Pensées (Di)vagues

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Tiens, si j'écrivais ce soir, ça fais longtemps. Ok. Mais écrire sur quoi? Ah ouais, c'est vrai, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai arrêté, j'ai plus rien à dire...

Tiens bah écris le ça, ça fera de la matière, le rien, ouais, pourquoi pas.

Pourquoi pas.

Pourquoi pas? Pourquoi je me parle à moi-même d'ailleurs? Parce que t'as personne d'autre à qui parler. Ouais, T'as raison. Mis à part la voix off dans ta tête, qui n'est rien d'autre que toi.

Ouais, T'as raison. C'est compliqué.

Pourquoi tout est toujours si compliqué? Pourquoi je suis le narrateur de ma propre vie? Hein? C'est une bonne question ça. Personne pour y répondre, même pas moi. S'ils savaient dehors, comment c'est le bordel à l'intérieur... Non, continue de sourire, suis les règles du jeu, ne vas pas t'attirer des problèmes.

Mais quand même, tous ces troupeaux de fils de pute! Non, continue de sourire, suis les règles du jeu. Les règles du jeu. Tu vas pas leur dévoiler ton vrai visage? Tu voudrais finir seul? Je suis déjà seul. Au milieu de la foule. Parfois, j'aimerais que le jour ne se lève jamais. Alors je pourrais vivre comme un papillon. On passe son temps à attendre demain. On passe son temps à le regarder filer. Bordel. La fin du monde. La jouissance même de la vie. Ça fais quoi d'être en vie? Bah demande à mes vagues souvenirs, va les piocher dans mon enfance. Non, c'est bien trop loin, vas pas t'user les baskets . Alors l'adolescence ? Ouais, exactement, ça c'est envisageable, c'était hier encore hier, alors y'a encore quelques bribes, de quand dans ton être c'est Hiroshima, un décor neuf et chaotique, quand l'existence t'épluche l'âme, que tu avances les yeux bandés entre l'amour, la haine, les douceurs matinales et les violences nocturnes, c'est là que tout est sensitif, là que tu sens vibrer tes tripes. Mais ça dure pas. Parce qu'un jour un connard arrive et t'annonce que la fête est finie, il sort marteau et burin, la grande manœuvre des mises aux normes, ding dong! Faut devenir un adulte! ça peux être ton vieux, ton boss ou bien un conseiller d'orientation, peut importe, ce connard voudras que tu deviennes comme lui, y'a pas moyen, français moyen, contribuable, reproducteur pour la nation. La société te déballera son tapis rouge, il te paraîtra fade et infini mais qu'importe, faut bien s'engager sur une voie dira le sage qui te prendra au dépourvu. Peu à peu tu te lasseras de marcher, et penseras même à crever, tu deviendras conscient, alors tu seras un adulte, ça te feras mal, tu chercheras à t'évader, les paradis artificiels, les parfums de la flore vaginale ou bien même l'écriture, ouais, l'écriture... Non. Y'a mieux à faire. Tout ça te rend malade, les nuits sont trop longues, le jour trop latent, ta conscience trop nette, ton espoir trop vain. Il faut suivre les règles du jeu? Très bien, alors entrons dans la danse, si c'est du biff qu'il faut faire alors ouais j'en ferais, je gravirais l'échelle sociale, je me fondrais dans la masse, et m'en extirperais, mais cette fois ci du bon coté, il faut suivre les règles du jeu? Je vais faire mieux, je vais m'en servir, continue de sourire, étale tes canines au monde entier, prend le pour un morceau de viande et déchiquete le, oublie le reste, ne songe plus dans la nuit noire, fonce et laisse ta conscience s'assoupir mais n'oublie jamais, tu es conscient de ne pas l'être. je te laisse là, toi et ta feuille blanche, toi qui provoques mes idées noires, toi qui me nuis, remue la merde, toi que j'ai si longtemps traîné comme un boulet. Dorénavant conscience demeurera blanche, j'ai mieux à faire que d'écouter tes complaintes sanglotantes, tu es trop faible, il n'y a plus de place pour toi dans mon monde. Adieu.

Très bien. Je comprends. J'espère seulement que tu resteras beau comme un enfant. Et si jamais tu échoues, rappelle toi à mes souvenirs, lève les yeux au ciel et alors tu pourras me voir là où tu m'as laissé, je serai la lucarne au milieu du ciel gris, alors il te suffira de poser tes pensées dans l'air et on s'évadera ouais, on s'évadera. Comme au bon vieux temps.

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