Et non... et moi

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C’est un jour de chaleur chaude et moite du mois de Juillet et nous sommes chez son père. Nous sommes montés par l’échelle de bois jusque sous les toits de la chambre mansardée. Nous sommes allongés sur le lit et fumons un joint d’herbe. Il demande si c’est la première fois. Oui. Première sensations ambivalentes et contradictoires d’appréhension mêlée au désir vague de le faire, de faire ça avec lui. Première découverte des caresses, de la peau halée et douce, du corps nu, beau, parfait, jusqu’aux parties du corps étranger jusque-là inexplorées par mes mains intimidées. Elles tremblent, effleurent, hésitent, mal assurées. Première rencontre avec le sexe qui se tend, s’érige et se gonfle de désir. Il est dans ma main qu’il accompagne de la sienne dans des vas et viens réguliers. Le souffle se fait progressivement audible et lourd puis de plus en plus haletant et court. Son désir court et devient de plus en plus pressant et supplicant. Premiers instants de craintes. Il dit qu’il ne me fera pas mal. Il est assuré, doux, bienveillant, pénètre mon sexe doucement puis se laisse progressivement aller à un désir plus égoïste et plus violent. Pour la première fois, je découvre avec lui le mensonge du corps qui dit oui, consentant, ouvert, offert et de l’esprit qui n’est déjà plus là, dans le moment présent. Il est spectateur, observe la scène du corps qui est là sans l’être. L’esprit analyse comme l’anthropologue à la Vénus. Je ne veux pas le décevoir alors je mens, je fais semblant, je fais comme si le désir s’était transformé en plaisir. Mais l’esprit comme le plaisir ne sont pas là. Ils refusent de s’abandonner, trop impressionnés par la nouveauté de l’instant, déterminant. Première fois, je ne sens rien ; mais je simule le plaisir physique comme une comédienne à une première de théâtre. Le liquide chaud se répand entre mes jambes et je suis étonnée qu’il ne soit pas rouge sang. C’est donc ça, faire l’amour ? Un flot d’interrogations, de pensées et d’étonnements... et je me demande si je suis normale. Nous nous rhabillons et descendons au rez-de-chaussée. Je traverse le salon où quelques garçons de son âge sont là et me toisent en ricanant. Première trahison, j’ai menti et le coup était orchestré. Je suis le trophée, encore, peut-être même juste un pari idiot entre amis.

Il me ferait faire n’importe quoi… J’ai seize ans à peine, lui dix-huit, il se prend pour un cador et joue avec moi au grès de ses envies. Je l’ai d’abord idéalisé avant de véritablement l’aimer. Il a été mon “entre tous les autres’ ; je finissais toujours par y revenir, à lui, à cet après-midi chaud dans la moiteur du mois de Juillet, cette première fois du mois de Juillet, aussi décevante qu’elle ait pu être.

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