Chapitre 9 : William

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- Tu vois c'est ça ton problème.
- Avec Adrien ça aurais été plié en moins de deux.

- Vous pouvez me rappeler pourquoi c'est moi qui ai été obligé de négocier pour que vous ayez de la bouffe chaude ?

- T'es notre supérieur.
- T'a accepté la promotion maintenant tu assume.
- Vous êtes lourd les gars
- ouais ouais c'est ça.
- Bon on te laisse on va retrouver les autres, au moins eux ils ne nous trouvent pas lourd.

Et c'est ainsi que le caporal se retrouva seul, après avoir négocié pendant une vingtaine de minutes d'abord avec ses supérieurs puis avec la logistique pour essayer de négocier un moyen d'avoir des repas chaud et frais au moins une fois par jour. Ses supérieurs refusaient d'envoyer quelqu'un tous les jours tandis que les soldats refusaient de se contenter d'un simple micro-ondes pour chauffer un plat unique pour la journée.

William avait essayé tant bien que mal de tamiser des deux partis, faisant compromis sur compromis. Il avait finalement fini par ailleurs à tourner ça à son avantage en proposant qu'Adrien aille leur apporter la nourriture étant donné qu'il effectuait déjà le trajet presque quotidiennement. William savourait déjà le moment où il lui annoncerait la nouvelle, il allait raller c'était sûr, mais ça lui apprendra à ne pas le respecter.

Toujours était-il qu'il devait maintenant attendre le début de l'après-midi pour retourner au QG, il aurait bien voulu y aller avant pour savoir plus en détail leur prochaine opération mais la sergente était une nouvelle fois introuvable. William passa donc par le logement qu'il occupait avec son frère. Il y déposa son fusil et le plus gros de son équipement ne gardant que son pistolet ainsi que quelques chargeurs. Il se laissa ensuite tomber dans le canapé de son salon. Bien qu'emprunté ces appartements était bien plus confortables que la tente dans la quelle Flantier et Adrien s'obstinaient à dormir. Outre un salon plutôt spacieux l'appartement comprenait une petite cuisine, une salle d'eau et une chambre contenant un lit double. Pour moment ils avaient encore de l'eau chaude et un peu d'électricité mais il était demandé aux résidents d'économiser le plus possible les ressources. Le groupe électrogène demandant trop de ressources pour le faire tourner en continu il n'était allumé que la nuit et le surplus était stocké dans des batteries et servait à alimenter les habitations pour la journée. De toute façon il y avait peu de gens dans les habitations le jour, la télévision était sans grande surprise inutilisable et il était vivement déconseillé d'utiliser les lecteurs DVD, consoles de jeux et tout autre engin électronique et électroménager non essentiel. Seul était autorisé la charge de téléphone satellite qui était devenu le seul moyen fiable de communication. Les gens avaient donc commencé à s'occuper autrement, en lisant plus qu'à l'accoutumée ou encore en écrivant.

Après avoir remis un peu d'ordre dans l'appartement William pris la direction du réfectoire.

L'artère principale reprenait doucement vie se repeuplant doucement. Il avait été donné aux civils de participer à des groupes d'aide au camp. Ces groupes étaient destinés à assister les militaires dans leurs taches. Cela pouvait consister en des taches simples comme la fabrication de sac de sable pour renforcer les checkpoints mais certain décidaient aussi de partir en opération de ciblage et de récupération de matériaux, il était important de récupérer le plus de ressources possibles surtout certaines denrées alimentaires à dates d'expiration moyennes et longues ainsi que des matériaux de première nécessité comme des médicaments ou des vêtements. Les groupes ne s'éloignaient jamais bien loin du camp. De plus chaque groupe était supervisé par un militaire ou un représentant des forces de l'ordre. En cas d'incident ils devaient guider les volontaires jusqu'au poste de garde le plus proche. Bien que beaucoup critiquée, cette pratique c'était rapidement imposée avec le départ des soldats vers Metz et le manque critique de main d'oeuvre.

C'était aussi le cas des cuisiniers du réfectoire, un mix de civil et de militaires étaient employé quotidiennement à cette tache bien moins dangereuse et physique que les autres. Le tout était séparé en trois services distincts. Un pour les militaires dont la garde avait lieu l'après-midi, un pour les militaires revenant de leur tour de garde et les groupes de travaux généraux et enfin un dernier pour les civils restants. Les denrées alimentaires étaient rationnées au possible, aucun reste n'était autorisé et les repas n'était bien souvent constitué que d'un plat principal basique et facile à faire. Avec un tel système et l'apport presque quotidien de ressources par les groupes d'aide au camp ils pouvaient facilement tenir quelques mois avant de devoir piocher dans leurs stocks de rations militaires.

Le but de tout cela était de renforcer les liens entre militaires et civils. Pour encore une fois éviter tout débordement qui pourrait porter atteinte à la stabilité du camp.

William gérait habituellement un groupe mais à cause de son rendez-vous de la matinée il avait été remplacé et était partit pour manger seul. Il se saisit d'un plateau et récupéra son repas, il ne fit attention à ce qu'il y avait au menu aujourd'hui, tout ce qui lui importait c'était d'avoir quelque chose à manger dans son assiette, il n'était pas du genre à rechigner sur le fait que le même menu pouvait ressortir cinq fois en une semaine, il préférait cela plutôt que de ne rien avoir à manger.

Le réfectoire bien que peu remplis était déjà bien animé. Les récits de récolte s'étaient mêlés aux habituels ragots et rumeurs. Chacun racontait ce qu'il avait vus, se vantait de sa récolte. L'atmosphère y était plus détendue que dans l'artère ou aux autres lieux de vie commun. Ici les rôles étaient occultés, le respect étant accordé à celui qui arriverait à conter la meilleure histoire ou à traiter du sujet le plus intéressant. Il fallait bien oublier même si ce n'était que pour une petite heure la situation dehors.

William repensa à ce qu'Adrien lui avait dit quant à sa promotion soudaine, Il était effectivement clair qu'il n'avait pas encore les qualités requises pour être caporal, il n'en n'avait jamais fait la requête par ailleurs mais au vu de la situation la sergente avait dû penser qu'il était bon de commencer à reformer un semblant de hiérarchie quitte à y placer de simples premières classes.

Une fois son repas fini il se décida à aller flâner dans le camp jusqu'à l'heure du rendez-vous. Il marchât sans but pour voir où es ce que ses pas le menaient. Il se demanda si un jour les choses reviendraient comme avant. Ou s'il valait mieux repartir de zéro et faire avec toute cette histoire de pandémie. L'économie mondiale s'était effondrée comme un chateau de carte. Le gaz, le pétrole, l'acier, les métaux précieux et tout autre ressource que la France importait étaient devenues inaccessibles. Pour la nourriture la situation était moins problématique la France ayant toujours une production agricole importante mais encore fallait-il pouvoir sortir de la ville sans se faire courser par une bonne dizaine d'infectés.

Il envia Adrien qui, trop concentré à se plaindre de la gestion du camp, n'avait pas ce genre de réflexion, il n'en n'avait pas l'air en tout cas.

-Will!

Ses pas l'avaient mené jusqu'à une petite ruelle en périphérie de l'artère principale. Ruelle dans laquelle plusieurs jeunes jouaient au foot dans le peu d'espace que leurs accordaient les deux murs. Face à lui se tenait Joshua son frère, ballon au pied, clope au bec et mains dans les poches. Joshua était une sorte de version miniature de William, même taille, même faciès, l'ainé n'ayant que deux ans d'écart avec son frère. La seule chose qui différait du modèle original outre un comportement plus extravagant était sans conteste la coupe de cheveux voluptueuse qui ondulait fièrement à chaque mouvement de tête du plus jeune, William étant s'étant cantonné au rasé militaire typique.

Il s'approcha de son frangin tout en lui usurpant ça cigarette d'un habile geste de la main.
- ça fous quoi ici ça ? Le réprimanda le soldat avant de porter son butin aux lèvres et de l'allumer.
- C'est bon c'est juste une clope qui d'ailleurs était pas allumée et puis je vois pas pourquoi je ne devrais pas alors que toi tu bouffe des paquets entiers. Se défendit le plus jeune offusqué d'être traité comme un adolescent à qui on apprend la vie.
-Moi je peux parce que mon boulot va me buter avant.
Les deux jeunes adultes se mirent à rire. C'était devenu une farce entre les deux hommes. Depuis le début de l'épidémie William avait été l'un de ceux à partir le plus souvent et était toujours revenus indemne à un tel point où ça en devenait inquiétant. Il fallait dire que le soldat arrivait toujours à se trouver au bon endroit au moment propice, certain auraient disaient qu'il avait de la chance, d'autre le voyaient comme un calculateur aguerri.

Ils jouèrent avec d'autres jeunes du camp pendant une petite heure avant que la plupart aille manger. Alors que Joshua leur emboitait le pas William le retint discrètement et lui glissa dans la poche deux chargeur de pistolet remplis.
- Pour ta sécurité et seulement pour ça, compris ?
Le frère hochât simplement la tête et continua ça route.

Il était temps pour le caporal de prendre la direction du QG et d'enfin savoir la nature de sa mission.

Quand il poussa les portes en bois William se retrouva nez à nez avec Lauzier assis dans un coin de la pièce. Ladite pièce avait été aménagé de sorte à créer une sorte de salle d'attente, un lino au motif douteux avait été posé à là vas vite et une plante avait été placée aux milieux de la salle.

Cette salle d'attente improvisée donnait sur deux pièces, le bureau de la commandante et la réserve de munitions qui servait principalement de fourretout pour le matériel en surplus. William s'assit non loin du jeune qui n'avait pas dit un mot jusque-là, le stress pouvait se lire sur son visage, ses yeux scrutaient inlassablement le lino et la plante, ses mains étaient devenues moites et sa jambe droite quant à elle refusait de rester en place. Bien que cela fut très bref il crut percevoir les brides effacées d'une discutions provenant du bureau de la commandante. Adrien avait dû les devancer, en même temps le contraire aurait été anormal au vu du caractère impulsif de l'homme.  

Après une dizaine de minutes à attendre dans un silence idéal pour une sieste la porte s'ouvris dans un faible grincement. Il était temps d'entrer dans la gueule du loup.

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