Partie 2 : Où ça ne va pas en s’améliorant…

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— Tu vois le vaisseau, Kay ?

Je zoomai à travers la masse grouillante.

— Oui, il est toujours là.

— Qu’est-ce qui les empêche de l’atteindre ?

Will me regardait d’un air sceptique.

— Tu ne vas pas t’y mettre aussi ! J’en sais rien, d’accord ? m’exclamai-je. C’est pas parce que ma meilleure amie est une IA que ça fait de moi une experte en quoi que ce soit !

— Et ici ? Qu’est-ce qui les retient ? demanda Hart, le nez à deux doigts de la ligne invisible.

Les grains de poussière s’écrasaient inlassablement contre l’obstacle, avec de petits crépitements avides. Je frissonnai au souvenir de leur contact.

— Une sorte de champ de force ? suggéra Will.

— Mais pour protéger quoi ?

La barrière entourait cette large plaque circulaire où nous avions trouvé refuge. De la même couleur que le sable environnant, sans la moindre aspérité, le sol m’avait au départ fait penser à une aire d’atterrissage. Une simple plateforme n’aurait cependant pas nécessité la mise en place d’un tel dispositif.

— Les jeunes ! Venez par ici !

Au centre de l’esplanade, une ouverture rectangulaire semblait flotter dans l’air. L’obscurité au-delà ne me rassurait pas, mais elle me semblait préférable à celle qui nous attendait dehors.

— Dites-moi si je me trompe… mais ce camouflage est identique au nôtre, non ?

— Pas étonnant sur une planète listée par l’AGU, acquiesçai-je.

— Enfin quelque chose à explorer ! s’enthousiasma Hart.

Il disparut dans le tunnel. L’écho de sa voix nous parvint, déformé par la distance.

— C’est pas humain !

Will et moi le suivîmes plus lentement. La structure me paraissait assez bien conservée. De hautes arches incurvées se dessinaient dans la lueur de nos casques. Le complexe fourmillait de galeries et de couloirs, sans plan précis.

— Et c’est pas un bâtiment, nous accueillit Hart dans la salle de commandes.

Les parois métalliques étaient tapissées d’excroissances ovales couvertes d’une épaisse couche de crasse.

— Caissons de stase Grod, affirma Will. Nous devons être dans un vaisseau-ruche.

— Euh… Il s’est passé quelque chose ?

— Sans blague ! Ils sont tous morts.

Je sursautai à la vue de la tête écailleuse qui me fixait de ses orbites vides. Sa peau sombre, tendue sur les os du crâne, ne laissait aucun doute quant à l’antériorité de cet évènement.

— C’est quoi ? Une espèce de tombeau ?

— Je dirais plutôt une avarie.

Will indiqua la console, noire de suie.

— Le système de survie semble opérationnel, ainsi que les boucliers. Mais les capsules ont été privées d’alimentation.

— Attends… volontairement ? soufflai-je.

— Oui.

— Mais ça n’a aucun sens ! Pourquoi éliminer ainsi la moitié de l’équipage ?

— Pour sauver les autres, peut-être.

Je rendis son regard au squelette, comme si celui-ci pouvait m’apporter les réponses. Will rétracta son casque, et nous l’imitâmes afin de conserver nos réserves d’oxygène. L’odeur de décomposition assaillit immédiatement nos narines.

— Cet endroit me fiche la trouille !

— C’était pas toi qui voulais explorer ? ricanai-je.

— Ouais… mais ça, on connaît déjà. C’est qu’un vieux rafiot d’avant-guerre. La galaxie en est pleine de ces épaves ! Y a rien à en tirer.

— Sauf le substrat du réacteur, rappela Will. Faut qu’on se tire d’ici au plus vite. J’ai pas envie de voir ce que donnent ces créatures en pleine nuit.

Un nouveau frisson me parcourut. Cette brume argentée qui commençait à tomber à l’extérieur annonçait-elle le coucher du soleil ?

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