Chapitre 16

8 minutes de lecture

"On n'a pas besoin de perdre la vie pour mourir."

- Mary Relindes Ellis, Wisconsin.

Lukas :

J'ouvre lentement une paupière, le soleil illumine un peu le mur de ma chambre. Ma couette est par terre, mon drap aussi. Le lit est dans un état critique, encore une nuit merdique... Pleine de cauchemars... J'suis dégoûté, en plus, hier, j'ai bu et fumé plusieurs trucs...
J'étais sorti me changer les idées et je suis tombé sur un bar et c'est là que je me rappelle plus trop de tout les détails. C'est très flou, il y avait une grande blonde je crois, le bar était au complet... J'ai beaucoup sympathisé avec cette fille mais ne me souviens pas vraiment comment ça s'est terminé... Je crois bien qu'elle m'a... Enfi bref... Pas la peine de préciser.
Aussi, je suis tellement con, boire en semaine, je sais même pas quel jour on est ! ... Je suis sûr que j'arriverai pas à tenir toute la journée.

Je regarde l'heure sur mon portable, nous sommes un Jeudi, il est 8h12, j'ai aussi plusieurs appels manqués de mon daron.

N'ayant pas l'humeur de le rappeler, je me lève et me dirige vers la salle de bains, j'enlève mon jogging et mon caleçon, avant de m'engouffrer sous la douche. L'eau chaude fait frissoner chaque partie de mon corps.
Je me lave vite fait et sors en enroulant une serviette autour de ma taille. De retour dans ma chambre, je m'habille, fourre mon portable dans la poche de mon jean et enfile mes vieilles converses usées.
J'attrape mon sac à dos et descends à la cuisine moins sonné que tout à l'heure. Je n'ai envie de rien faire. Rien du tout.

Lindsay est assise, vêtue d'un short en jean clair, d'un T-shirt large jaune et de ses converses. Elle est entrain de manger à la fourchette quelques oranges, tout en consultant son portable. Elle ne m'a pas vu.
Je murmure un vague "bonjour", elle lève la tête en sursaut, et répond de manière monotone :

  • Salut.
    Je constate rapidement que quelque chose ne va pas et marmonne :
  • Tout va bien, Lindsay ?
  • Non, rien ne va. Dit-elle en me fusillant du regard.
  • Dis-moi ce qui cloche !
  • Ce qui cloche ? Ce qui cloche ?! Regarde ta mine ! tu as bu hier n'est-ce pas ? !
    Je regarde Lindsay, qui se tient devant moi, subjugué :
  • Qui te l'a dit ?!
  • Je t'ai vu dans ce bar hier... Le Red si je me rappelle de l'enceinte lumineuse...
  • Qu'est-ce que tu foutais à cette heure-ci ?! Et dans un endroit comme ça ?!
  • Ce que je foutais ? Dis plutôt ce que TOI tu foutais avec cette grosse traînée blonde ! tu me dégoûtes Lukas !
  • Lindsay tu l'as dit toi-même j'avais bu ! J'étais saoule je me souviens même pas comment j'ai fait pour rentrer à la maison !
  • Je vais te le dire ! J'ai attendu que tu termines ton cirque avant de te pousser dans ma voiture, ivre mort, je t'ai traîné jusqu'à la maison ! Mais en fait j'aurais dû laisser Laeticia le faire ! Hurla-t-elle presque.
  • C'est qui, Laeticia ?! Demandai-je en essayant de garder mon calme.
  • La Bonasse du lycée ! De toute la ville, imbécile ! Ne m'approche pas !
  • Ce que tu peux être coincée des fois ! j'étais saoule !
  • T'avais qu'à pas boire !
  • Et puis qu'est-ce que ça te fait que je traîne avec une fille ou que je fasse quoique je fasse car je suis libre de mes choix et de mes actes !? T'es pas ma copine à ce que je sache !

Lindsay s'arrête net. Son visage perd ses couleurs, elle me regarde une larme perlant ses longs magnifiques cils courbés.

Je me rends compte de la connerie que j'ai fait et regrette tout de suite chacune de mes paroles. L'alcool fait encore son effet j'imagine...

Je m'approche d'elle voulant lui tenir la main :

  • Lindsay c'est pas ce que je voul...
  • Non, non. Me coupa-t-elle en se levant pour s'éloigner de moi. Tu as raison, je ne dois pas me mêler de ça, vu que je ne suis ni ta petite amie, ni rien d'autre, nous n'avons aucun lien. Fais ce que tu veux, je n'aurais même pas dû m'arrêter près du bar en te voyant à l'intérieur. Après tout tu es un grand garçon.

Elle met son assiette dans l'évier, prend son sac à breloques en fourrant son portable dans sa poche, puis se dirige vers la sortie, elle me lance :

  • Jayden m'a dit qu'il passera te chercher pour que vous alliez au lycée ensemble.
  • Mais...

Elle claque la porte. Je m'affale sur la chaise de la cuisine et passe ma main dans mes cheveux avant de poser ma tête entre mes deux paumes.
Je regarde le tatouage sur mon avant bras ; "The trouble is, you think you have time". C'est vrai que... Je crois toujours que j'ai le temps, mais là, j'ai été vraiment un énorme connard envers Lindsay, j'aurais pas dû boire hier, et encore moins lui dire ce que je lui ai craché à la gueule.

Je pense que je suis en train de la perdre, non en fait, j'en suis sûr. C'est quelqu'un de fragile et je suis sûr qu'elle a pleuré. Elle avait l'air crevée...

J'entends le moteur de sa voiture et le portail s'ouvrir, puis se refermer, la voiture et son bruit s'éloignent.

Je sors et allume une clope, j'inspire la fumée qui me brûle les poumons puis la recrache. Je n'avais même pas remarqué que Valentýna n'était pas là, ni Franck, ni l'autre.
J'écrase ma cigarette une fois finie et rentre à l'intérieur. Je vois une note sur le frigo que j'ai du mal à déchiffrer, mais y arrive après quelques tentatives :

"Nous seront tous absents pendant quelques jours, trois ou quatre, le frigo est plein. Si jamais vous avez besoin de quoique ce soit, il y a de l'argent sur la table du salon pour vous deux. Ne faîtes pas de bêtises, et ne vous chamaillez pas ! Bisous.

Franck, Caro et Valentýna"

Je mets 5 minutes avant d'analyser et de comprendre ce qui a été écrit.
J'entends un klaxon provenant de devant la villa, je prends mes clés, sors et vérouille la porte. Jayden m'attend à bord de sa Range Rover luisante au soleil, une cigarette entre les doigts de sa main qui débassait de la fenêtre, la musique à fond.

Il éteint la radio et me dit de monter. J'ouvre la portière et m'asseois, complètement paumé avec un mal de tête horrible :

  • Mais dis donc, c'est quoi cette gueule de bois ? Me demanda-t-il.
  • Oh... Soirée mouvmentée, j'ai bu hier soir... Et je me suis engu... Enguirlandé avec Lindsay...
  • Oula ! sale début de journée dis moi ! Mais pourquoi tu dis "Enguirlander"? C'est quoi ce largot ?
  • C'est plus poli.
  • Depuis quand tu es poli ?

Il démarre et s'engage dans la route qui mène au lycée, les yeux rivés sur la route, Jayden essaye de me faire cracher le morceau, la tête appuyée contre la vitre de la voiture, fixant un point imaginaire :

  • T'as fait quoi au juste ? Pour t' "enguirlander" avec Lindsay ?
  • En gros elle m'a vu hier dans un bar. Le Red si tu connais.
  • Ah, malaise c'est un quartier pas très bien fréquenté... Mais quel est le rapport avec Lindsay ?
  • Bah... Il se trouve qu'elle m'a vu hier, elle passait par là, j'étais bourré, j'étais avec une blonde...
  • Oh shit... Et t'es rentré comment ? T'aurais pu m'appeler !
  • J'te dis que j'étais bourré je savais même plus comment je m'appelais ! Et Lindsay a attendu jusqu'à ce que je termine mon cirque, elle m'a mis dans sa caisse et m'a traîné jusqu'à la maison. Toute seule.
  • Elle t'en veut pour ça ?
  • Ouais... En plus en nous criant dessus, je lui ai craché "Qu'est-ce que ça peut te faire, t'es même pas ma copine!"... Elle a pleuré... Et elle m'a aussi dit que je la dégoûtais, qu'elle ne voulais plus que je lui cause... Dis-je en soupirant.
  • Bah écoute, t'es mon ami tu le sais bien, mais je vais être franc avec toi, t'es vraiment stupide, sincèrement, t'as été stupide de lui dire ça comme ça.
  • Merci de me le rappeler mais je le savais déjà.
  • Tu te souviens du nom de ta blonde là...?
  • Ouais attends... Lé... Lae... Bredouillai-je. Laeticia !

Jayden freine soudainement, ce que me fait sursauter de mon siège :

  • Mais ça va pas t'es malade ?! hurlai-je.
  • Me dis pas que t'étais avec la traînée du lycée ?! Non, toutes celles que tu veux ! mais pas Laeticia !
  • Qu'est-ce que ça peut faire que ça soit elle ou une autre ? T'as failli nous tuer !
  • Cette fille-là, elle en a fait des misères à Lindsay quand elle est arrivée dans notre lycée. En plus y'en a pas un qui n'est pas sorti avec elle ! Dit-il en reprenant la route.

Je ne répond pas, je regarde juste par la fenêtre de la voiture, en repensant à ce que j'ai pu dire comme conneries à Lindsay... C'est vrai que j'ai fait le con et que je lui ai fait du mal, et je ne sais pas comment la récupérer... Si seulement j'avais une machine à remonter le temps...

Je regarde Jayden et lui demande :

  • Dis Jay, tu penses que je lui plais ?
  • A Laeticia ? Dit-il en grimaçant.
  • Mais non idiot ! A Lindsay...
  • Je crois plutôt que c'est toi qui en pinces pour elle. Conclut-il avec certitude.
  • Tu plaisantes j'espère ! on est bien trop différents tout les deux ! elle est... Elle et moi je suis moi !
  • Tu verras, tête de mûle. Allez, descends.

Je n'avais pas remarqué que Jay avait déjà stationné et que nous étions arrivés au lycée.
Nous descendons de la voiture vers le bâtiment, toujours en mouvement, comme d'habitude.
Nous marchons côte à côte, Jayden et moi dans l'allée du bahut.

Involontairement, je balaye la cour du regard à la recherche d'une tête blonde, aux yeux magiques.
Je ne la vois pas, dégoûté, je baisse les yeux sur la pointe de mes converses usées, en traînant les pieds.

Nous entrons dans le bloc d'études, je me souviens même pas d'mon emploi du temps :

  • Jay. Dis-je un peu perdu.
  • Ouais ?
  • On a quoi là maintenant ?
  • Anglais.

Je marche dans le long couloir encore vide chercher un truc dans mon casier. Je passe devant le gymnase dont la porte est anormalement ouverte. Elle est d'habitude toujours fermée.

  • Jay, je te rejoins. Dis-je ne faisant comme si j'allais aux toilettes.
  • OK, ne traîne pas !
  • Ouais ouais...

J'attends que mon ami s'éloigne avant de jeter un coup d'oeil au travers de la fente.

Le spectacle que je vois me donne envie de vomir...

à suivre...

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