Ou suis-je ?

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Poignée qui se tourne, ouverture du lieu. Lumière blanche allumée, je me sens prêt.

Tablier blanc enfilé, sueur qui dégouline. Vais-Je réussir ?

Gants bleus ajustés, moiteur aux mains. En serai-je vraiment capable ?

Mes pas se font lourds. Intérieurement, je m'en veux. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Je tente en vain de les ralentir. On ne peut lutter contre le courant.

L'odeur rance parvint alors à mes narines. C'est écœurant. Je me rapproche du tas d'objets. De l'eau croupie, de la moisissure, des éléments organiques en état de décomposition. Je bouge alors le tout par pure curiosité malsaine. La moisissure se meut alors en formant de petits ronds de couleur verdâtres. En fonction de ma position, elle parvint à changer de couleur. Maintenant, elle tend vers le bleuté.

Un élément vacille et tombe alors. Je regarde en son sein. Vision d'horreur.

De nombreux asticots s'agitent dans une sorte de danse macabre. Ils sont blancs et gluants. Pour autant, c'est leur extrême obésité qui retient mon attention. Je me demande un instant ce qui a pu leurs passer sous la gueule.

Le temps presse, je m'occuperai de cela une autre fois.

Je continue alors mon avancée, en récupérant trois morceaux de chair que je pose sur une planche.

Le travail peut alors commencer.

Coupure tranchante, lame froide sur peau irritée. Gerbes de sang, couleurs écarlates.


Je casse un os puis je le fais tourner dans la chair jusqu'à son extraction. Il est si frêle.

Je finis par m'habituer à ce bruit. Celui de la supplication silencieuse. Du moins, celle que mon cerveau imagine. Je mets ensuite le tout dans un contenant approprié et je rajoute une solution aqueuse à faible teneur d'acide acétique. La chair absorbera un peu de ce liquide à l'odeur nauséeuse.

Gouttes de sueurs de plus en plus prononcées. Je prends une pause, je relève la tête et me permet de regarder autour de moi. Bouffée de chaleur.

Je n'y vois que la mort. Cette pièce aux murs aussi blancs soient -ils, ne sert qu'à tuer. Tout y est prétexte. Douleur et Raison s'y perdent.

La couleur blanche me fait maintenant peur mais je ne peux vaciller. Pas maintenant.

Un crépitement me sort alors de mes pensées. Chaleur parfaite atteinte.

Je jette alors mes morceaux. Pensée à leurs âmes.

La braise les consume de plus en plus. Leurs cris me paralysent. Mais je suis si prêt du but.

La pièce en elle-même, est complice de mon crime. C'est elle qui me pousse à cela. Je ne peux y résister. Toute tentative est vaine, cela en va de ma propre survie. Elle rigole sur mon sort, elle me crie à l'oreille "LACHE". Pourtant, tant de gens semblent confiants alors qu'ils ne font que répéter la même chose que moi. Suis-je vraiment un lâche ?

Une flamme plus puissante que les autres me frôle le visage. Instant de panique. Je coupe tout. Timming presque parfait. Je remercie la flamme qui aurait pu me défigurer.

Confiant, j'ai réussi. J'en suis fier, plus de peur que de mal.

Je finis par éteindre les lumières, puis je tourne la poignée. Fermeture de la pièce.

Mes trois morceaux de poulets sont enfin prêts

C'est décidé, la prochaine fois, je ferai enfin la vaisselle.

Douleurs d'un mageirocophobe en voie de rédemption.

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