My favorite friends vanished in the air

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« Tiens, regarde un peu ça ! On devait avoir cinq ou six ans !

- C’était il y a longtemps maintenant, me souriait-elle.

- C’est vrai. Dire qu’on était en primaire et que maintenant on est en terminale, ça passe vite en fait.

- Ne déprime pas ! Il nous reste beaucoup de temps avant de nous quitter !

- Je préférais quand le bac ne me préoccupait pas, je rigolais.

- T'inquiète pas, avec la moyenne que tu as depuis je ne sais combien d’années tu n’as pas à t’en faire. Moi je devrais vraiment travailler plus…

- Je suis sûre que ça va bien se passer. »

Je déposais le lourd album au coin de la table et passais mes mains sur mon jean.

Je connaissais Charlotte depuis très longtemps, et on était restées inséparables même après nos quatre ans divisées au collège. On ne s’était jamais éloignées et nos amis trouvaient notre relation incroyable. On traînait tout le temps toutes les deux et jamais nos amis ne nous voyaient séparées. On désespérait ensemble de nos désastreuses aventures amoureuses, et on en rigolait toujours.

« Amélie ! On s’y met alors, à ce devoir maison de maths ?

- Restons motivées t’as raison. »

Je me souviens mot pour mot de nos dernières discussions toutes les deux, aussi simples soient-elles. Elle venait souvent chez moi pour qu’on travaille ensemble, et j’allais aussi souvent chez elle. On se retrouvait pour parler de tout et de rien, de garçons comme de filles, de ce qu’avait dit le prof d’histoire comme des deux enfants de la prof de philosophie. On discutait surtout de rien, mais c’était les seuls moments où j’étais vraiment moi-même. Où je ne m’obligeais pas à paraître timide, où je pouvais faire des allusions gênantes sans avoir à en être gênée. Elle, elle était plutôt réservée mais c’était dans sa nature, et lorsqu’elle décidait de se lâcher elle ne le faisait pas à moitié.

Parfois, pendant les vacances, je passais une petite semaine chez elle, comme ses parents étaient souvent absents et qu’ils avaient une immense propriété. Alors, Cléophée traversait les deux cents kilomètres qui nous séparaient et revenait chez elle, et on se retrouvait toutes les trois chez Charlotte. Lorsqu’elle ne pouvait pas venir on passait des soirées entières en FaceTime avec elle.

Cléophée, c’est le troisième membre de notre petit trio. Charlotte et moi étions déjà très proches lorsque nous l’avons rencontrée. Nous avons passé nos trois dernières années de primaire ensemble et elle était allée dans le collège privée de Charlotte, contrairement à moi. Pourtant, et j’en suis très heureuse, on ne s’est pas éloignées comme je le pensais au début, car on se voyait souvent en dehors des cours. Ces trois ans de lycée se sont malheureusement faits sans elle car elle a dû partir vivre chez sa mère, et continuer ses cours là-bas. Elle a une personnalité très forte, comme moi, mais elle le montre à tout le monde sans distinction. Elle s’assume énormément et je l’admire pour ça. Je suis vraiment chanceuse d’avoir une amie comme Cléophée. Elle m’écoute facilement parler de mes problèmes et me répond toujours avec une immense sincérité, qualité que je retrouve chez très peu de personnes.

Je glisse la clef à l’envers dans la serrure et la tourne deux fois. Il fait encore très chaud pour ce milieu de septembre et j’accroche ma veste au porte-manteau en entrant chez moi. La grande pièce du bas m’accueille de son silence et je soupire. La semaine dernière et celle de la rentrée, Charlotte m’accompagnait et je n’étais pas seule face à la fatigante tranquillité de la maison. Comme toujours, mes parents ne rentreront que pour le repas de ce soir, et je ne passerais que moins d’une heure avec eux.

« Amélie ! Féfée ! elle s’était jetée dans les bras de Cléophée puis je l’avais accueillie entre les miens.

- Charlotte ! Tu es enfin rentrée de vacances ! s'était exclamée la dénommée Féfée.

- J’étais si triste de repartir mais j’avais trop hâte de vous revoir alors ç’a été moins difficile !

- T’es si chou, je lui souris. »

Nous avions laissé le soin aux parents de vider le coffre et étions directement montées toutes les trois au deuxième étage dans la chambre de Charlotte. La sœur de Charlotte, Laura, nous avait suivies avant d’aller dans sa propre chambre. Nous avions passé plus de deux heures à discuter de son voyage en Italie et des différentes choses qui étaient arrivées dans notre petite ville.

Malheureusement, notre relation s’est beaucoup dégradée en seulement trois jours. Elle ne me parle presque plus, ne me confie pas les petits détails inintéressants de sa journée qu’elle arrivait à raconter en y ajoutant du piquant. C’est cela depuis que Nathaniel lui a demandé d’être sa petite copine. Elle qui le trouvait si craquant, si mignon, si gentil, elle n’a évidemment pas refusé malgré son extrême timidité. J’ai parfois eu l’occasion de discuter avec lui les autres années, et il m’avait paru simplement très attentionné envers les gens qu’il fréquentait. Et pour couronner le tout, il est vraiment très beau. J’ai eu tout le loisir de l’observer aujourd’hui. Ses cheveux blonds un peu bouclés et ses lèvres fines en feraient tomber plus d’une.

Je pose mon sac à côté de mon bureau et m’affale sur mon lit. J’hésite à appeler Cléophée pour lui parler rapidement de ce nouveau couple mais je me ravise. Je suppose que Charlotte le lui en a déjà parlé, on ne se cache rien.

Je vois un message de Jimmy, un garçon de ma classe plutôt bien foutu, ses cheveux bouclés m’ont toujours un peu troublée. On était plutôt proches les premières années de lycée, même très proches, mais il n’est pas dans ma classe cette année. On est sortis ensemble quelques semaines avant de se rendre compte qu’on était mieux dans une relation amicale, avec petit plus lors des soirées. Je ne sais pas si notre pseudo-amitié va tenir le coup, mais il est toujours très gentil. Je discute rapidement avec lui mais je suis vraiment préoccupée par Charlotte et son silence.

Nathaniel ne m’a jamais paru être un mauvais garçon. Il est beau, délicat, agréable et semble vraiment amoureux d’elle. Mais quelque chose ne colle pas, et je n’arrive pas à comprendre. Il y a anguille sous roche.

Je me retourne dans mon lit, essayant de me motiver pour travailler. Mais l’absence de Charlotte me pèse vraiment. J’espère qu’elle va bien.

Deux semaines plus tard, je n’ai pas encore parlé à Charlotte de sa relation. Je la vois tout le temps avec Nathaniel donc je suppose que tout se passe bien mais je n’ai pas osé lui en parler. Elle s’éloigne vraiment de moi ces temps-ci, je crois que Nathaniel lui interdit de me parler ou en tout cas de rester avec moi. Ça m’attriste beaucoup, mais je sais qu’elle est extrêmement amoureuse de lui alors je ne lui en veux pas.

« Salut Nathaniel !

- Salut Amélie, il me fait la bise devant Charlotte, qui ne dit pas un mot. Comment vas-tu ?

- Bien. Alors, j’enchaîne, comment ça va, vous deux ?

- Qu’est-ce que tu penses de nous Chacha ? »

Je la vois glisser ses doigts entre ceux de Nathaniel et ne peux m’empêcher de trouver ça mignon. Pourtant le regard dur qu’il pose sur elle me fait frissonner. Je ne devrais pas m’inquiéter, ils sont bien ensemble.

« Je suis juste trop contente que ça dure vraiment. J’avais peur que tu te moques de moi. Je t’aime depuis très longtemps.

- Je t’aime aussi Chacha, tu n’as pas à t’inquiéter. »

Il la tourne vers lui et délie sa main de la sienne pour poser ses paumes de chaque côté du visage de Charlotte. Je détourne le regard alors qu’il pose ses lèvres sur celles de mon amie, jouant à la perfection la jeune fille gênée. Je rate beaucoup de choses dans ma vie à cause de ça. Mais j’ai l’impression que paraître timide et réservée me servira un jour. Je pense qu’au moment où je m’affirmerai vraiment je ferais une plus grande impression auprès de tout le monde. Dans tous les cas, pour l’instant, je joue le rôle que je me suis donné.

« Je suis trop contente pour toi Charlotte ! osé-je lui dire alors que nous sommes sur la route pour aller chez elle. »

Nous avons un oral de littérature à travailler toutes les deux et elle m’a proposé de venir chez elle. Enfin j’y retourne au bout de deux semaines avec si peu de nouvelles. J’y allais presque une fois sur deux avant, et sa grande maison me manque. Les moments avec Charlotte aussi.

« Tu crois que je ne suis pas trop contente moi aussi ! J’avais jamais réellement été en couple avant lui et c’est si bien…

- Il est gentil avec toi ?

- Il est adorable. Je n’aurais jamais pensé qu’il serait aussi adorable que ça.

- Parce que je trouve qu’on s’éloigne un peu, je me risque à dire. Regarde, je ne suis pas venue chez toi pendant plus d’une semaine.

- C’est parce que je passe tout mon temps avec lui, je suis désolée. Mais je l’aime vraiment.

- Il ne t’interdit pas de rester avec tes amies au moins ?

- Je comprends que tu t’inquiètes. »

Elle baisse la tête vers le sol et tape dans un petit caillou sur le bord de la route. Elle prend un peu de temps avant de me répondre.

« Il me dit souvent de rester avec vous, mais je veux passer le plus de temps possible avec lui.

- Tu es folle amoureuse toi, ça se voit, je rigole.

- Il est trop mignon, trop beau, trop gentil, trop tout !

- Je vois ça ! »

S’installe alors un silence désagréable entre nous, elle a toujours la tête baissée. J’ai l’impression que quelque chose ne va pas mais qu’elle ne veut pas m’en parler. Je devrais vraiment en discuter avec Cléophée, pour avoir son avis. Je ne comprends pas que Charlotte ne lui en ait toujours pas parlé. Nous entrons par le petit portail et nous traversons le jardin, avant de passer par la grande porte d’entrée. Nous montons dans sa chambre et nous installons confortablement sur son lit deux places. J’ai toujours été fascinée par sa chambre et la décoration un peu ancienne de celle-ci. Je trouve qu’elle correspond tout à fait au caractère de Charlotte.

« Tu sais, s’il y a un problème ou quoi que ce soit tu peux m’en parler je suis là. Tu pourrais aussi en discuter avec Cléophée, elle pourrait peut-être te donner des conseils.

- Alors tu sais que je n’en ai pas encore parlé avec Cléophée. En fait, j’ai peur qu’elle n’approuve pas, des fois sa sincérité me dérange.

- Mais elle est aussi là pour te donner son avis, elle ne te jugera pas tu le sais ?

- Je sais…

- Après tu n’es pas obligée de lui en parler, je la coupe, mais je pense que c’est mieux. Sinon il viendra bien un moment où je le laisserais échapper…

- Au pire parle lui en, toi, ça sera peut-être plus facile pour moi de parler avec elle si elle me pose des questions plutôt que de devoir lui raconter.

- Je ne m’en empêcherai pas alors. »

Je lui souris et lui demande gentiment si on peut commencer à travailler notre oral.

Au bout d’une heure environ, Charlotte se laisse tomber en arrière en soupirant et me supplie de faire une pause. On rigole toutes les deux pendant deux minutes avant de ranger toutes les affaires et de s’allonger côte à côte.

« On reprendra ça demain, je ne suis plus du tout motivée maintenant, dit mon amie.

- Je vais devoir rentrer en plus. C’était très cool de revenir après tout ce temps.

- Je te raccompagne ?

- Juste à la porte, t'inquiètes pas pour moi il ne fait pas encore nuit.

- Dans tous les cas j’ai la flemme d’aller jusqu’à chez toi, rit-elle. »

Je l’ai quittée comme habituellement, et j’en ai presque oublié son étrange comportement. Mais au moment où elle fermait la porte, j’ai croisé son regard et je m’en veux de ne pas être retournée à l’intérieur. Je dois absolument appeler Cléophée.

« Comment ça va toi ?

- Bonjour aussi Féfée. Attends deux secondes il faut que je pose mon téléphone. Ça te dérange si je me prépare en même temps qu’on discute ?

- Pas du tout ! Fais ta vie je ne vais rien dire. Au pire si tu me déranges je coupe la vidéo et je laisse juste le son !

- Ça fait plaisir d’entendre de si belles paroles, tu ne te rends pas compte, après un petit silence je reprends. Bon, j’ai des trucs assez importants à te dire. »

Je lui raconte alors pour Nathaniel et Charlotte, son changement par rapport à moi. Cléophée me confie qu’elle ne l’a pas eue au téléphone depuis le temps qu’elle est avec lui. Je lui expose donc mes suspicions et surtout les doutes que j’ai par rapport au garçon, en lui précisant bien que c’était seulement des pressentiments mais qu’il fallait que j’enquête.

Après ma longue tirade, un silence suit où je la vois hésiter à dire quelque chose. J’arrête de bouger et attends qu’elle me dise ce qu’elle pense.

« Tu as entendu parler de l’espèce de secte qui est en place dans votre lycée ? »




***

https://www.youtube.com/watch?v=CRNZsBoT_jA

Bonjour à tous ! Je fais un petit aparté pour vous expliquer en quoi consiste toute cette histoire. Il s'agit d'une nouvelle, et à chaque chapitre je vais vous donner le lien d'une chanson. Si vous avez le temps de vous pencher sur les paroles et les significations de celles-ci, dites-moi ce que vous en pensez ! La chanson est évidemment en relation avec le chapitre alors... N'hésitez pas à me donner votre avis sur tout ça. Merci d'avoir pris un peu de votre temps pour lire ! Bonne journée.

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