Rien n'est plus paradoxal que le concept d'Identité.
Il fait partie de ces principes de la pensée, qui semblent plus avoir pour fonction de rassurer que de donner à penser.

Dès Parménide, tout est dit : ce qui est, est, ce qui n'est pas, n'est pas.
On peut très bien choisir d'ignorer les arguties de Platon, sur le concept de boue.
La fascination exercée par ce concept peut s'expliquer : l'Identité de la France restera l'Identité de la France, je suis ce que je suis, pour l'éternité ( ou, du moins, sub specie aeternitatis).
Clair, simple, rassurant mais... inutile !

En ce sens, l'identité ferait partie de ces principes, qu'on se contente de mentionner, avant d'entrer dans le vif du sujet.
Mais cette perspective n'est pertinente que si l'identité est réduite à l'identité numérique.
Ce terme devrait nous mettre en garde, il n'y a identité que si l'identité est numérique, si toute identité s’arrête au nombre un, dès que nous commençons à avoir deux identités, l'identité disparaît.

Or, ici, j'ai deux identités : je participe de l 'Identité de la France (éternelle ?), et je suis ce que je suis.
De plus, quand j'évoque mon identité » Française », je ne parle plus de l'identité numérique, mais de l'identité spécifique. Je suis Français, comme les autres Français, nous sommes des millions à partager la même identité, ou plutôt nous avons une identité commune, nous sommes des millions à être réunis sous une même identité tout en restant des individus différents.

Notons que, pour le moment, nous avons simplifié le problème en ignorant sa dimension temporelle. La France reste la France, je reste ce que je suis. Mais cette identité qualitative est fictive.
Je change sans cesse, et la France actuelle n'a plus rien à voir avec la France catholique et rurale d'un (proche) passé.

Enfin, mon identité, ou celle de la France, ne sont ni numériques, ni spécifiques, ni qualitatives : elles sont créées, revendiquées, voire... fictives !!!
Et nous ne faisons qu’effleurer le premier des multiples paradoxes de l’identité !