Chapitre un

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Londres est un endroit morose où il pleut tout le temps. Ezekiel, même s'il était né ici, n'apprécierait jamais de vivre ici. La ville tout entière lui faisait froid dans le dos et lui remémorait constamment de mauvais souvenir. Dans quelques semaines, il le savait, il partirait loin sans se retourner et sans aucun regret. Sa destination sera choisie au dernier moment, car il n'avait pas l'intention de se faire retrouver par qui que ce soit venant de son passé. Toutefois, pour que cela ce réalise, il devait fournir un dernier effort, le sprint finale avant son chant du cygne. Ezekiel n'avait pas le moindre idée de ce qui l'attendrait ensuite, mais rien ne pouvait être pire que la misérable vie qu'il menait en ce moment. Peut-être que la culpabilité, les remords et la souffrance qu'il portait sur ses épaules auraient raisons de lui. Peut-être que le combat qu'il menait depuis sa tendre enfance n'avait servi qu'à le maintenir en vie un peu plus longtemps. Ezekiel n'avait jamais songé à se donner la mort, mais il avait toujours cru que son implication dans le gang de rue Wolfang aurait raison de lui. Tous les jours, le jeune homme mettait sa vie en danger en travaillant dans des activités illicites, dangereuses et très peu recommandable. Au fil des années, il avait vu des membres du gang se faire arrêter et emprisonner, se faire battre et amener d'urgence à l'hôpital et d'autres, pire encore, se faire tuer. Ezekiel n'avait jamais cru vivre au-delà de trente ans et la vie qu'il avait menée jusqu'alors lui était complètement insignifiante. Vivre où mourir, il n'y avait pas de grande différence, mais s'il avait le choix il ne finirait pas ses jours ici.

Une bourrasque de vent fit virvolté les rideaux de la chambre du jeune homme, puis le cadre de la fenêtre de bois vint valser contre le mur dans un bruit sourd qui réveilla le jeune homme en sursaut.
À bout de souffle d'un cauchemar, mais aussi d'un réveil brutal, il se tourna sur le dos observa les poudres d'acier au plafond en attendant de reprendre une respiration normale. Ezekiel tenta de chasser les restes des horribles images qui hantait ses pensées, il s'étira longuement avant de quitter le confort de ses draps. Dès que ses pieds touchèrent le sol, il eut un frisson qui lui parcourut l'échine, il attrapa une veste sur son bureau de travail et l'enfila tout en s'approchant de la fenêtre ouverte. Il observa un instant le mouvement sous lui, les gens convergeaient rapidements vers les entrées de métro, d'autres vers les petits cafés, tous ce préparent pour leur journée de travail monotome dans cette ville tout aussi assommante.

Ezekiel vivait dans une vieille usine reconstituer en loft, si d'apparence cela lui donnait des air de garçon de riche la vérité était toute autre. L'endroit appartenait à Ashton, son patron, ce dernier lui permettait de rester sans frais à condition de lui prêter main forte dans diverses tâches pas très nettes. Abandonné très tôt par ses parents, le jeune homme avait découvert, en grandissant, comment subvenir à ses besoins. Si au début de l'adolescence il utilisait des moyens tels que le vol, le mensonge et l'escroquerie, en vieillissant il avait commencé à se servir de son sourire, de ses yeux, de ses muscles et de son charme. Personne ne pouvait nier qu'il avait un physique plus qu'avantageux 1m80, une chevelure blonde cendré, une coupe pompadour rasé court, un visage à la mâchoire carré, des lèvres pleines, des muscles saillants et des yeux vairons unique. L'un bleu glace, aussi froid que la neige et qui exprimait toute la souffrance, la peur et la tristesse que le jeune homme gardait en lui. L'autre brun comme le bois retenant toute la haine, l'indifférence et le feu qui brûlait au fond de lui. Ezekiel avait beaucoup de travail aujourd'hui et si près dela liberté cela rendait les choses plus pénible que d'habitude. Son patron lui avait ordonné de s'occuper des dettes. Dans leur language cela voulait dire d'aller casser la gueule aux gens qui n'avaient pas payés leur dûs. Ce n'était certainement pas la première fois que le jeune homme ce chargeait de cette tâche, son allure plutôt mauvais garçon lui donnait l'avantage de terrifier les clients ce qui lui évitait, la plupart du temps, de cogner.

Ezekiel passa sous rapidement sous la douche pour effacer les traces de la nuit agitée qu'il venait de passer, puis il enfila ses vêtements habituels soient un t-shirt colle en v noir laissant entrevoir le début d'un tatouage, un jean skinny, des bottes et sa fameuse veste de cuir qui ne le quittait jamais. Son style était plutôt sobre et sa garde-robe plus sombre, le noir était définitivement sa couleur. Une fois fin près, il regarda une dernière fois son appartement s'assurant de n'avoir rien n'oublier et quitta en direction de l'entrepôt qui abritait le quartier général de Wolfang.

***

- Tu es en retard !

C'était la voix grave et froide d'Asthon qui résonnait dans l'écho de l'entrepôt. Cet homme vous donnait froid dans le dos par sa seule présence, il était grand et mince, mais musclé et surtout balafré par une vilaine cicatrice qui lui barrait l'oeil gauche souvenir d'un combat au couteau. Il était chef du gang depuis toujours et personne n'osait défier son autorité, car le contrarier n'était jamais de bon augure. Un jour, il avait cassé la gueule d'un des plus anciens membres du gang parce qu'il s'ennuyait. Pour sa part, Ezekiel n'avait jamais eu de véritables problèmes avec lui, mais il savait se faire discret et essayant autant que possible de ne pas être mêlé aux activités criminelles de grandes ampleurs. Oui, il était conscient de faire partie de ce gang depuis neuf ans, mais les tâches qu'on lui confiait, heureusement pour lui, tournait principalement autour des paiements, du bar de danseuse et de l'entretien de l'équipement. Tournant le dos à son patron, Ezekiel roula des yeux et s'approcha de son poste de travail où il récupéra la liste des gens qu'il devait passer voir aujourd'hui.

- Ouais, j'sais. Il y avait du monde sur la route.

- Zeke ! Après, s'il te reste du temps, tu iras au bar pour récolter l'argent des filles.

''S'il te reste du temps'' c'était davantage un ordre qu'une suggestion, il le savait. Zeke c'était le surnom que la bande lui avait donné et il détestait se faire appeler ainsi, car c'était une façon de le rendre indissociable de Wolfang. Ezekiel se tourna à face à son patron et hocha la tête en signe d'approbation, ce dernier était déjà en colère qu'il soit arrivé en retard il n'était pas nécessaire d'envenimer la situation.

- Je pars maintenant Ash, as-tu besoin que je fasse autre chose ?

-Non, mais si l'une des filles n'a pas fait assez d'argent pour payer son quota ...

Il émit un rire sombre et sa bouche ce tordit en un rictus malfaisant.

- N'hésite pas à la faire payer.

Ezekiel soupira bruyamment, mais Ashton ne semblait plus faire attention à lui et le jeune homme en profita pour s'éclipser. Dehors, les nuages qui menaçaient le ciel firent regretter à Zeke d'être venu à moto, mais l'idée d'emprunter un véhicule appartenant à Ashton lui était inconcevable, il était hors de question que son patron est une plus grande emprise sur lui que ce qu'il avait déjà. Ce dirigeant vers le parking, Zeke referma sa veste de cuir sur lui, l'hiver qui approchait se sentait déjà dans l'air glacé de novembre. Sur le stationnement, le jeune homme croisa deux collègues qu'il salua respectueusement d'un signe hochement de tête dire qu'Ezekiel n'était pas un grand bavard était un euphémisme, malgré tout il entretenait des relations de paix avec ses collègues. Il avait bonne réputation au sein de Wolfang, les gens le percevaient comme un membre actif, polyvalent et discret, mais en réalité personne ne le connaissait intimement, le seul qui semblait savoir tout sur tout le monde c'était Ashton.

Ezekiel enfourcha sa moto, il retira de sa poche la liste que son patron lui avait rédigée et vérifia sa première destination. Quand sa décision fut prise, il démarra en direction des bas quartiers de Londres, dans une partie plutôt pauvre qu'il connaissait malheureusement trop bien pour y avoir passé son enfance. Plus le jeune homme approchait de sa destination plus le Londres propre et lumineux des cartes postales disparaissaient. Les immeubles à logements colorés et bien entretenus laissait place à des édifices défraîchit, dégradés aux pavés endommagés. Les ruelles tortueuses des bas quartiers de Londres était reconnu pour être peu fréquentable. C'est ici, dans ces ruelles qu'il se cachait des services sociaux. Ezekiel c'était fait une réputation dans le quartier, les commerçants l'appréciait et lui offrait parfois de petits cadeaux lorsqu'il venait leur rendre visite. Arrivé à destination, Zeke stationna sa moto devant la boulangerie ''The littles joys'', la femme qui tenait le petit commerce lui avait fourni un peu de nourriture tous les jours lorsqu'il était petit et, s'il n'avait pas eu l'aide de cette personne, Ezekiel ce serait peut-être pas là aujourd'hui. Chaque fois qu'il passait dans le coin, le jeune homme venait la saluer. Il franchit la porte, accueillit par le tintement des clochettes et l'agréable odeur de pain fraichement sortie du four.

- Omerta ?

Une cacophonie s'éleva de l'arrière de la boulangerie, puis une grosse dame sortie par la porte de la cuisine. Son visage s'illumina dès qu'elle reconnut le jeune homme, Omerta était une femme d'une bonté incommensurable et Zeke n'aurait pas assez d'une vie pour la remercier de tout ce qu'elle avait fait pour lui.

- Ezekiel ! Mon petit, qu'est-ce que tu viens faire ici ! Je suis contente de te voir ! Quelle joie!

Elle parlait si vite et avec tant d'enthousiasme qu'Ezekiel n'avait pas le temps de répondre à ces questions, lorsqu'elle cessa enfin ses exclamations de joie, le jeune homme la prise dans ses bras.

- Ohh, je ne fais que passer, je suis ici pour le travail.

Wolfang était reconnu partout à Londres, personne n'ignorait la présence d'un gang criminel à Londres, mais Ezekiel avait su cacher ses occupations. Les gens qui le connaissaient un peu croyait qu'il travaillait dans une agence de recouvrement ce qui, à proprement parler, n'était pas si loin de la vérité.

- Assieds-toi, je vais nous chercher du thé et des biscottis.

Ezekiel s'accorda un instant avec son amie et profita des pâtisseries plus que délicieuses de celle-ci. Dans l'heure qui suivit, ils discutèrent de tout et de rien, ils échangèrent des plaisanteries, les moments qu'il passait avec Omerta était les rares moments qu'Ezekiel s'accordait un peu de répit et de légèreté. Puis vint le moment de partir, parce que toute bonne chose à une fin et qu'Ezekiel se devait de se remettre au travail, il salua sa vieille amie et quitta la boulangerie à contre coeur. Il remonta à moto et ce dirigea vers le premier client à voir.

Le King's Crown était un bar miteux et très peu fréquentable. Les clients qui fréquentaient cet endroit y étaient principalement pour le trafic de stupéfiant ainsi que le proxénétisme. La présence policière étaient presque inexistantes dans cette partie de Londres, alors il était préférable de ne pas chercher de problème à qui que ce soit. Ezekiel entra dans l'établissement et fut accueillit par l'odeur habituelle, quoi que désagréable, de poisson pas frais et d'alcool fort. Le plancher en bois franc et les poutres de soutien indiquait que le bâtiment datait, sur la scène tout au fond un vieil alcoolique amaigri jouait un air rock sur une guitare mal accordé. Les tables disparates étaient enseveli sous les verres de bières vident et les quelques clients étaient dispersés aux quatre coins du bar. Lorsque les gens commencèrent à se rendre compte de sa présence un silence de mort envahi le pub.

- Où est Griffin ?

Sa voix était sans équivoque, froide et déterminée, la carrure et l'allure sombre d'Ezekiel imposait le respect et cela lui permettait d'avoir la paix, car personne n'osait lui chercher des problèmes.

-En arrière, il est parti fumer je crois.

Zeke ce dirigea aussitôt vers l'entrepôt sans aucune opposition de quiconque. Il traversa les centaines de caisses d'alcool de toutes sortes et poussa la porte arrière menant à la ruelle où il trouva l'homme qu'il cherchait. Zeke haussa un sourcil dégoûté lorsqu'il aperçut Griffin en train de baiser contre le mur. Lorsque ce dernier s'aperçut de sa présence, il recula et s'empressa de remonter son pantalon, la blonde qui l'accompagnait ce rhabilla en vitesse elle aussi.

- Qu'est-ce que tu m'veux, bordel de merde !

La femme s'approcha d'Ezekiel et déposa sa main sur son torse, roucoulante. Le jeune homme baissa les yeux sur la main posée sur lui et la repoussa d'un geste dédaigneux.

- Fous-moi le camp!

Insultée, elle recula et lui montra le doigt puis disparut à la sortie de la ruelle. Ezekiel porta son attention sur l'homme devant lui. Il ne semblait pas avoir apprécié l'interruption, mais Zeke s'en fichait.

- Griffin, t'es au courant que tu nous dois de l'argent, n'est-ce pas ?

Soudain, il devint livide et son regard affolé sembla cherche une issue de secours.

- Je t'ai prévenu le mois passé, cinq milles livre sterling, comment comptes-tu remboursé ta dette si tu la dépenses en plaisir charnel ?

Zeke haussa un sourcil à moitié amusé à moitié arrogant. L'homme joua nerveusement avec le bas de sa chemise et évita de croiser son regard.

- Je ... euh.. Je suis navré.

Sa voix tremblait de peur où de honte peut-être, dans tous les cas, Ezekiel ne pouvait pas se permettre de passer l'éponge encore une fois. Si Ashton se rendait compte qu'il l'avait épargné un mois plus tôt, Zeke pourrait subir de graves conséquences et s'il ne s'aimait pas particulièrement il n'avait pas l'intention de se faire casser la gueule au détriment de quelqu'un d'autre.

- Ça n'arrivera plus, je vous ... Je vous le promets, pitié!

- Je suis navré, Griffin, je ne peux rien pour vous. Vous aviez un engagement envers nous et ne l'avez pas respecté.

Soudain en désespoir de cause, l'homme changea de technique.

- Je n'ai pas votre argent et si votre patron n'est pas content qu'il vienne me voir personnellement!

Ces paroles auraient pu être lancé sur un ton défi, mais la voix tremblante et les pupilles dilatés Griffin ressemblait davantage à un chevreuil devant les phares d'une voiture qu'à autre chose. Son comportement n'était ni courageux, ni intelligent et s'il avait souhaité rencontrer personnellement Ashton c'est simplement qu'il ne le connaissait pas et qu'il ne savait pas à quel point cet homme était un monstre.

- Vous ne voulez pas cela, croyez-moi. Et vous savez, si vous ne me payez pas la somme due d'ici trois jours, j'irais personnellement rendre visite à Sofia.

Les yeux de l'homme s'agrandirent davantage si telle était possible.

- Comment connaissez-vous ma fille ?

- Ohh, Griffin, ne nous sous-estimé pas, nous connaissons votre femme aussi. Et si vous ne voulez pas qu'il leur arrive malheur ... Vous savez ce que vous avez à faire, n'est-ce pas ?

Ezekiel esquissa un sourire méchant comme pour le mettre au défi de refuser. L'homme devant lui explosa en sanglot et marmonnant des paroles incompréhensibles entrecouper de hoquet.

- D'accord, d'accord je trouverais l'argent, mais par pitié ne faites pas de mal à ma famille.

Ezekiel hocha la tête en signe d'approbation et l'homme sembla immédiatement soulagé. Zeke détestait l'air de détresse qui s'affichait sur les visages des gens qu'il devait faire payer, car chaque fois il se haïssait un peu plus de faire du mal aux gens. Sa plus grande peur était qu'un jour il se briserait totalement et deviendrait le monstre qu'Ashton voyait en lui. Le jeune homme recula de quelques pas et d'un mouvement totalement inattendu frappa Griffin à la mâchoire. Surprit par la violence, mais aussi par la force de son opposant il tomba au sol et regarda Zeke stupéfait.

- JE CROYAIS QU'ON AVAIT CONCLU UN MARCHÉ !

Il hurla à plein poumon, plutôt bien d'ailleurs pour quelqu'un qui saignait abondamment et avait perdu au moins une dent, selon les brèves observations de Zeke.

- En effet, le coup de poing c'est pour sceller le marché.

Ezekiel sorti un mouchoir de la poche de son jean et essuya le sang sur ses jointures en haussant les épaules, puis il se détourna de l'homme. Avant de sortir de la ruelle, Zeke observa une dernière fois Griffin, si quelqu'un qui le connaissait vraiment serait passée dans le coin il aurait aisément reconnu la pitié, mais surtout l'ombre du remord qui passa sur le visage du jeune homme. Il tourna les talons, enfourcha sa moto et quitta en direction du prochain nom sur sa liste.

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