Ce que nous dit le tableau...

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Ce que nous dit le tableau de Magritte, d'une façon qui lui est propre, à savoir la peinture, c'est l'entièreté de notre présence au monde qui, toujours coule de la source à l'estuaire, quel que soit le lieu du parcours que nous avons atteint. Le ciel nous dit le projet et les nuages la contrariété qui peut survenir. La mer nous dit notre bain amniotique. La pierre du parapet, le minéral en nous. Le grelot, les bruits du langage, l'intégration du discours. La feuille symbolise notre appartenance au végétal, les nervures qui nous animent et notre affiliation au régime de la racine. La tête de la femme, la mère nourricière, la muse par laquelle naissent la poésie et les arts en général. Le sang sur la tempe est évocation de la douleur toujours possible et le deuil de la finitude. Le rideau est l'aire qui dissimule les choses invisibles de l'ordre de l'esprit, de l'âme, de la transcendance de toutes choses portées à leur essence, en même temps que le vaste domaine de notre inconnaissance. Le soleil nous rattache au souverain Bien en même temps qu'il nous dit la dette en regard de cette lumière qui éclaire le paysage, nourrit la terre et éclaire la raison de l'homme. L'ombre, enfin est la projection sur l'écran du réel de ces zones intermédiaires - le doute, l'inconscient, la puissance des archétypes - dont nous subodorons la présence à défaut de pouvoir la connaître.

Bien trop souvent, dans notre hâte de consommateurs médiatiques, nous survolons cela même qui constitue la nature profonde des choses et parle à notre oreille comme cet « homme qui murmure à l'oreille des chevaux » et établit la subtile communication dont on pensait qu'elle se limitait à l'immédiatement perceptible. Les montagnes, les dunes et les océans aux vagues immenses. Les chevaux, eux aussi, ont une vie cachée qui ne demande qu'à être découverte. Il ne tient qu'à nous les hommes de partir en quête de ces langages secrets. Ils nous habitent bien plus que nous ne pourrions l'imaginer ! Puisqu'aussi bien, en essence, nous sommes langage, rien que langage ! Et ne rêvons que de cela, demeurer fable aussi longtemps que des bouches seront là pour la proférer.

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