Et alors...

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Et alors, dans cette figure nuitamment aporétique - on ne percevait quasiment rien du paysage humain -, pouvait-on, réellement, être au passé et au présent autrement qu'à l'aune de l'imaginaire ? Nous étions si loin de la raison humaine, de l'intuition poétique, de la sensibilité artistique. Que dirait un individu sain d'esprit, n'ayant pas encore sombré dans les fosses de la folie limoneuse, de ces brumes perdues dans leur propre complexité, de ces silhouettes fantomatiques, de ces ectoplasmes entourés du même coton qu'ils déglutissent autour d'eux comme un miel délétère ?

Marchant, ou plutôt claudiquant dans l'herbe zoo-anthropologique - l'on ne savait plus rien de ses propres limites, de l'endroit pour l'homme, de celui pour la bête -, faisant plutôt du surplace, on inventait une manière d'éternité dont cette lumière vert-de-grisée semblait être la métaphore colorée. Jamais, vraiment, l'on n'avait su où commençaient les registres sous lesquels on fonctionnait - réel, symbolique, imaginaire -, où ils s'arrêtaient, auquel on devait s'affilier en priorité. Cependant ceci, cette bien compréhensible irrésolution de l'homme face au triptyque de la parution et de sa mise en musique se résolvait dans l'instant où apparaissait leur confondante synthèse. Ici et maintenant, ici et ailleurs, ici et nulle part la quadrature du cercle ne recevait sa réponse définitive. On participait aux trois règnes - le végétal, l'animal, l'humain - on participait aux trois registres, aux trois extases du temps - passé, présent, avenir. C'était étrange tout de même cette teinte d'aquarium que prenait le monde. C'était étrange ce sentiment d'une mobilité immobile. C'était étrange d'être, en un seul empan de réalité, présence fœtale en devenir, naissance à paraître, existence en partie réalisée, mémoire ayant engrangé une séquence de l'univers visible. Sublime métamorphose de la catégorie spatio-temporelle, mais aussi de la genèse des corps, mais aussi rétroversion de la conscience en sa germination première, mais aussi reconduction de la mémoire à son lieu primitif, à l'engrangement des impressions formatrices, fondement de cela qui serait plus tard.

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