé à l’hôpital… J’ai dû faire une erreur de manipulation.

Il tenta de la rassurer,

— Arrête Rachel, on ne sait pas encore que quoi il s’agit.

Les infirmiers pédiatriques déboulèrent dans le box et installèrent Clément aux côtés d’Adrien.

Soudain, une alarme retenti, Adrien ne respirait plus… Puis reprit une respiration, mais plutôt superficielle. Le pédiatre arriva sur les entrefaites et préconisa une intubation trachéale. Adrien respira à nouveau, mais le pédiatre leur annonça qu’il était dans le coma.

Louis retint Rachel qui s’écroula, elle eut l’impression qu’on lui arrachait les entrailles. Maddy se mit à pleurer lorsqu’elle vit sa mère dans cet état. Cela fit réagir Rachel qui la prit dans ses bras.

— Oh mon bébé, j’ai si peur de perdre tes frères.

Elle la serra très fort dans ses bras et prit la main de Louis qui la regardait, blanc comme un linge.

— Louis, j’ai peur et je vois que tu as peur aussi.

— Oui, j’ai peur Rachel.

Il la prit dans ses bras, incluant Maddy dans son câlin qu’il voulut réconfortant.

Les infirmiers arrêtèrent finalement d’être baisser au-dessus des deux bébés, l’un d’eux interpella Rachel et Louis.

— Voilà, leurs paramètres sont stables, mais ils sont tous les deux encore critiques, tant que nous ne savons pas ce qui les mets dans cet état, nous ne pouvons rien faire.

Livide, Louis demanda,

— Nous pouvons les toucher ?

— Oui, il faut juste faire attention à ne pas bouger les électrodes et les cathéters.

— Ok. Merci de nous tenir au courant dès que vous aurez des infos.

Ils rejoignirent leurs bébés et les touchèrent pour maintenir le contact et se rassurer eux même. Maddy resta dans les bras de Rachel.

Une demi-heure plus tard, le pédiatre déboula dans le box, suivi d’un infirmier, Rachel et Louis levèrent les yeux vers lui, il faisait une drôle de tête.

— C’est très bizarre, mais nous avons trouvé ce qu’il y avait dans le biberon.

Comme il ne dit plus rien, Rachel l’interpella,

— Et c’est ?

— De la méthadone.

Un silence se fit puis Rachel explosa,

— Quoi ? De la méthadone ? Mais comment est-elle arrivée dans les biberons ? Je ne comprends pas !

— Nous non plus, nous ne comprenons pas, mais je vous propose de tenter une injection de naloxone[1], pour voir si les bébés réagissent.

Louis accepta immédiatement,

— Ok, donnez-leur l’antidote, c’est le seul moyen de savoir.

Il passa son bras autour des épaules de Rachel.

L’injection fut faite à Adrien qui réagit quasi instantanément, il fut ex tubé rapidement, Clément réagit lui aussi à l’injection de l’antidote.

Le médecin conclut,

— Eh bien au vu de leurs réactions, il s’agit bien de cela ! Ils vont devoir rester 48h hospitalisés pour vérifier et continuer à recevoir l’antidote.

Il se tourna alors du côté de Louis et Rachel,

— Le souci, maintenant, est de savoir comment cette méthadone est arrivée dans ces biberons ! Etes-vous sous traitement ?

En chœur, Louis et Rachel s’exclamèrent,

— Pardon ?

— Euh, oui, qui de vous deux prend de la métha ?

Outré, Louis répondit vivement,

— Mais aucun ! Aucun de nous deux ne prend ce produit !

Rachel ouvrit la bouche, pâlit tout d’un coup et souffla,

— Dans le frigo… Il y en avait !

Sur un ton passablement condescendant, le médecin lâcha,

— Dans quel frigo madame ? Monsieur vient de dire qu’aucun de vous deux n’en consomme, mais vous en avez dans votre frigo ? J’aimerais comprendre.

Elle hurla,

— Non, dans le frigo de l’unité où je travaille, ici dans l’hôpital !

Obstiné, le médecin répondit,

— Je ne comprends pas…

L’infirmier intervint,

— Je pense que ce que madame veut dire c’est qu’il y avait de la méthadone dans le frigo de l’unité.

Puis se tournant vers Rachel,

— C’est bien ça ? Vous avez dû mettre le lait maternel dans le frigo réservé aux médocs, comme il est d’usage ici ?

Fébrile, Rachel confirma,

— Oui, c’est bien ça, je travaille ici, en psychiatrie et j’ai deux patients qui prennent de la métha pour le moment. Mais je ne comprends pas… Comment la métha est-elle arrivée dans les flacons de lait ?

Le silence s’abattit une fois de plus. Louis s’agita et s’exclama,

— c’est Ambre, je suis sûr que c’est elle qui a manigancé ça ! Il faut porter plainte à nouveau.

Rachel fit « non » de la tête, mais ses entrailles se serrèrent de plus en plus, elle s’accrocha à Maddy qui heureusement resta très calme, la tête sur l’épaule de sa mère.

Rachel ne put envisager l’option proposée par son époux et balbutia

— Mais Louis, elle a été mutée au fin fond du pays …

Il la coupa en haussant le ton,

— Rachel, tu sais ce dont elle est capable !

Saisie, elle glissa,

— Calme-toi Louis, cela ne sert à rien de crier.

Elle s’affala sur la chaise placée juste à côté du lit, elle tendit son bras pour toucher le pied de Clément. Résignée, elle murmura,

— Ok, portons plainte.

Puis, regardant le médecin et l’infirmier qui étaient restés muets jusqu’ici,

— Nous aurons besoin des résultats des bébés et du contenu du biberon pour la police.

Louis sortit pour contacter la police, et plus précisément l’inspecteur qui s’était occupé d’eux lors de l’agression de Rachel par Ambre.

L’infirmier lui demanda,

— Dites, qu’est-ce qu’il se passe là ? Vous connaissez quelqu’un susceptible d’avoir empoisonné vos enfants ?

Après un long soupir, elle lui déclara,

— Oui, une femme, l’ex de mon époux, qui m’a agressé, ici, à l’hôpital, il y a 8 mois, lorsque j’étais enceinte des jumeaux, elle a très clairement souhaité leur mort, devant témoins. A l’époque, elle m’avait fait chuter des escaliers en espérant que cela entraîne une fausse couche.

L’infirmier hocha la tête et compatit,

— Oh, d’accord ! Oui ! Je me souviens, tout l’hôpital en avait parlé.

Rachel poursuivit,

— Elle est machiavélique, elle ne pense qu’à faire du mal et ne supporte pas le fait que Louis soit heureux avec moi et ni que j’ai réussi à lui donner deux enfants.

Elle éclata en sanglot en déclarant,

— Je pensais qu’elle nous ficherait la paix après la plainte…

Elle serrât très fort Maddy dans ses bras, ce qui ne plut pas à cette dernière qui commença à manifester son désaccord.

— Oh, désolée ma puce, tu dois avoir soif et faim en plus ! Et nous n’avons pas de panade avec.

Rachel ouvrit la glacière puis entendit Louis crier,

— Arrête, ne touche plus à rien dans cette glacière !

Le médecin, l’infirmier et Rachel le regardèrent étrangement.

— Mais pourquoi Louis, je prends juste le biberon de Madeleine.

— Non, ne touche à rien, ordre de l’inspecteur Lays.

Pour répondre aux regards interrogateurs des deux personnes présentes, elle expliqua,

— Il s’agit de l’inspecteur qui s’était occupé de notre affaire il y a huit mois.

L’infirmier proposa,

— Et nous, que pouvons-nous faire pour vous aider, outre nous occuper de vos bébés ?

Louis lui répondit,

— Rien d’autre que ce que l’inspecteur demandera. Il vient avec la section scientifique, ils voudront voir partout où est passé ce biberon.

Le médecin les quitta et l’infirmier leur expliqua qu’il allait mettre le reste du service au courant pour que l’enquête locale se fasse sans accro.

[1] La naloxone est l’antidote des opiacés dont fait partie la méthadone

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