Chapitre 14 - Partie 2

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Julia pleure à chaudes larmes. Ses deux meilleurs amis sont allongés, inconscients sur le sol du salon de Davia.

— Pourquoi a-t-il encore attaqué ? demande Julia entre deux sanglots, pourquoi s’en est-il pris à eux?

— Parce qu’ils sont tes amis, répond Adelan, il cherche à te déstabiliser, à te rendre vulnérable.

— Il a réussi, pleure-t-elle, Davia, peux-tu faire quelque chose pour eux ?

— Je peux essayer.

Elle s’approche d’abord du jeune garçon qui paraît plus mal en point. Elle place ses mains au-dessus de sa poitrine ensanglantée et se met à psalmodier.

Redige te et sanguis te vulneribus sanatis.

Julia se rapproche. Les blessures d’Adaric commencent à se refermer doucement, bientôt il n’y a plus une seule trace de l’attaque d’Uriah hormis sa chemise complètement déchirée. Le garçon se redresse d’un coup, touchant son corps frénétiquement. Julia se jette dans ses bras. Il accueille cet élan d’affection avec bonheur et la serre à son tour dans ses bras.

— Tu vas bien ? lui demande-t-il en essuyant la larme qui coule sur sa joue.

— Oh, Ric, j’ai eu si peur, elle le prend de nouveau dans ses bras.

Tu veux bien m’expliquer ce qu’il s’est passé ?

Elle lui prend la main alors que Davia entame les mêmes incantations que pour soigner le garçon, les mains placées au-dessus du corps d’Abigaïl.

— Qui est-ce ? Que fait-elle ? demande alors Adaric, sous le coup de la surprise.

— Un miracle, sourit Julia.

Il faut plus de temps pour soigner la jeune fille qui a subi un choc plus violent, mais elle se réveille aussi brusquement qu’Adaric.

— Julia, Ric.

Ils se jettent sur leur amie.

— Mon Dieu j’ai eu tellement peur, commence Julia en regardant ses amis, je suis si désolée…

— Tout le monde va bien. C’est le principal, affirme Adelan en posant sa main sur l’épaule de Julia.

— Quelqu’un pourrait nous expliquer ? demande Abigaïl en se levant.

— Julia c’est à toi de décider, réplique Adelan.

— Sache que je peux tout leur faire oublier si tu le désires, ajoute Davia.

Elle regarde ses amis, puis son protecteur et les deux jeunes filles qui lui ont sauvé la vie, deux fois en une semaine à peine. Mêler Aby et Ric’ à toute cette histoire est risqué, elle ne veut surtout pas qu’ils puissent être tués, le plus simple serait d’accepter la proposition de Davia. Pourtant, elle se lève et se dirige vers son Protecteur. Abigaïl et Adaric échangent un regard entendu. Ne voyant que Davia, ils se demandent si leur amie n’a pas totalement perdu la tête.

— Elle, déclare-t-elle en s’approchant de la sorcière, c’est Davia, une brillante et époustouflante jeune sorcière. Voici Adelan, mon Protecteur. Il est près de moi depuis que je suis née, il veille sur moi à chaque seconde.

Un petit son sourd se fait entendre et Adelan apparaît devant eux.

— Et ça, finit-elle en s’approchant de l’Ange, c’est Anedora, mon ange, ma moitié. Elle et moi partageons la même âme. Petit tour du Destin pour nous réunir afin d’éviter que la Prophétie ne se réalise.

C’est au tour d’Anedora d’apparaître sous leurs yeux ébahis. Comment était-ce possible ? C’était pourtant bel et bien réel, ils avaient devant eux deux anges et une sorcière, en chair et en os. Julia observe ses amis avec attention, le cœur battant, incapable d’envisager leur réaction.

— La Prophétie ? demande Ric alors qu’Abigaïl est stoïque.

— La fin du monde, répond Julia avec un haussement d’épaules.

Julia explique tout à ses amis : sa rencontre avec Anedora, la Prophétie, la Clé, les anges, les démons, Uriah, et tous les récents évènements qui se sont produits ces neuf derniers jours. La nouvelle est dure à encaisser, pour tous les deux.

— C’est dingue tout ça.

— Je… je ne sais même pas quoi dire, dit Adaric.

— Croyez-moi je m’en serais bien passée, reprend Julia, mais je n’ai pas le choix, alors maintenant que vous savez tout, qu’est-ce que vous allez faire ?

C’était quitte ou double désormais : soit ils étaient partants et la suivaient dans cette histoire de fous soit elle n’avait pas le soutien de ses deux meilleurs amis et là, ce serait encore plus dur.

— Que veux-tu qu’on fasse ? demande Ric étonné.

— On te suit. À 150 % ! dit Abigaïl en riant.

— Merci les amis.

Le soulagement peut se lire sur son visage. Elle aurait compris s’ils l’avaient repoussée et elle ne leur en aurait pas voulu, mais elle était si heureuse qu’ils n’aient pas pris la fuite qu’elle ne put s’empêcher de les serrer tour à tour dans ses bras en les remerciant encore et encore. Adaric et Abigaïl maintenant totalement sur pieds, embrassèrent le salon des yeux. Ils auraient aimé savoir où ils se trouvaient, mais ils n’eurent pas l’occasion de poser la question, car le Protecteur se mit à parler.

— Bon. Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvais augure, mais… coupe Adelan.

— Oh oui. Pardon Adelan. Qu’avez-vous découvert ?

Bien qu’un peu sonné, les deux amis de Julia se joignent à la conversation en essayant de démêler toutes les informations que le Protecteur leur livrait. Adelan n’a, malheureusement, rien de très concluant à leur donner, Gabriel semble perdu et n’a pas forcément de réponse à ses questions. Il pense lui aussi qu’Uriah reste un élément déterminant dans leur quête, qu’il ne faut pas le délaisser et tenir compte de chaque signe et de chaque rêve que Julia fera. Sur ce point aussi il est d’accord, les rêves de Julia seront cruciaux pour la suite, il faut tenir compte de chaque indice, si minime ou insignifiant soit-ils à leurs yeux.

— Des rêves ? interroge Abigaïl.

— Oui, comme je suis la Clé, il se peut que mes rêves et mes cauchemars d’ailleurs soient en réalité comme des « indices » pour notre mission.

Voyant le regard hagard de sa meilleure amie, Julia lui explique comment elle avait rêvé de Matthew se transformant en loup-garou et comment elle avait aidé Uriah à ouvrir la porte de l’Enfer. Abigaïl marmonne quelque chose que personne ne comprend alors que le cerveau d’Adaric commence déjà à bouillonner, Julia peut entendre les rouages, à l’intérieur de son crâne de génie se mettre en marche.

Adelan n’ayant pas plus avancé, Julia espère qu’Anedora et Davia ont eu un peu plus de chance. Davia apporte alors sa tablette et leur montre un croquis de la stèle. Julia est surprise, ce croquis est l’exacte réplique qu’elle a vue en rêve. Un frisson la parcourt. Même si elle avait accepté la situation et l’existence d’un monde surnaturel, elle espérait toujours, tout au fond d’elle, que tout ceci n’était qu’un horrible cauchemar.

— Pas de grimoire ancien ? s’étonne Adaric, presque déçu, sortant Julia de ses pensées.

— Voici ce que m’a envoyé une amie de Chicago, elle l’a trouvé dans un des livres de sa grand-mère.

— Un vieux grimoire en somme, conclut Ric’ avec un clin d’œil à Davia qui rougit instantanément.

— C’est la Stèle Grise. Les écritures dessus sont des sortes de symboles occultes que seuls les êtres de la nuit peuvent déchiffrer. La Stèle Grise est le passage magique par lequel l’Enfer se déchaînera sur Terre. Si quelqu’un parvenait à l’ouvrir, ce serait la fin de notre monde.

— Que faut-il pour l’ouvrir ? demande Abigaïl très justement.

— Et bien, le sang de la Clé et de son alter ego mêlés ainsi que le cœur de l’Élue.

Julia hausse les épaules, la vision fugace du cœur d’Anedora entre les mains d’Uriah traverse son esprit déclenchant un frisson qu’elle ne peut contrôler.

— Je n’ai pas vu de cœur dans mon rêve, pourtant, c’est bien cette stèle que j’ai vue, j’en suis certaine. Comment est-ce possible ?

Anedora leur explique qu’elle avait longuement réfléchi aux derniers évènements. Bien qu’effrayée à chaque fois que Julia lui disait qu’elle était totalement en confiance en la présence d’Uriah dans ses rêves, elle avait commencé à penser qu’un lien extrêmement fort devait exister entre eux. Leurs sangs suffiraient peut-être à ouvrir les portes de l’Enfer.

— Ça se tient, approuve Davia.

— C’est un monstre. Je ne lui ferai jamais confiance, c’est impossible.

— Si c’est ton alter ego, enchaîne Adaric, il se peut que ton amie ne soit pas si éloignée de la vérité.

Le reste du groupe parut convaincu. Pas Julia. Même si elle était toujours mal à l’aise en sa présence ne sachant comment l’expliquer, il était impossible qu’il y ait autre chose qui le lie à elle. Pourtant elle repensa au soir où ils s’étaient parlés dans la rue devant chez elle, à ce qu’elle lui avait répondu quand il lui avait demandé ce qu’elle voulait : toi. Se pouvait-il qu’il y ait plus ? Elle chassa cette idée stupide de sa tête. De plus, elle n’en avait parlé à personne.

— Bon, le principal dans tout ça c’est que l’on sait comment cette stèle peut s’ouvrir.A-t-on une idée de l’endroit où elle se trouve ?

— Au centre de la Terre, dit simplement Davia.

— Question idiote, reprend Julia, et le symbole ?

— Et bien, enchaîne Anedora en sortant un vieux parchemin où était représenté le symbole identique à celui griffonné par Julia. Il y avait un texte en dessous. Elle lut à voix haute.


« Le temps viendra où la nuit règnera,

Sur ton autel, l’Élu se sacrifiera,

Des ennemis unis, le sang coulera,

Et le monde sombrera.

Ni le Ciel, ni la Terre, ni l’Enfer,

Rien ne subsistera,

Et le chaos sera à jamais Roi.

Purgatorio.Ludicium.Infernum »


— Je crois parler en notre nom à tous si je dis : ça craint, plaisante Adaric.

— Que signifient les mots en latin ? demande Julia.

— Purgatoire. Damnation. Enfer, précise Adelan.

— Chouette alors.

— Ric, le réprimande Julia.

Sachant que les êtres de la nuit doivent certainement connaître l’existence de la stèle, car ils ont déjà dû essayer de l’ouvrir, il faut donc être prudent. À la lumière des derniers évènements, il est certain que l’autre camp sait qu’Anedora est l’Élue et Julia la Clé. Mais savent-ils qu’Uriah est peut-être l’un des ennemis de la prière ? Uriah lui-même sait-il qu’il joue un rôle important à jouer ? Adelan ne paraît pas convaincu bien qu’il doive admettre que si Uriah avait vraiment été au courant, il aurait été beaucoup plus agressif et n’aurait pas raté son coup à deux reprises déjà. Même s’ils ont fait un grand pas grâce aux cauchemars de Julia, il reste encore de grandes parts d’ombres. Anedora opte pour le verre à moitié plein ; Uriah n’est certainement pas au courant.

— Je n’en suis pas si certaine, la coupe Julia.

Ils se retournent tous vers elle.

— Et bien, tout à l’heure, quand Uriah m’a attaquée, j’avais une entaille au cou. Il devait lui aussi être blessé, car quand il a tenté de m’étrangler avec sa main pleine de sang, mon sang et le sien se sont mêlés, il y a eu comme une… réaction chimique, j’ai ressenti la même douleur que dans mon rêve. Il a été surpris, je l’ai vu, je suis quasiment sûre qu’il l’a ressenti aussi.

— Et nous venons de perdre notre seul avantage… ironise Adaric.

— Tu es sûre qu’il s’en est rendu compte ?

— Certaine.

Anedora ne sait plus quoi penser. Si Uriah fait le rapprochement avec la prière de la stèle, il s’en prendra d’autant plus à Julia. Elle était dès à présent encore plus en danger qu’elle ne l’avait jamais été. Elle commençait vraiment à se demander s’ils arriveraient à remplir leur mission.

— Anedora ? Que suggères-tu ?

— Nous n’avons encore pas tous les éléments en main même si nous avançons. Il faut continuer nos recherches. Et surtout tenir le plus possible Uriah hors de portée de Julia. S’il est vraiment au courant de votre lien comme tu le dis, ça va grandement compliquer les choses.

Les trois adolescents finissent par rentrer chez Julia. Ils avaient insisté pour passer la nuit là-bas, hors de questions de la laisser seule. Anedora et Davia devaient continuer leurs recherches. Quant à Adelan, il passerait la nuit sur sa branche, dans l’arbre de Julia comme à son habitude. Une bonne nuit de sommeil serait nécessaire après une pareille journée.


™***


— Mais qui es-tu ? demande Uriah, sur la défensive.

Une fois de plus, il a échoué et il commence à en avoir assez d’essuyer des échecs à chaque tentative. Et maintenant ce démon vient ouvertement rire de lui, il n’a qu’une envie à cette seconde, lui arracher la gorge.

— Je m’appelle Xander, déclare le démon, je suis ton meilleur allié.

L’Enfer est peuplé de dizaines de créatures différentes et certains démons ont forme humaine, ils possèdent une force physique impressionnante et peuvent se confondre avec n’importe quel humain. Xander est l’un d’eux. Plutôt grand, vêtu d’un simple T-shirt sombre et d’un jean foncé, un calme olympien se lit sur son visage, ce qui le rend encore plus ennuyeux et agaçant aux yeux d’Uriah.

— Je n’ai besoin de personne, répond-il en remettant son bras droit en place dans un craquement terrifiant.

— Ça doit faire mal.

— J’ai connu pire.

— Un peu d’aide ? dit Xander en lui tendant la main pour le relever.

— Je n’ai besoin de personne je t’ai dit. Il se relève, seul. Maintenant laisse-moi tranquille.

Xander le jauge.

— Et si je te disais que tu as le moyen d’ouvrir la Stèle Grise.

Uriah s’arrête net, piqué de curiosité.

— Je savais que j’attirerais ton attention, le démon s’approche d’Uriah, tu connais la Prière n’est-ce pas ?

— Évidemment où veux-tu en venir ?

— Et si maintenant je te disais que tu es l’un des ennemis et que tu connais très bien le second ?

Xander a visé juste. Maintenant, il a toute l’attention d’Uriah.

— Et bien, répond Uriah avec un sourire machiavélique, tu échappes à une mort atroce

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