Chapitre 2 - Le Vieillard (II)

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Il était en sueur. Mais celle ci était froide. Il se trouvait sur une table collé au rebord d'une fenêtre condamné par des planches de bois clouées de haut en bas du cadre. On pouvait cependant entendre la tempête balayer l'extérieur.

Soudain, l'homme au fusil se retourna et vit celui Qui l'avait certainement sauvé d'une mort certaine. A cet instant, l'homme au fusil sut qu'il venait de trouver le seul ami du récit. Il le savait inoffensif car ses deux jambes lui manquait. Il était assit sur une chaise de bois au fond de ce qui devait être une chambre autrefois mais qui servait à présent de bibliothèque. Un tapis rouge ocre jonchaient le sol poussiéreux. Une odeur cramoisi harcelait les narines de l'homme au fusil qui s'assit au bord du mobilier afin de se trouver face à son sauver qui demeurait le haut du buste dans l'ombre.

  • A qui dois-je la vie ?
  • A celui Qui peut toujours te la prendre.
  • Vous l'auriez déjà fait si vous l'aviez voulu.
  • En effet.

L'homme au fusil reprenait ses esprits ainsi que ses sens. Lentement. Car il ne savait dans combien de temps pourrait-il encore profiter d'une telle accalmie.

Puis, après un moment :

  • Je ne peux rester.
  • Alors vas.
  • Je ne sais comment vous remercier. Du moins pas encore.

Il mit un pied au sol, puis deux. La tête lui tourna quelque peu mais tout revint en ordre. Les articulations revenaient lentement à elles. Un fond de nausée parsemait sa gorge. Le tissu fin de sa chemise délavée laissait filtrer un air frais venu du fond de la pièce que la sueur accentuait légèrement. Il était nus pied.

  • En tout cas, quel qu’ait été vos desseins je vous remercie.
  • Ce n'est pas moi qui t’ait trouvé. Je n'ai pas la paire de courage qu'il faut ne vois tu pas ?

Les moignons du vieillard - à en juger par sa voix - se balancerent et firent crisser ce qui s'avère être son fauteuil roulant.

  • C'est vous qui m'avez pourtant parlé n'est ce pas ?
  • En effet. Je me suis cependant rendu compte que ta mission me touchait particulièrement.
  • Ma mission ?
  • Ri.
  • Comment savez vous ?
  • Tu as beaucoup parler durant ton sommeil.
  • Combien de temps ?
  • Deux jours.
  • Impossible.
  • Et pourtant.
  • Comment savez vous que deux jours sont passé ?
  • Je tiens ma propre minuterie, et selon la précision de mon horloge tu as dormi deux jours.
  • Quel système utilisez vous?
  • Le château.

Alors, l'homme au fusil se souvint. Le château. La tempête. Et… le mur…

  • Le château et mon horloge symétrique. Les cadrans s'alignent au bout de douze heures et le…
  • Ce château…

L'homme au fusil pensait à haute voix.

  • Ce château, lui répondit le vieillard. Nous y venons tous. Tous les paumés vomis par le désert de glace y viennent. Mais le résultat reste le même.

Le silence prit place.

  • Puis le gardien vient les chercher.
  • Le gardien ?
  • Pauvre fou tu devrais boire et manger. Oui manger et boire te fera le plus grand bien. Vient donc t'installer.

Il fut alors crisser sa chaise qui avança lentement, et son visage se découvra : un simple vieil homme qui avait été beau longtemps, bien longtemps avant tout ceci. Cheveux gris, mi longs, une barbe mal rasée, grise, des cicatrices et les yeux gris, aveugle.

  • Appelle moi monsieur Ouest. Je ne veux pas en savoir plus sur toi, j'en sais déjà bien assez. Tu mangeras et tu auras, je ne veux pas que le gardien sonne à ma porte.

C'était clair. Très clair. Et cela convenait très bien à l'homme au fusil. Il était fort possible que deux jours aient passé : l'estomac serait réveillé et il demeurait bel et bien vide. Aussi vide qu'une douille de fusil et aussi affamé que le plus affamé des lecteurs.

Au fond de la pièce, dans la pénombre, monsieur Ouest ouvrit une porte de bois vieux qui donna sur un couloir au parquet tellement ancien que l'on pouvait entendre les mites en dévorer les entrailles. Sur la gauche ils tournèrent et déboucheront sur une cuisine, une petite cuisine étroite et bien trop encombré. Ici, une table était déjà dressée. Une assiette et plusieurs marmites se trouvaient la. L'homme au fusil craignait que la chaise se brisé sous son poids. Il s'assit néanmoins, par politesse, après avoir pris soin d'inspecter le reste de la pièce : des murs sec et ancien fait de bois, et rien d'autre, un chauffaud ici, la table, quelques chaises entassé la bas, et une glacière dans un coin. En fait, on se serait cru au coeur d'une cabane emménager par un quelconque enfant qui n'aurait vu aucun intérêt à installer plus de mobilier.

  • Installe toi, Carmen arrive.

L'homme au fusil eut à peine le temps de demander qui était ce qu'il en avait déjà la réponse : un chien de la taille d'une armoire entra dans la pièce, penaud, les bourrelet de sa peau vibrant et là bave coulant déjà de sa gueule. La chienne s'assit en bout de table et le vieillard fit ce que l'homme au fusil n'avait pas vu depuis un siècle au moins :

  • Je voudrais remercier le Seigneur pour nous offrir ce repas aujourd'hui et tout les autres jours. Je le remercie aussi d'avoir mis en travers de ma demeure cet homme qui siège aujourd'hui à nos côtés. Merci d'avoir permis à Carmen de nous le ramener en un seul morceau et prions pour qu'il ne croise personne d'autre que moi sur sa route. Amen.
  • Amen.

Les trois compagnons commencèrent.

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