Lettre n°2- 23/05/20

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Coucou Abuelo,

Aujourd'hui, voilà qu'arrive encore une dure journée. Ce midi, Mamie, Jean-Pierre, Tonton, Solène et les filles sont venus manger pour ensuite venir te voir à l'hôpital. Durant ce repas, toi tu n'étais pas là, mais Dieu sait combien tu aurais dû être là. Enfin non c'est faux ce que je raconte là. La phrase correcte c'est : « Dieu sait combien tu étais présent à chaque instant, comme dans chacune de mes pensées. »

On m'a demandé ce que j'en pensais, moi, de ce qu'on était en train de vivre, j'ai répondu :

« Le fait que Abuelo parte m'attriste énormément car je n'arrive pas à me résigner à ne plus le voir, ce n'est juste pas possible pour moi. Il y a aussi le fait que je ne peux même pas lui dire au revoir, qui me brise le cœur, ça rend la chose encore plus compliquée.

Au fond peut-être qu'on ne peut pas réellement dire au-revoir aux personnes qu'on aime, je pense qu'on ne peut jamais être véritablement prêt à faire ça. Car si on le fait, si on dit « au-revoir » alors tout devient réel. Et personne ne veut que ce genre de choses deviennent réelles, moi je ne veux pas que ça soit vrai, et inévitable.

Il y a surtout quelque chose, qui se trouve être encore plus horrible à vivre que le reste : tout cela arrive l'année de mes dix-huit ans – c'est peut-être égoïste de dire ça, je suppose –, où il y a mon entrée à la fac et surtout où Papi aurait dû être là, il me l'avait promis. »

Je ne sais pas si tu t'en souviens mais lorsqu'on faisait tous les deux le carrelage de ta salle de bain, tu m'avais fait une promesse. Une promesse que la vie a brisée, mais qui m'était très chère. Celle de venir faire les travaux dans ma future maison, dans mon futur appartement, mais d'abord et surtout que tu viendrais m'installer dans chambre universitaire.

Cette promesse c'est aussi un de mes plus beaux souvenirs que j'ai avec toi. Et aujourd'hui cette même promesse qui m'aide à ne pas couler, celle qui m'aide à ne pas me noyer dans mon chagrin. Je vais probablement être acceptée à Lyon et c'est à ta joie que je pense pour être à mon tour joyeuse de cette bonne nouvelle.

J'essaie d'imaginer ta réaction quand j'aurais annoncé que je suis quarantième sur la liste d'attende de l'université de Lyon 3.


Il est 23h 10, je suis morte de fatigue et de chagrin. Malgré qu'en ce moment mes nuits sont difficiles, courtes et peuplées de cauchemars, je cours me réfugier dans les bras de Morphée. C'est dans ces bras que je peux pleurer en silence sans avoir besoin d'expliquer pourquoi.

Je t'aime Abuelo.

Ta grande,

Laure

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