4. La poudre d'escampette

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Kurt

Les jours se ressemblent. Depuis que le Palouple est venu, mon maitre a des états d’âme étrange. Je le cerne de moins en moins. Parfois il rentre et prend tendrement soin de moi, me faisant à manger, me lavant et me gratouillant le crâne. D’autre fois il m’ignore totalement et je n’ai pas le droit de manger.

Jusqu’à ce que finalement il fasse quelque chose que je ne lui pensait pas capable. J’avais pris l’habitude de venir me blottir contre lui sur le canapé. Même si j’étais son esclave et qu’il était responsable de la destruction de la terre, j’avais toujours besoin de contact. Il me donnait de la tendresse même si je n’étais qu’un chien pour lui, j’en avais besoin malgré tout.

Mais ce soir là, alors que je monte sur le canapé, je vois ses yeux entièrement dilatés se poser sur moi. Son sourire carnassier le défigure, lui donnant une expression des plus terrifiante. Il m’attrape les deux poignets et me plaque sur le sofa avec force.

— AH ! Tu me fais mal, couinais-je.

— Ferme là, tu es un esclave, tu dois faire ce qu’on te demande et pas l’inverse. Cela fait trop longtemps que je te laisse faire.

— Quoi ? Mais…

Son revirement de comportement m’effraie, je ne m’attendais pas à ça. Je ne pensais pas qu’il me laissait faire, au contraire je me sentais prisonnier. Pour la première fois, je vois ses dents s’ouvrir, sa gueule est immense comme celle d’un requin. La panique me prend comme la toute première fois que je l’avais croisé.

— Non je t’en supplie ne me tue pas.

— Bien sûr que non je ne te tuerais pas, tu es un diamant. Je vais devoir te montré la dure réalité de la station c’est tout. Si jamais tu as un autre maitre que moi, ta vie ne sera pas aussi douce.

J’écarquille les yeux au moment on sa mâchoire se referme sur mon épaule. Je lâche un hurlement de douleur quand je sens ma chaire se déchirer. J’essaie de me débattre, mais sa poigne me matiens fermement, sa queue s’enroule atour de mes jambes pour m’empêcher de bouger. Les larmes coulent sur mes joues, me brulant les yeux. J’entends sa gorge déglutir, dans un bruit des plus horrible avant qu’il ne me lâche. Il sort une langue bleue qui passe sur ma plait qui étrangement cicatrise instantanément.

— Médor… les Stanous se nourrissent de sang, si tu trouves un autre maitre Stanous il te fera ça. Les Palouple eux te feront chaque jour ce que Kysko t’a fait… Les Souralises, eux risqueront de te manger un membre. Les Homoculuse eux s’amuseront à te violenter, physiquement et sexuellement, ils sont aussi très bien membrés comme un cheval sur ta planet. Et les Galions… eux sont peut-être les plus doux, mais n’aime pas avoir d’esclave.

Quand je pose mes yeux dans les siens, j’y découvre une drôle d’expression, comme de la tristesse. Je ne comprends pas pourquoi il m’explique tout ça, mais cela ne calme en rien ma peur.

— Je suis tellement désolé Médor, j’espère pouvoir te garder le plus longtemps possible.

Il me caresse la joue, essuyant mes larmes avec une tendresse totalement opposée à ce qu’il vienne de me faire subir. Il se redresse, me prenant doucement dans ses bras contre son torse. Il me porte jusqu’à la salle de bain ou il me fait couler un bain. Je suis tétanisé, ainsi que totalement épuisé. Je ne sais pas ce qu’il m’a fait exactement, mais je crois qu’il a bu mon sang.

Il prend une éponge, commençant à nettoyer ma peau tachée de rouge. Étrangement je ne sens aucune douleur, je suis même tout engourdi. J’ai les paupières lourdes, mais je veux rester éveillé. J’ai peur qu’il me dévore dans mon sommeil ou quelque chose de bien plus horrible.

— Les Stanous n’ont pas d’appareil génital comme tu le sais. Nous pondons des œufs une fois par an, quand cela arrive nous avons besoin de boire beaucoup de sang. La plupart du temps nos vidons complètement notre proie. Je ne vais pas le faire avec toi, tu es bien trop précieux. Mais je n’ai pas le moyen de me payer un esclave d’élevage. Je viens tout juste d’entrée en gestation, alors… je vais faire en sorte de bien te nourrir pour que tu puisses me donner un peu de ton sang tous les jours. Tu ne sentiras pas, à chaque fois je t’injecterais mon venin qui te paralysera et qui rendra la morsure totalement indolore.

Il inspire un grand coup, me mouillant les cheveux délicatement pour commencer à les shampouiner.

— Le sang des humains est très nourrissant, bien plus que les autres. Même pour nous vous êtes des esclaves de qualité. Je crois que l’un des tiens a un autre maitre Stanous… mais bien plus riche que moi. Si je te revendais je pourrais me payer tous les esclaves d’élevage que j’ai besoin pour ma gestation, mais… je t’aime trop mon petit médor, je ne peux pas me passer de toi. Tu es la première chose qui est vraiment rien qu’à moi.

Mon esprit est embrumé et j’ai quand même beaucoup de mal à comprendre ses propos. En gros je suis son petit chien préféré, mais aussi son garde-manger. Je préfère limite la façon qu’on les Palouples de se nourrir, au moins j’ai un orgasme.

— Demain nous irons au marché d’accord ? Je vais te faire gouter quelque produit très énergisant et t’en acheter, tu en auras besoin. J’ai eu ma pais alors je peux au moins te trouver de la nourriture convenable le temps que tu m’aides a ma gestation.

J’ouvre grand les yeux, j’ai compris au moins une chose. Demain il me fait sortir de cet appartement minuscule. Je vais enfin prendre l’air, me dégourdir. Un sourire élargit mes lèvres, lui me répond avec ce sourire carnassier si flippant. Demain il faut que je trouve un moyen de me tirer, je ne vais pas supporter de me faire vider de mon sang tous les jours.

Le lendemain j’ai ce petit stress au fond de l’estomac, celui entre la joie et la peur. Mon maitre attrape une laisse en s’approchant de moi, son sourire figer. Il accroche la bouche à l’anneau de fer avant de m’entrainer avec. La porte enfin franchie j’inspire un grand coup, comme si je prenais enfin l’air, ce qui est totalement idiot, car nous nous trouvons dans une station. Justement je me posais la question de l’air, j’arrive à respirer correctement et je ne sens aucune faiblesse. Je ne sais pas si l’oxygène est universel, mais cela semble être le cas.

On arrive à l’espèce de capsule, la même qui nous avait amenés ici au tout début. J’y grimpe derrière mon maitre sans un mot, en quelque seconde nous nous retrouvons dans un endroit très animer, comme une sorte de marché ouvert. Je regarde autour de moi, fasciner par toutes les couleurs très vives de l’endroit. Il y a des fruits avec des formes magnifiques et au couleur que je ne pense jamais avoir vu sur terre. Je ne sais pas comment l’expliqué il y a une grosse poirnane de couleur bulge. Je suis très curieux et j’avoue avoir envie de gouter chaque chose qui se trouve sur les étalages.

Je ne remarque pas les regards posés sur moi, mais je sens quelque tentacule m’effleurer de temps à autre, ce qui me provoque des frissons à chaque fois. Je sais que ça ne peut qu’être des Palouple qui me « goutent discrètement ». On finit par arriver devant un stand où se trouvent des fruits que je connais très bien, ceux de ma planet. Kalakos se tourne vers moi et me fait signe d’approcher plus près.

— Ce sont des fruits de ta planet. Ils coutent très cher alors choisie en trois seulement qui sont très nourrissants pour toi et te donnerons les apports nécessaires.

Un petit sourire apparait mine de rien sur mon visage, je pose mes yeux sur l’étalage, je ne sais pas à quoi correspondent les prix. Je choisis donc une banane, un kiwi et une grosse poire. Je sais qu’avec ça j’aurais les apports qu’il me faut comme il le demande. Il faut une grimace, avant de finalement les payer. Nous nous écartons pour nous diriger vers une fontaine, l’eau y est de la même couleur que chez mon maitre. On s’assoit sur une sorte de petit banc et il me donne les fruits.

— Mange-les, je sais que ça pourrit vite vos fruits, et au prix où je les ai payés ils ne doivent pas se perdre.

Je ne me fais pas prier dévorant la poire avec délice, la banane puis le kiwi. Quand je laisse la peau et le trognon de la poire, mon maitre me regarde étrangement.

— Tu ne manges pas tout ?

— Ça ne se mange pas la peau et les pépins. C’est indigeste et trop dure.

— Ils sont étranges vos fruits, en plus ils ont des couleurs bizarres, lâche-t-il.

— Non c’est vos fruits a vous qui sont bizarre, répliquais-je en ricanant.

Il me fait son sourire carnassier encore une fois, je ne sais pas du tout si c’est quand il est content, joyeux ou proche de la colère.

— Bon aller on va faire le tour encore, il faut que j’achète d’autres trucs pour mon vaisseau. J’espère que ma carte va passé avec les fruits j’ai presque tout dépensé. Ils vont devoir me payer rapidement…

Mon maitre semble avoir de gros problème d’argent, et je sais que moi je suis un peu comme un diamant avec lequel il se balade. On finit par s’arrêter devant un stand qui vend des pièces de moteur d’occasion. On trouve vraiment de tout dans ce marché, j’ai un lointain souvenir de ceux qu’il y avait sur terre. Des criés pour le poisson, des petites grand-mères qui vendais leurs légumes. La nostalgie me prend à la gorge, et semble me serrer plus fort que ce collier que j’ai.

Kalakos ne me regarde pas, pencher sur l’étalage. Ça fuse à toute allure dans ma tête, montant discrètement ma main a la boucle de mon collier, je détache le mousqueton. Toujours discrètement je le place sur une sorte de grille à ma droite, pour donner l’impression qu’elle est toujours attachée. C’est à ce moment-là que je prends mes jambes a mon cou, courant rapidement entre les étalages du marcher.

— MEDOR !!!

J’entends un grand bruit métallique et des injures que mon traducteur n’arrive pas à me transcrire. Je ne me retourne pas pour savoir ce qui se passe. Je n’ai qu’une idée en tête, fuir le plus loin possible. Je cours à tel point que mon souffle vient à manquer et que des nausées me prennent. Je n’ai jamais couru aussi vite de ma vie. Je finis par me cacher dans une sorte de petite ruelle entre deux bâtiments de la station. Il semblerait que j’ai semé mon maitre, il n’y a personne qui semble me suivre.

Je me laisse tomber contre le mur, le cœur tambourinant dans ma poitrine comme s’il allait en sortir. J’essaie de me calmer, de faire le moins de bruit possible, me recroquevillant. Je suis libre, mais a vrai dire je ne sais pas ou aller, que faire et a qui faire confiance. J’ai peut-être fait la pire connerie de tous les temps.

Je me recroqueville sur moi-même, ramenant mes genoux à mon menton. Mes larmes se mettent à couler seules. Savoir que j’ai tout perdu, que je ne reverrais plus mes amis, mes parents, mon appart pourri me renverse le cœur.

— Hey ça va ?

Je sursaute en entendant la voire, face à moi, se trouve une créature qui ressemble a une grande grouille disproportionné. Il porte lui aussi un collier semblable aux miens et est entièrement nu. Je devine très rapidement que lui aussi est un esclave. À ce moment-là on entend des hurlements, ainsi que la voix de Kalakos qui hurle mon nom.

— Viens suit moi, me propose l’inconnu.

Je n’ai plus le temps de réfléchir et je le suis sans poser de question.

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