Lettre N°7-14/06/20

3 minutes de lecture

Coucou Abuelo,

À nouveau un jour bien dur qui s'est ouvert à moi. C'est bizarre, en fait j'ai la sensation de te dire que ça. Que c'est dur, ou difficile. J'espère qu'il va y avoir des jours où je viendrais te conter ma joie et mon bonheur. Que je commencerais ma lettre comme ça : « aujourd'hui c'était plus facile à vivre ». Je ne me décourage pas de te l'écrire, peut être que pour le moment c'est encore trop frais. J'imagine.

Donc, comme je te le disais plutôt, c'était très difficile, bizarre ou étrange, je ne saurais pas vraiment décrire mon ressenti, à propos de cette journée. C'était même un peu pesant par moments. Je me suis levée tard, ça m'a fait du bien, pour une fois j'ai eu le sentiment d'avoir bien dormi, de me réveiller en pleine forme et assez reposée. C'est alors que j'ai pensé :

« Cool la journée va passer vite ! »

Et bien comme tu pouvais t'y attendre, ça ne s'est pas passé comme je l'avais imaginé.

J'ai été occupée toute la journée à dessiner, à écrire, et à compléter mon bullet journal, tout en regardant une série. Mais en fin de compte j'ai eu cette impression d'ennui, un peu comme si j'étais vide. Comme si tout ce que je faisais ne m'occupait pas réellement, je ne sais pas trop comment je pourrais l'expliquer, c'est déjà confus dans ma tête.

Je pense que c'est la date d'aujoud'hui qui sans le vouloir me met dans cet état. Honnètement, je crois qu'après ce dimanche 24 mai, il sera difficile pour moi d'aimer le moindre dimanche, c'est triste de dire ça. Pourtant le dimanche est assimilé, pour moi, à un jour que je n'aime plus.

Bref, pour moi être dimanche me terrifie. C'est comme si chaque dimanche, je revivais ce moment atroce où je t'ai perdu. Où je t'ai perdu, pour toujours. J'ai vu tout le monde ici, se refermer dans son coin à subir, rien que subir dans le silence. Ici, on a pas vraiment le choix que de subir ou supporter ce trou béant que tu as laissé dans nos poitrines. Quand tu nous as laissé.

Pour te donner un contexte, Papa et Maman sont allés dans le spa afin de se détendre, moi j'étais positionnée dos à eux, je dessinais. Malgré le bruit assourdissant des bulles j'ai entendu une chose qui m'a vraiment mis un coup au moral. Qui m'a déchiré le coeur, qui se trouve déjà être en mille morceaux.

J'ai entendu Papa qui hurlait sa souffrance en silence, dans ces sanglots qu'il tentait d'éttouffer dans les bras de Maman. Je sais que j'aurais dû aller moi aussi le réconforter, mais vraiment ça m'a détruit. Je savais bien sûr, que Papa viviait aussi ton départ avec beaucoup de tristesse mais au fond je me disais qu'il était celui qui gérait le mieux le fait que tu sois parti. C'est vrai après tout, il dit toujours « c'est comme ça, c'est la vie malheureusement », mais à cet instant je me suis réellement rendue compte que lui aussi il a mal, lui aussi il souffre, comme moi. Et ce, bien plus que ce que j'aurais pu l'imaginer.

Et je pensais qu'en réalité, il était comme « soulagé » que tu sois parti. Soulagé tu ne souffre plus j'entend, mais voilà que la réalité a encore frappé. Il ne va pas bien lui non plus, comment pourrait-il dailleurs en être autrement ?

Lorsque je pense à toi, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi ce monde est aussi injuste. Tu étais la personne la plus fabuleuse, douce, agréable, pacifique, adorable et fantastique que la terre ait pu connaître en autant d'années d'éxistence. Pourquoi un être aussi fabuleux a dû nous quitter ?

Tom aussi il a craqué dans la journée, pour lui aussi tu étais un être des plus merveilleux, je crois même que tu étais un vrai héro pour lui. Il t'admirait tellement. C'est incroyable la façon dont chacun essaie de faire son deuil. Pour Tom, j'ai l'impression qu'il va refuser d'en parler pendant des jours et des jours puis que soudain tout explose. Et alors Emma et moi on se prend un tsunami émotionnel en plein visage, il en devient parfois blessant dans ses paroles. On dit toujours, que ce sont les blessures du cœur qui sont les plus dures à guérir, maintenant je me rends compte que c'est exactement ça !

Mon dieu ce que je peux t'aimer Abuelo. J'espère sincèrement que tu es en paix là où tu es. Prends soin de nous s'il te plait, prends soin d'eux.

Ta grande,

Laure

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire laure_pfr ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0