Chapitre 3 - Satramo (IV)

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Le temps d’un long moment, le noir total fut le seul compagnons de route. Un tunnel, à ce qu’en pouvait juger l’homme au fusil, froid et moite. L’humidité reignait en maître par ici. Des bruits envahirent lentement les allées aveuglante de noir de ce qui sembla être des souterrains. Peu-être même des égoûts. Puis, l’homme au fusil eut confirmation : d’autre tunnel vinrent éclairé brièvement le passage des deux. Certains apparurent entièrement gorgé d’eau, d’autres des bruits assourdissant les habitait, et d’autre encore entièrement blindé de givre. Quoi qu’il en fut, l’itinéraire restait le même : droit devant. La silhouette en face de lui savait exactement où aller.

Après un long moment à arpenter les sous-sols, se passa ce qu’il aurait du se passer bien plus tôt étant donner l’état de l’homme au fusil : celui-ci se tordit de douleur presque instantanément. Une douleur cinglante, effrayante et foudroyante s’empara de lui. Son crâne… il crut qu’il allait imploser. Mais la plus grosse lui vint de son poignet entièrement brûler. Il ne savait si les deux maux étaient lié mais il ne put avancer plus. Et pourtant, il était l’homme au fusil. Il n’entendit plus rien. Rien à part un sifflement aigu et entêtant qui aurait fait céder le plus vaillant de nos lecteurs. Il ne sut s’il avait hurlé, mais il aperçut la silhouette de son mystérieux compagnon de route se diriger vers lui puis l’esprit de l’homme au fusil disparut avec le reste.

La dernière image fut celle de sa fille. Et de son sourire.

“Souris mon papa ! Vroum vroum !”

Elle ne comprend pas. La petite n’a pas encore l’âge de saisir ce qu’il se passe. Trop petite.

“Papa ça fait bip-bip ! Tu as vu ?”

Il a vu. L’homme au fusil ne sourit pas. Il essaie pourtant mais rien ne vient. Là, en face, le lit d’hopital, drapé de blanc immaculé, sur lequel Bo repose. La mère de la petite Ri est mal en point, amochée et brisée. L’homme tente de comprendre comment arrive-t-elle encore à respirer ? Il se creuse l’esprit mais impossible de saisir l’importance de ce simple tuyau qui maintient sa femme en vie.

“Bip bip papa tu entends ?”

Se dire que jamais plus elle ne remarchera. Se dire que jamais plus Ri ne connaîtra la femme que l’homme a eu la chance de connaître. Comme en contraste à toute cette scène macabre, la lumière brûlante de l’été envahit la pièce à moitié morte que seule Ri parvient à maintenir en vie grâce à sa gaieté et innocence enfantine qui la caractérise encore. Cette chaleur se glace presque au contact de la tristesse de la scène.

“Bip-bip papa ! bip bip !”

Le plus triste de tout n’est pas l’état de la femme. Mais plutôt ce qui occupe l’esprit de l’homme au fusil.

L’enquête. Encore et toujours. L’enquête et le rire de sa fille.

  • Te voilà enfin.
  • Ri…
  • Non moi c’est Henry.

Le réveil se fit en douceur et pourtant, le retour au temps et lieu qui était ici et maintenant se fit brutalement ; au rouleau compresseur. Ce n’était pas un souvenir. Ce fut l’une des choses importantes à laquelle il pensa en se réveillant. L’homme au fusil releva son buste brusquement.

  • Je dois y aller. Bon sang...
  • Doucement, doucement monsieur ! fit Henry en exerçant une pression sur le buste de l’autre pour le recoucher.

La douleur atroce, il ne sut réellement laquelle, reprit de plus belle.

  • Je dois…
  • Vous devez rien du tout, vous venez de subir le choc, vous devez au moins resté coucher pour la nuit.
  • Je...

Effectivement, la douleur ne le permettrait pas de faire trois pas. Peut-être deux. Et encore.

  • Voilà, bien, bien, fit Henry d’un ton rassurant tandis que l’autre s’exécutait.

L’homme au fusil, malgré tout ce qu’il avait vécu jusqu’ici, dut se retenir pour ne pas laisser échapper quelques larmes. Un supplice. Néanmoins, l’autre le remarqua.

  • Vous… Vous étiez pas mal amoché monsieur, débuta Henry sur un ton gêné. Vous…

Puis, il s’arrêta net. Le regard de tristesse de l’homme au fusil se mua en colère noire.

  • Qu’est-ce que tu sais de ça sale mioche ! hein !

Il empoigna alors le jeune Henry par le col et le fixa droit dans la rétine, avec le quart de la colère qu’il éprouvait pour un autre être. Celui-ci venu d’un monde plus cruel que ne pourrait jamais le connaître le garçon. Les yeux de celui-ci s’embuèrent. Alors, voyant son erreur, l’homme au fusil lâcha son étreinte pour se tenir assis sur ce qui était une civière au sol.

  • Je… Excuse-moi petit. C’est…
  • Non c’est rien.

Henry avait prononcé sa phrase d’un trait. Comme pour éviter un sanglot. Puis, le silence prit place pour lui laissé le temps de ravaler sa peine. L’homme au fusil resta à fixer le drap couvrant le bas de son corps. La même chemise brune délavée le couvrait mais ouverte totalement. Son pantalon noir et ses bottes noires étaient toujours en place. Il inspecta ensuite la pièce : des briques rouges, anciennes, partout sur les murs et même le plafond, un coin industriel semblait-il, avec une étagère vide au fond près de qui avait dû être la porte et un tas de livre au sol dans le coin du mur le plus éloigné de la civière, ainsi qu’une caisse de métal derrière remplie de matériel médical. La fenêtre au dessus du lit de fortune était simplement couverte d’un rideau mais n’était pas condamnée, à l’inverse de la porte d’entrée, couverte de planches de bois cloutées. La trappe d’entrée était couverte des bouquins. Il y avait aussi un énième rideau, plus épais celui-ci, au fond de la pièce derrière le lit. Il cachait une autre pièce.

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