Jour 2

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Une aspirine et un tour de cadran, je vais mieux. Je vais aller croquer un morceau. J’ai faim. Plus de café, plus de thé, ça va, il me reste un fond de jus d’orange et quelques tranches de pain complet. C’est cool, je n’ai pas besoin d’aller en ville. Aujourd’hui, je reste chez moi, c’est dimanche, et j’ai des trucs à faire. Le chien d’en face s’est remis à gueuler, j’ai l’impression que ç’a duré toute la nuit. On se demande pourquoi ces connards ont un chien si c’est pour ne pas s’en occuper. Je vais aller voir.

Jogging, sweat, sandales, biscuits, j’y retourne. Pas âme qui vive, ils sont encore tous partis emmerder les faisans et les sangliers. C’est sûrement le dernier week-end où il fait beau, ils en profitent. Tiens, bête de kien, attrape ! Pour une fois, il a l’air content de me voir, ce con de chien. J’enfonce le bouton de la sonnerie. Rien. Le chien s’approche de moi, pose ses pattes sur le portail, essaie de me lécher la figure. Même pas en rêve, faut pas déconner, on veut bien être gentil, mais y a des limites…

Je retourne chez moi, il se remet à gueuler. Tant pis, dans la maison, je l’entendrai moins. J’irai voir ses maîtres ce soir, quand ils seront rentrés de la chasse… Je vais faire un peu de rangement.

Dans le salon, il y a sa photo qui me regarde. Je vais devoir m’en débarrasser. Non, pas maintenant, c’est pas urgent. Elle m’a dit qu’elle me quittait parce qu’il ne se passait rien dans ma vie. Je suis pas sûr que ça va s’arranger, sans elle… Allez, j’essaie de la rappeler, on ne sait jamais, elle aura peut-être changé d’avis. Merde ! Encore ce message, sur sa boîte vocale… C’est déprimant… Et l’autre qui continue de gueuler…

Je vide le lave-vaisselle. Depuis vendredi soir, ça doit être sec, là-dedans… Après ça, un petit coup d’aspirateur, le MP3 sur les oreilles… Voilà, dernière assiette. Allez, Edgar, au boulot ! C’est con d’appeler son aspirateur Edgar. C’est Hélène qui a trouvé ça, à cause d’Edgar Hoover, jeu de mot qu’elle a rapporté de son séjour aux US. Le MP3 passe sa compilation, toutes les chansons possibles qui parlent d’Hélène… C’est kitsch, ça me fout le moral en berne. Je la rappelle… Toujours ce message de merde… Ta gueule, le chien !

Je branche Edgar, merde, panne de courant… Depuis quand ? Le frigo ? Il est tiède… Le congèle ? Merde, les chutes du Niagara à l’ouverture de la porte. Je peux tout jeter. Même la pizza Hawaïenne, la préférée d’Hélène. Week-end de merde ! Je la rappelle. Elle ne répond toujours pas, elle doit filtrer… c’est toujours son message.

— C’est moi, je t’en prie, rappelle-moi… s’il te plaît… Je viens de balancer ta pizza Hawaïenne, celle qui était au congélo. Une panne de courant… longue durée. Rappelle-moi… Please…

Le chien ne se calme pas. Je devrais peut-être lui refiler la pizza foutue… Non, ce serait cruel… Après tout, ce n’est pas sa faute si ses maîtres sont des cons finis… Je regarde le disjoncteur. C’est ça, il a sauté. Toute cette bouffe foutue pour un disjoncteur, ça fait chier. Tiens, je vais manger un bout, je vais bien trouver une boîte. Après ça, je viderai la bouffe perdue du frigo.

Pas mal ce cassoulet à la casserole, ça faisait longtemps que je n’en avais pas mangé. Un yaourt, euh, non, une pomme. Allez, courage, sac poubelle, et sus au garde-manger. Il n’y en a pas tant que ça, ça devrait aller, et puis, ça ne pue pas encore. Je vais garder les tranches de jambon pour le gueulard d’à côté, ça le calmera peut-être.

Les clés de la bagnole, je vais prendre l’air au lac, ça me fera du bien. Le jardin, le portail, avant de partir, je traverse la rue, j’envoie le jambon par-dessus la clôture. Tiens, bête de kien, attrape ça. Régale-toi, et tâche de ne pas t’étouffer ! En voiture, c’est parti. Je laisse le portail ouvert, dans ces villages de campagne, aucun risque de visiteur indésirable, surtout un dimanche après-midi.

J’arrive au lac, c’est cool, il n’y a personne. Je gare ma 206, je ferme à clé, et je vais vers la plage. Pas de baigneur, c’est le milieu de l’automne, l’eau est fraîche. J’appelle mon pote, Sam. C’est le voisin d’Hélène, je peux lui demander d’aller la voir, la convaincre de me rappeler. Merde, encore la messagerie. Ils se sont donné le mot, ou quoi ?

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